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Au crépuscule du XIXe siècle, le paquebot transatlantique Kerberos (le Cerbère, une allusion pas très fine au gardien des Enfers de la mythologique grecque) vogue vers l’Amérique. À son bord, des passagers d’origines diverses (européens ou asiatiques) à l’équipage et son capitaine, tout le monde charrie le poids d’un passé passablement traumatique. De nombreux flash-back et songes peuplent le quotidien des voyageurs de cette longue traversée, placée sous des auspices menaçants et mystérieux, alors que le navire entre en contact avec un autre, récemment déclaré en perdition, le Prométhée (autre référence mythologique éloquente). Le scénario à clés (structures pyramidales, insectes, lettres…) prolonge les obsessions spatio-temporelles, psychiques et oniriques de Dark, la première réalisation du duo Jantje Friese et Baran bo Odar. Entre le rêve dans sa dimension symbolique, analytique, et le rêve de Terre Promise, le récit steampunk et progressivement dystopique de 1899 multiplie les strates comme les langues et les cultures de ses personnages (parfois non sans une abondance de clichés). La profondeur de ces derniers ne s’explore que dans la longueur -et la pesanteur- d’une narration emphatique plutôt qu’empathique. Les révélations et l’impact émotionnel des rebondissements l’emportent souvent sur la progression cohérente des affects. Toutefois visuellement riche et ambitieux, 1899 finit par questionner le monde que nous avons créé, la réalité que nous tordons et triturons par simple illusion de puissance technologique. Et dans une série de twists qui ferait passer les créateurs de Lost pour des joueurs de bilboquet, la série nous fait chuter au bas d’une cascade de révélations brutales, irrémédiablement tragiques qui, par ailleurs, annoncent une deuxième saison plutôt cosmique.

Une série créée par Jantje Friese et Baran bo Odar. Avec Emily Beecham, Aneurin Barnard, Andreas Pietschmann. Disponible sur Netflix.

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