Laurent Hoebrechts
Laurent Hoebrechts Journaliste musique

DON’T CALL ME AMY – A même pas 20 ans, elle sort un premier album étonnamment maîtrisé. Adele, sensation soul de 2008?

Distribué par XL Recordings/V2. En concert, complet, le 4/03, à l’Ancienne Belgique, Bruxelles.

Adele (Adkins, ajoute l’état civil) est anglaise. Elle vient de sortir son premier album, dont le titre révèle son âge, 19. Le disque en question dure un peu plus de 43 minutes et contient 12 morceaux, dont une reprise de Bob Dylan ( Make You Feel My Love, sur l’album Time Out of Mind, sorti en 97). Voilà. Pour bien faire, on devrait s’arrêter là. Le buzz a déjà fait le reste. De plus en plus souvent, un album connaît une première vie avant même d’être sorti, et d’avoir – officiellement – pu rencontrer le public. Dans le cas d’Adele, c’est frappant. Ses chansons sont depuis longtemps sur Myspace, et avant même que le disque ne soit terminé, Jools Holland l’invitait dans son show musical sur la BBC, aux côtés de Björk ou Paul McCartney. Fin de l’année dernière, un panel de professionnels la désignaient d’ailleurs comme le ticket gagnant pour 2008. Et si leurs prédictions sont aussi perspicaces que l’an dernier, on devrait entendre Adele en boucle tout au long de ces prochains mois: en 2007, c’était en effet Mika qui était arrivé en tête des pronostics…

de korn à ella fitzgerald

Un loupé par contre: le jury n’avait pas prévu le raz-de-marée Amy Winehouse. On compare souvent les deux jeunes femmes. Même voix soul, même passage par la Brit School for Performing Arts & Technology, d’où sont également sortis Kate Nash, Katie Melua ou encore le leader des Kooks. Même physique atypique aussi, et sur un titre au moins, même producteur, Mark Ronson. Mais la comparaison s’arrête-là: Adele le jure, elle ne se drogue pas; elle fume certes mais en toute légalité, aime boire à se rouler par terre mais uniquement en privé. Surtout, là où Winehouse s’en va piocher un vintage dans la soul sixties de Motown ou des Shangri-Las, Adele Adkins choisit des registres plus sobres, presque folk. C’est même dans ces moments-là, quand elle s’en tient au minimum, qu’elle est la plus désarmante. Le disque démarre ainsi avec Daydreamer, dénudé à l’extrême, histoire d’un coup de foudre pour un ami bisexuel qui n’a rien besoin de plus que la voix de la jeune femme et un picking de guitare sèche pour toucher. Le single Chasing Pavements sort davantage la grosse artillerie avec des violons emphatiques, mais depuis qu’il a envahi les playlists des radios, on en est sûr maintenant, le titre a tout d’un classique. Plus loin, My Same lorgne même vers le jazz, et c’est à nouveau très réussi. Le terrain de jeu d’Adele est donc potentiellement vaste.

Il paraît qu’à l’âge de 8 ans, Adele était fan des Spice Girls; à 14, par contre, elle ne jurait plus que par les grimés de Slipknot et Korn, avant de tomber par hasard dans un HMV mégastore sur la musique d’Etta James et Ella Fitzgerald. Les voies du succès sont non seulement impénétrables, mais sur ce coup-ci, elles ont également un goût certain.

www.myspace.com/adelelondon

LAURENT HOEBRECHTS

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