DEPP, ACTEUR-CAMÉLÉON – EN 20 ANS DE CARRIÈRE, JOHNNY DEPP EST PASSÉ DU STATUT D’ACTEUR CULTISSIME À CELUI DE SUPERSTAR HOLLYWOODIENNE, DE CRY-BABY À TOURIST ET AUTRE RANGO.

1 DE JOHN WATERS. AVEC JOHNNY DEPP, TRACI LORDS, IGGY POP. 1989. 1 H 25. DIST: UNIVERSAL.

2 DE FLORIAN HENCKEL VON DONNERSMARCK. AVEC JOHNNY DEPP, ANGELINA JOLIE, PAUL BETTANY. 2010. 1 H 43. DIST: SONY.

3 DE GORE VERBINSKI. AVEC LES VOIX DE JOHNNY DEPP, ISLA FISHER, NED BEATTY. 2011. 1 H 51. DIST: PARAMOUNT.

Longtemps considéré comme l’outsider idéal, Johnny Depp s’est, avec le temps, métamorphosé en comédien à amplitude variable, à même de concilier son statut d’acteur cultissime avec celui de superstar hollywoodienne; susceptible de venir dépanner son vieux complice Terry Gilliam le temps de The Imaginarium of Doctor Parnassus et d’aligner, dans le même élan, un énième volet des Pirates des Caraïbes, sans que sa crédibilité s’en trouve en rien écornée. Ce glissement, l’actualité Blu-ray permet d’en prendre pleinement la mesure, avec les sorties simultanées de Cry-Baby, le film qui révéla au grand écran l’acteur de 21 Jump Street, et de 2 de ses apparitions les plus récentes, dans The Tourist et Rango.

Premier film de studio de John Waters, Cry-Baby nous montre l’auteur de Pink Flamingos passablement assagi. La comédie musicale n’en est pas moins particulièrement savoureuse qui, dans l’Amérique des fifties, oppose les Drapes aux Squares, les bousons noirs aux jeunes collets montés, dans une atmos-phère gentiment délirante et résolument rock’n’roll. Depp fait merveille dans le rôle-titre, celui d’un mauvais garçon dont la larme unique a le don de faire tomber les filles, pour le film qui, comme il l’explique dans It Came from Baltimore, making of fouillé proposé en complément, lui ouvrira bien des portes. A commencer par celles du cinéma de Tim Burton, avec qui il tournera, l’année suivante, Edward Scissorhands, premier jalon d’une collaboration fructueuse, et toujours d’actualité, puisque le duo s’affaire pour l’heure à Dark Shadows.

Un tango avec Rango

The Tourist nous projette 20 ans plus tard, en 2010, et c’est peu dire que la carrière de Depp a, entre-temps, pris une nouvelle dimension. C’est, du reste, en tant qu’icône et digne successeur de Cary Grant qu’il est ici associé à Angelina Jolie, pour un film qui revisite un peu paresseusement le Anthony Zimmer de Jérôme Salle. Et conduit notre duo glamour de Paris à Venise au gré d’une intrigue rapidement éventée, l’intérêt résidant moins dans un suspense relatif que dans un esprit voisin de celui des Charade et autre Main au collet d’antan. On savoure, en dégustant un spritz au besoin, tant la Cité des Doges compose un personnage à part entière de l’action, mise en scène avec l’élégance requise par Florian Henckel von Donnersmarck, le réalisateur de Das Leben der Anderen.

Rango, de Gore Verbinski, son réalisateur de la série des Pirates, voit pour sa part Depp donner de la voix sous les traits d’un caméléon volontiers fanfaron que les circonstances vont projeter à Dirt, une petite bourgade de l’Ouest dont les habitants ont désespérément besoin d’un héros. Soit le cadre d’un western animé aussi référencé qu’allumé, un petit bijou d’inspiration débridée servi avec les compléments d’usage. Et venu démontrer, si besoin en était, que Johnny Depp est bel et bien un acteur-caméléon…

JEAN-FRANÇOIS PLUIJGERS

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