À L’ORANGERIE

Tes albums portent systématiquement le nom d’un lieu, réel ( Gargilesse, Courchevel) ou imaginaire ( Rio Baril). Il y a cette nécessité de poser un cadre « géographique » à chaque fois?

Force est de constater que oui, même si ce n’est pas quelque chose que j’ai décidé en amont. Au départ, je m’étais d’ailleurs juré de ne pas appeler mon dernier disque par le nom d’un lieu. Mais peu à peu, Courchevel est apparu comme une évidence. Ça représentait à la fois une atmosphère, un titre beau comme le nom d’une pâtisserie, et puis je travaille beaucoup sur la symbolique, sur un aspect un peu sociologique aussi dans mes histoires, et il y avait tout ça dans Courchevel. Dans mon écriture, c’est le lieu qui amène des histoires et des personnages, pas l’inverse. C’est ce qu’on apprend à l’école, d’ailleurs: la géographie détermine les civilisations et leurs histoires. A l’origine de mes disques, il y a donc ce désir d’atmosphère, de lieu. C’est un peu comme chercher une maison pour y vivre. On a plusieurs pistes, on fait des visites. On est son propre agent immobilier. Et puis à un moment donné, on sait que c’est là. Après, il y a tout à faire…

En parlant de dimension sociologique, Courchevel se penche à nouveau sur des personnages issus d’un milieu modeste, entretenant pour le coup des rapports équivoques avec les nantis…

C’est vrai que dans mes chansons il y a toujours ces questions qui reviennent. Qu’est-ce que ça veut dire être bien né? Peut-on quantifier le bonheur? Est-il possible d’échapper à la vitrine sociale? Je viens d’un petit village, dans le centre de la France ( Lignières dans le Cher, ndlr), et j’ai pris conscience sur le tard des différences de classes, parce qu’il y avait ce mélange entre les enfants de notables et les autres. Et puis un jour, il y a une dualité qui nous explose à la tronche. On se dit ben oui, la vie c’est ça, c’est des cloisons. Je l’ai vécu d’une manière assez violente dans l’adolescence. C’est sans doute ce que raconte la chanson Benjamin ( single abonné à la bande FM, ndlr): pas le refus de grandir, mais le refus de devenir l’adulte qu’il faudrait devenir en fonction d’une classe sociale, d’une appartenance.

Ça ressemble à quoi, sinon, Florent Marchet sur scène en 2011?

Pour être honnête, j’ai mis du temps à ressentir la nécessité de donner des concerts. Et puis, chemin faisant, j’y ai trouvé un véritable enjeu lié au corps, proche du travail d’un comédien. Désormais, je ne peux plus m’en passer. Je me vois comme une sorte de conteur. J’aime bien l’idée d’un Monsieur Loyal un peu démoniaque. J’ai besoin d’amener le public, dans les transitions notamment, vers une histoire. Sur scène, on est 4, il y a beaucoup de clavier et toute une scénographie autour de l’album Courchevel, avec une ambiance seventies, du vieux lambris, un feu de cheminée, un ours… Le concert est une extension du disque, il faut rester dans l’atmosphère. Et garder cette question en tête: est-ce que c’est courchevelien ou pas?

Et la moustache, justement, c’est courchevelien?

J’aimais bien la connotation seventies, oui. Mais surtout, un ami m’a dit un jour:  » Tu fais souvent de l’humour à froid, et ton second degré passe mieux comme ça.  » C’est l’effet moustache.

ÉGALEMENT EN CONCERT LE 10/07 AUX ARDENTES À LIÈGE ET LE 20/07 AUX FRANCOFOLIES DE SPA.

NICOLAS CLÉMENT

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