Julien Broquet
Julien Broquet Journaliste musique et télé

Walk on the wild side – Akron/Family pimente son folk de funk, d’afro beat, de rock psyché et de touches électro. Les nouveaux punks sont des hippies…

« Set ‘Em Wild, Set ‘Em Free »

Distribué par Crammed.

Qualifié par une partie de la presse de Radiohead folk, Akron/Family a en-registré avec Set ‘Em Wild, Set ‘Em Free un disque unique qui, si le monde n’est pas trop mal fait, devrait rapidement entrer dans tous les dictionnaires rock de la terre. Ce disque, c’est davantage le Kid A des Yankees que leur OK Computer. Certes, les Américains ne sont pas aussi célèbres que la bande à Thom Yorke quand elle a amorcé son virage électro. Leur quatrième création n’en est pas moins un album de rupture. Le couronnement d’une audace et d’une liberté qu’on soupçonnait déjà.

En 2007, quand sortait Love is simple, Akron/Family comptait quatre membres, faisait dans le folk halluciné et était signé sur le label Young God. Aujourd’hui, c’est un trio – plus inspiré et débridé que jamais – qui a lié son sort à celui de Dead Oceans. Ryan Vanderhoof a quitté le navire. Et les Belges de Crammed (Konono N°1, Kasai Allstars, Staff Benda Bilili) distribuent la galette dans toute l’Europe. Surprenant? Un peu mais pas tant que ça quand on connaît l’amour que les lascars vouent à l’Afrique et à sa musique.

Enregistré à Detroit, Farnham (Québec) et Brooklyn, Set ‘Em Wild, Set ‘Em Free s’ouvre sur Everyone is guilty. Un morceau de funk folk tribal renversant. Six minutes de plaisir hédoniste. Avec un refrain (euh oui, un refrain) emballé par des ch£urs incantatoires. Pas mieux pour se jeter à l’eau. D’autant que derrière, Akron nous plonge tête en bas dans sa luxuriante River. Sans doute l’une des chansons les plus pop que les gaillards aient jamais écrites. Ensoleillée comme un titre de Vampire Weekend.

Le sang coule… Mais pour pactiser. Creatures débute avec un phrasé pratiquement hip-hop et des sonorités électroniques avant de se muer en berceuse. Avec la Family, un morceau ne se termine jamais – ou presque – comme il a commencé.

Flou artistique

Après deux douces et splendides ballades plus classiques, The Alps & Their Orange Evergreen et un Set ‘Em Free aux relents country, Gravelly Mountains of the moon évoque le Syd Barrett des Madcap Laughs, avant de virer tout à coup en une espèce de world jazz noisy.

Si MBF, sorte de jam bruitiste, est le morceau le moins abordable de l’album (à sauter pour pas réveiller la petite qui fait la sieste), They Will Appear en constitue probablement l’apogée. Des harmonies vocales à la Fleet Foxes dérapent en cris de Two Gallants énervés. Grandiose.

Il y a peu d’albums aujourd’hui dont on peut passer les chansons en revue avec autant d’enthousiasme qu’on effeuille Set ‘Em Wild, Set ‘Em Free. Il suffit de jeter un coup d’£il à sa pochette qui revisite la bannière étoilée et remplace le symbole des Etats par un flou artistique; comme pour renverser les barricades, faire valdinguer les frontières…

Les paroles de Last Year projettent Akron/Family dans un futur qu’ils ne peuvent imaginer qu’heureux. « Last Year was a hard year. For such a long time. This year’s gonna be ours. «  Nous aussi, on en est convaincu.

www.akronfamily.com

www.myspace.com/akronfamily

Julien Broquet

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