Louis Danvers
Louis Danvers Journaliste cinéma

AU-DELÀ DU BIEN ET DU MAL – LE CINÉMA FANTASTIQUE ET DE SCIENCE-FICTION AIME TOUJOURS TUTOYER LES LIMITES MORALES. LA PREUVE PAR 3 AVEC SPLICE, REPO MEN ET THE LAST EXORCISM.

1. DE VINCENZO NATALI. AVEC ADRIEN BRODY, SARAH POLLEY, DELPHINE CHANEAC. 1 H 44. DIST: DUTCHFILMWORKS.

2. DE MIGUEL SAPOCHNIK. AVEC JUDE LAW,FOREST WHITAKER, LIEV SCHREIBER. 1 H 59. DIST: UNIVERSAL.

3. DE DANIEL STAMM. AVEC PATRICK FABIAN, ASHLEY BELL, IRIS BAHR. 1 H 27. DIST: TWIN PICS.

1. ****

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3. ***

D’une manière ou d’une autre, les cinémas fantastique (presque toujours) et de science-fiction (assez souvent) se doivent d’aborder la grande question du bien et du mal. Les 3 sorties digitales de la semaine confirment cette tendance lourde… et parfois lourdement illustrée par le cinéma de genre quand il se défend contre la tentation d’être un tant soit peu subtil. Prenez par exemple Repo Men, dernier produit en date de la SF « hard », privilégiant l’action, la violence et le sang. L’idée de départ est certes très alléchante, qui nous parle d’une société future où des entreprises privées vendent à des malades en quête de greffe salvatrice des organes de remplacement qui peuvent s’acheter à crédit. Mais comme pour les voitures, le défaut de payement des mensualités entraîne la récupération de l’objet par le prêteur. Récupération d’organe? Oui, un coup de Taser pour neutraliser, un coup de bistouri pour ouvrir, un sachet en plastique pour emporter le c£ur, le rein ou le foie impayé, et le tour est joué… Ce beau métier de « repo man », Remy (Jude Law) l’exerce avec efficacité, sans se poser de question morale. Son épouse, elle, éprouve de la gêne, et somme son mari de prendre un job de commercial où il vendra des organes plutôt que d’en prélever… Certes, l’action rondement menée, l’humour noir, le jeu détaché de Jude Law offrent un petit plaisir façon série B. Mais même si -on l’aura deviné- le chasseur pourrait bien se retrouver dans la peau du chassé, la dimension intellectuelle de Repo Men se résume à peu de choses. Il n’y est question que de survie, alors que le sujet pouvait appeler une plongée à la Philip K. Dick sur la fragile frontière entre le meilleur (technologique) et le pire (humain). Le Blu-ray est avare de suppléments, ce qui n’est pas le cas du DVD de Splice.

Prométhée revisité

Vincenzo Natali, le réalisateur canadien de ce très intéressant film de SF spéculative, y affiche son ambition d’offrir tout à la fois un bon spectacle de genre, et un supplément d’âme comme d’émotion. Pari réussi pour celui dont le Cube avait déjà suscité l’attention. Splice a pour héros un couple de scientifiques (Adrien Brody et Sarah Polley) travaillant dans le génie génétique, et dont les travaux ont déjà permis de créer une espèce animale inconnue. Résisteront-ils à la tentation d’ajouter de l’ADN humain à leurs expériences? Bien sûr que non! Mais si Splice s’inscrit dans la tradition du récit menant l’Homme à défier le tabou de la création de la vie (voire Frankenstein), il le fait avec une remarquable intelligence, et une liberté d’invention peu banale. On pense à Cronenberg, compatriote de Natali, devant la dérive morale mais aussi organique qui saisit Brody et Polley. Laquelle doit être une des seules actrices qui peuvent annoncer  » J’ai synthétisé la molécule » sans avoir l’air grotesque… Le piège de l’absence de crédibilité est aussi évité par Daniel Stamm dans The Last Exorcism. Blindé de bonus, le Blu-ray de ce faux documentaire surnaturel (genre à la mode s’il en est!) nous emmène sur les pas d’un prêtre exorciste qui… ne croit pas au diable ni aux démons, mais qui verra ses convictions mises à rude épreuve. Rien de bien neuf sous le soleil, mais un honnête film fantastique où les frissons abondent.

LOUIS DANVERS

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