Bond entre les lignes –

Deux livres passionnants viennent s’ajouter à la somme de littérature consacrée à 007, un agent n’ayant plus de secret que le nom…

1. de JOhn cork et collin stutz, ed. grund. 320p. –

2. de françoise hache-bissette, fabien boully et vincent chenille, ed. autrement. 190p. –

Phénomène de librairie presque autant que du Septième art – il fit, après tout, ses premières armes dans la littérature d’espionnage, remodelée par Ian Fleming -, James Bond voit chacune de ses nouvelles aventures cinématographiques assortie de la publication de l’un ou l’autre écrit venu le recadrer. Il n’en va pas autrement de Quantum of Solace, dont la sortie en salles a été précédée de divers ouvrages, dont deux offrant un regard aussi passionnant que complémentaire sur un agent n’ayant pratiquement plus de secret que le nom.

L’abécédaire de Bond

Ecrite avec la bénédiction d’Eon Productions, L’Encyclopédie James Bond constitue, en quelque sorte, le guide officiel de la saga – à l’exclusion donc des parodies façon Casino Royale première version, et de Never Say Never Again. Les pré-requis posés – une brève biographie de Ian Fleming, ainsi qu’une présentation de 007 et des six acteurs qui le campèrent officiellement, rehaussée des circonstances de leur intronisation -, l’ouvrage, qui ravira autant les inconditionnels de 007 que les profanes, dresse un inventaire systématique (et abondamment illustré) des composantes fondamentales de l’univers bondien. Et s’appuie, pour ce faire, sur un découpage aussi limpide que judicieux. Avec, côté personnages, un chapitre pour les méchants, un autre pour les Bond Girls et un dernier pour les seconds rôles. Et, côté accessoires, une entrée pour les véhicules, et une seconde pour les armes et équipements – ces gadgets amoureusement imaginés par Q, et qui viennent, si besoin en était, pimenter les aventures de Mr Bond.

La somme ainsi composée est une mine de renseignements, chaque élément de la saga bénéficiant d’une notule (allant de quelques lignes à deux pages) illustrée. Histoire, donc, de revoir ses classiques, mais aussi, par exemple, de se remémorer, qui la plastique de Plenty O’Toole, incarnée par Lana Wood dans Diamonds Are For-ever, qui les traits d’Eunice Gayson (Sylvia Trench à l’écran, Bond Girl qui eut droit aux honneurs de deux épisodes, Dr No et From Russia with Love).

A quoi l’on ajoutera les belles mécaniques telles l’Aston Martin DB 5 (avec le détail des modifications apportées au modèle d’origine) ou la « bondole » de Moonraker; et jusqu’à l’Orient Express, dont on apprend qu’un épisode s’étant produit à son bord – un espion américain fut jeté hors d’un wagon après avoir été démasqué – inspira à Fleming Bons baisers de Russie. Le genre de détail qui fait le prix d’un tel ouvrage, que complètent encore un descriptif de chaque film et des notices consacrées à divers artisans de l’ombre de la série, des réalisateurs Terence Young ou Guy Hamilton au décorateur Ken Adam.

Aux sources du mythe

Prolongement idéal du premier, James Bond figure mythique s’interroge, pour sa part, sur les fondements et les raisons de la pérennité du mythe bondien. Outre une plongée dans l’univers du personnage – de ses origines à son explosion sur l’écran cinématographique, et au-delà -, les auteurs s’emploient à décrypter comment la figure de papier et ensuite de celluloïd accéda au rang d’icône des temps modernes. Plus encore que le luxe de détails – comme l’anecdote voulant que la popularité de Bond se soit envolée aux Etats-Unis après que le président Kennedy a classé From Russia with Love parmi ses dix livres de chevet -, on soulignera la pertinence des analyses instruites dans cette perspective.

Qu’il s’agisse de recenser et étudier les éléments formels constitutifs du mythe bondien – des génériques d’ouverture aux gimmicks divers ( My Name is Bond. James Bond. ), sans oublier ces gadgets visant à le prémunir contre toute solennité – ou de le confronter à d’autres mythes, plus anciens, qu’il aurait réactualisés (de Hercule à Saint Georges terrassant le dragon), l’ouvrage propose une lecture en tous points pas-sionnante de l’£uvre et du personnage. Pour en souligner aussi tout à la fois l’extraordinaire capacité à s’imprégner de l’air du temps – seule façon de passer, sans changer de statut, de la Guerre Froide au monde post 11 septembre 2001 -, et une non moins étonnante faculté à transcender l’époque. Un portrait fouillé dont ressort l’image d’un Bond, si pas éternel, appelé en tout cas à imprégner durablement encore nos imaginaires…

Jean-François Pluijgers

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