Christian Bale ose tout. Le meilleur comme le pire. Après avoir incarné avec brio l’homme chauve-souris, il joue John Connor dans Terminator Renaissance. L’amour du risque?

Son grand-père a doublé John Wayne dans deux films tournés en Afrique. Gamin, il a joué au théâtre avec Rowan Atkinson, le futur Mr Bean, et interprété un jeune orphelin détenu dans un camp de concentration japonais pour Steven Spielberg et son Empire du soleil (4000 jeunes avaient été auditionnés). On comprend que ça puisse laisser des traces. Générer quelques séquelles. « C’était traumatisant. Les filles me couraient après. Les garçons voulaient me taper dessus. Et on me demandait d’ouvrir des fêtes locales alors que tout ce que je désirais, c’était rouler avec mon BMX dans les bois », avait-il raconté par la suite.

Christian Bale a failli jouer dans Titanic. Prendre les traits de James Bond. Malgré ces rendez-vous manqués, il est, à 35 ans, l’un des acteurs les plus habités, pour ne pas écrire hantés, d’Hollywood. La filmographie du comédien, originaire du pays de Galles, déborde de choix risqués que ce soit pour sa carrière ou pour sa santé.

Plus que convaincant dans le rôle de Bruce Wayne – qu’il était le premier acteur non-américain à incarner -, Bale a permis de relancer la franchise Batman (il lui préfère le terme de mythologie qui sonne moins business, renvoie davantage à une histoire, une intrigue, des personnages) ébranlée par Joël Schumacher avec la complicité de George Clooney et Val Kilmer.

« J’aime participer à des films montagnes russes avec plein de cris, de bordel et à d’autres qui incitent davantage à la réflexion, nous explique-t-il. Ca me permet de travailler avec des gens différents guidés par diverses formes d’excitation. J’ai toujours apprécié le risque, le challenge. J’ai tourné des longs métrages que je trouve réussis comme American Psycho et pour lesquels plusieurs personnes m’ont pourtant demandé ce que je foutais là-dedans. Certains se sont interrogés sur la pertinence de m’investir dans un nouveau Terminator . Pour moi, c’était la perspective de vivre une expérience intéressante. Peu importe qu’on me dise stupide ou fou. « 

Pour peu, on aurait presque l’impression que le bonhomme, fêlé, se fout de son image. « Quand je suis à une première, on me donne une veste et j’ai l’air d’être un mec sapé avec un sens aigu du goût mais je suis plutôt du genre à enfiler le premier pantalon que je trouve au pied du lit. Je choisis en reniflant », rétorque-t-il à une journaliste plus intéressée par la mode que par le cinéma.

A l’écouter, Bale croyait fermement en McG (1) qui a repris le flambeau de la saga imaginée par James Cameron.  » J’avais beaucoup apprécié les deux premiers volets. Je me souvenais de l’excitation qui les entourait et je sentais que si un auteur intelligent était associé au film, il y aurait quelque chose derrière. Terminator est connu pour l’incroyable visage de méchant de Schwarzenegger, mais combien de temps peut-on servir les mêmes recettes, continuer à tirer sur les mêmes ficelles? Je ne pense pas que qui que ce soit ait intérêt à encore copier des films qui ont déjà été faits. Quand la mythologie estmorte, il faut la réinventer.  »

Le Britannique s’est chargé de revisiter John Connor, le fils de Sarah dans le film.  » Le fait est que je n’ai jamais ressenti la nécessité d’être proche de mes personnages, je ne cherche pas à tout prix des points communs, précise l’acteur . Vous ne pouvez évidemment pas représenter l’opulence, l’embonpoint mais globalement donner vie à un gars pareil tient davantage de la détermination que de caractéristiques physiques. Personnellement, je voulais ressembler à un soldat sur le champ de bataille. »

Si Bale n’est pas du genre à s’entretenir – « je ne fais rien sans qu’un rôle le nécessite et qu’on me fixe un deadline », avoue-t-il -, il s’investit physiquement dans ses films. Son outil de travail, il le met d’ailleurs parfois à rude épreuve. Pour le tournage de The Machinist qui le voyait incarner un insomniaque, le Gallois a perdu 28 kilos en trois mois. Se contentant d’une consultation chez un nutritionniste pour le guider. Son régime? Salades, pommes, chewing-gum, cigarettes et boissons light.

Christian Bale a un côté tête brûlée qu’il confirme quand il parle cascades.  » Il s’agit surtout de faire confiance aux mecs qui s’occupent de la sécurité. De croire en leurs calculs. Je suis finalement plus excité qu’effrayé. J’aime la montée d’adrénaline qui vous prend quand vous sautez du haut d’une falaise. »

Pétage de plomb

Il y a une vingtaine d’années, personne n’en aurait entendu parler: les nouvelles technologies aidant, le pétage de plomb de Christian Bale sur le tournage de Terminator Renaissance a fait le tour du monde. On y entend l’acteur s’en prendre verbalement mais violemment au directeur de la photographie à coups de  » Fuck », de  » Shut up » et de  » You are trashing my scene« . Des remixes dance de la tirade sont disponibles sur Internet. L’épisode ne devrait pas trop écorner la carrière d’un acteur toujours plus vrai que nature et prêt à tout pour son art.

 » Plusque des rôles, je me préoccupe surtout maintenant des gens avec qui je vais travailler. Enfin, pour l’instant, je prends un peu de repos. Après Public Enemies et Terminator , et ce pour la première fois, je sens que j’approche du burn out. Je n’aurais pas pu m’engager à fond dans une nouvelle aventure maintenant « , nous confiait-il en mars. On apprenait récemment que Bale remplacerait Brad Pitt, démissionnaire, pour donner la réplique à Mark Wahlberg dans The Fighter. Un drame sur fond de boxe que réalisera David O. Russell ( Les Rois du désert) et dont le tournage devrait débuter en juillet. Chassez le naturel… l

(1) joseph mcginty nichol, dit mcg, réalisateur, producteur et scénariste américain.

Entretien Julien Broquet, à Los Angeles.

Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici

Partner Content