Chapitré en compte à rebours, de J-9 au soir du second tour d’une élection présidentielle française sous haute tension, le nouveau roman de David Dufresne, par ailleurs documentariste franc-tireur ( Un pays qui se tient sage), essayiste ( Tarnac, magasin général) et lanceur d’alerte bien renseigné sur les dérives d’une police instrumentalisée par le pouvoir, fait froid dans le dos. Ici en effet, toute ressemblance avec des faits réels, bien contemporains, ne cherche même pas à apparaître fortuite, et autour notamment d’Étienne Dardel, son double littéraire, enquêteur free-lance de fiction déjà mobilisé dans Dernière sommation, une sinistre galerie de personnages plus ou moins fictifs s’activent sans même feindre de camoufler leurs modèles réels. À l’instar de Philippe Rex, magnat breton des médias, fondamentaliste chrétien dont la chaîne Rex News rappelle furieusement C News, kidnappé à la veille du match démocratique ultime de nos voisins français par un duo radical formé au Donbass – » guerre de tranchées d’aujourd’hui (…), quelque part entre l’Ukraine et la Russie » . Difficile de faire plus d’actualité. Et si Dufresne se fiche pas mal du grand style, s’autorisant tout de même quelques formules bien senties, il fait ici un usage futé de la fiction pour documenter un cauchemar politico-médiatique bel et bien à l’oeuvre.

De David Dufresne, éditions Grasset, 180 pages.

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