1965 – 1966 – 1967 (Détails) ****

© Courtesy Templon, Paris–Brussels

On le sait, le mouvement de la figuration libre évoque des signatures très différentes. Il y a Robert Combas et Hervé Di Rosa bien sûr mais, pour nous, il y a surtout Jean-Michel Alberola (1953). Qu’il soit en périphérie du mouvement n’y change rien, l’homme n’en a pas moins développé une œuvre questionnant le passé d’une manière obsessionnelle. Au centre de sa peinture, la citation s’est taillé une place de choix. On ne peut donc cacher sa joie lorsque l’intéressé débarque à Bruxelles pour transformer la galerie Templon, avec laquelle il collabore depuis 1982, en machine à remonter le temps. Le natif de Saïda (Algérie) s’est focalisé sur trois années -1965, 1966 et 1967- qu’il envisage comme cruciales. Plus qu’une exposition, cette monstration est à considérer comme une grande installation agençant harmonieusement murs peints, toiles, sérigraphies, ainsi qu’œuvres sur papier. L’impression qui domine est celle de plonger dans la tête, carte heuristique comprise, d’un adolescent cryogénisé dans les années 60. Alberola a dû fuir l’Algérie au moment de la guerre d’indépendance, ce qui lui a permis de développer “une attention obsessionnelle à l’actualité mondiale, politique, musicale ou encore cinématographique”. En conséquence, l’artiste revendique une “manière de lire la surface du monde, à en avoir une conscience claire et à pouvoir en faire quelque chose”. La “surface du monde” en question s’étire depuis les émeutes raciales de Watts (août 1965) jusqu’au mythique album de Thelonious Monk Straight, No Chaser, en passant par le cinéma de Jean-Luc Godard et elle se découvre comme une histoire visuelle passionnante… même pour qui n’en aurait pas les références.

De Jean-Michel Alberola, à la Galerie Templon, Bruxelles, jusqu’au 29/04.

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