À prendre ou à laisser ****

© National

Jamais! Kay n’acceptera jamais de finir comme son père qu’elle vient d’enterrer au terme d’une longue agonie. Atteint de la maladie d’Alzheimer, le paternel avait déjà tout du conservateur britannique pur jus, mais le voir dépérir en acariâtre incontinent a convaincu sa fille de prendre en main sa propre fin de vie. Cyril, l’époux de Kay, lui propose alors un accord scellé au rouge espagnol: pour éviter d’être une charge pour leurs enfants et la société, ils se suicideront ensemble à leurs 80 ans, une boîte noire au contenu fatal les attendant dans le frigo. Cependant, entre les années 90 et les années 2020, les deux partenaires pourraient au final voir leurs avis diverger. Rien que le chapitre d’ouverture pose le ton -caustique- de ce qui va suivre. Construite comme une pièce de théâtre, cette entrée en matière finement dialoguée ne laisse rien entrevoir de la suite des événements, soit un bond dans le temps dans le cadre d’un Royaume-Uni de l’ère Blair au Brexit, celui aussi d’un certain confinement. Et l’Américaine Lionel Shriver (Il faut qu’on parle de Kevin) de déployer une comédie grise très british et provocante, frôlant l’anticipation, qui traite autant de notre rapport à la mort, à la maladie, à la transmission qu’aux institutions -le NHS en particulier, Cyril étant docteur, Kay ex-infirmière-, censées les accompagner. Par ici la sortie!

De Lionel Shriver, éditions Belfond, traduit de l’anglais (États-Unis) par Catherine Gibert, 288 pages.

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