Affreux, sales et méchants

La Sentinelle des maudits

Aventureux, l’éditeur Elephant Films exhume en DVD/Blu-ray des curiosités horrifiques US oubliées auxquelles sont attachés plusieurs noms fameux.

Déferlante horrifique chez l’éditeur français Elephant Films qui, non content de déterrer d’improbables petites vicelardises de genre, les restaure avec soin et leur offre un écrin ad hoc. Augmentées de pertinentes perspectives critiques, ce ne sont pas moins de six productions méconnues, toutes estampillées Universal, qui viennent s’ajouter à un déjà riche catalogue.

Si l’argument principal d’ Enfer mécanique (1977) -une berline noire lancée à tombeau ouvert sur la route du désert- anticipe immanquablement Christine de John Carpenter, c’est plutôt du côté des débuts de Steven Spielberg, Duel en tête, que lorgne le film d’Elliot Silverstein, réalisateur oublié de Cat Ballou avec Jane Fonda. Quant à La Sentinelle des maudits de Michael Winner (1977, toujours), et son top model en nuisette aux tendances suicidaires, il surfe ostensiblement sur le succès de Rosemary’s Baby, The Exorcist et The Omen. Des plaisirs à peine coupables, même si The Island ( L’Île sanglante, 1981) de l’insaisissable Michael Ritchie ( The Candidate, Prime Cut) n’échappe pas au naufrage souvent réservé aux films de pirates en s’inspirant de The Deep et, dans une moindre mesure, Jaws. Emmené par Michael Caine, lequel refuserait toujours aujourd’hui de s’exprimer sur ce qu’il considère comme un travers honteux de sa carrière, l’objet ne manque pourtant pas d’enthousiasme et d’idées -mixer monstres marins, triangle des Bermudes et boucaniers dans un déluge d’action arrosé d’humour cabotin.

Affreux, sales et méchants

Adapté d’un roman à succès de Peter Straub, Le Fantôme de Milburn de John Irvin (1981), avec un Fred Astaire vieillissant, défend une ligne fantastique plus tenue, et assez habilement construite. Mais ce sont sans doute les deux films les plus récents qui sont aussi les plus intéressants du lot. Modeste téléfilm où il fait consciencieusement ses classes avant d’entrer définitivement dans la cour des grands, Enterré vivant (1990) est la première signature au long cours de Frank Darabont, le réalisateur des Évadés, La Ligne verte et The Mist, ainsi que le principal initiateur de la série The Walking Dead. Tout le programme de ce tour de chauffe sardonique est pour ainsi dire contenu dans son titre, que Darabont relève d’une mise en scène quasi expressionniste au dynamisme éprouvé chez un Sam Raimi par exemple. Objet maudit aux penchants gores mais aussi érotiques prononcés, La Nurse (1990), enfin, offre le privilège de voir à l’oeuvre un William Friedkin alors en plein creux de la vague -les chefs-d’oeuvre TheFrench Connection et The Exorcist sont déjà loin. Noyautée autour d’une nounou diabolique dont l’esprit communie avec les forces telluriques de la nature, cette efficace série B prend la forme d’une innocente comptine pour enfants pervertie par un Mal assez littéral. Pour un résultat inégal, certes, mais pas moins libre et barré. Comme l’ensemble des films précités.

Affreux, sales et méchants

Enfer mécanique / La Sentinelle des maudits / L’Île sanglante / Le Fantôme de Milburn / Enterré vivant / La Nurse

1977 / 1977 / 1980 / 1981 / 1990 / 1990. Dist: Elephant Films.

6

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