Le pape de l’électro française s’offre un biopic ambitieux, en images plus qu’en BD. Un voyage sensitif dans la vie du DJ, de soirées en références technos.
L’album de souvenirs et d’histoires de Laurent Garnier démarre dans The Warehouse, une boîte de Chicago, en 1982. Frankie Knuckles est derrière les platines, et « en train de créer quelque chose sans s’en rendre compte vraiment ». C’est là que notre DJ international, héros et héraut de la culture techno en France, âgé aujourd’hui de 47 ans, pointe la naissance de la house music. Sa naissance à lui, d’abord sous le nom de DJ Pedro, ce sera à Manchester, au club L’Hacienda, deux ans plus tard. Ce fils de forains, dévoré par la passion de la musique, est valet de pied à l’ambassade de France lorsqu’il découvre les clubs anglais et a l’occasion d’y passer ses premières plaques. Suivront dix années folles où la techno deviendra culture, et Garnier le premier de ses témoins: explosion de la musique électronique, folie de clubs et des rave parties, création de labels, albums, tournées internationales… Si la folie s’est calmée, l’électro perdure et Garnier avec elle -son dernier album Tales of a Kleptomaniac est sorti en 2009, suivi d’une gigantesque tournée de deux ans. Et le Français aime à incarner cette mémoire vivante de la scène électronique: il s’était déjà raconté dans un roman, Electrochoc, en 2003, et livre régulièrement ses références et souvenirs en radio, via son émission It Is What It Is, diffusée chez nous sur Pure FM. Il manquait le dessin à cette palette narrative de ce qu’est la techno. Voilà donc ce Rêves syncopés, fidèle à l’esprit et aux ambitions de son sujet, volontairement (trop?) underground.
Ambitieux, indigeste
Ce Rêves syncopés porte effectivement bien son nom: le dessinateur Laurent Bonneau, roi de la palette graphique et des effets visuels, se lance ainsi dans 180 pages de balades presque sonores avec Laurent Garnier et dans les pas de sa scénariste, elle-même spécialiste des musiques électroniques. Extraits d’interview, souvenirs de soirées, moments de vie, Rêves syncopés est totalement déconstruit, au contraire de ses planches, tantôt monumentales, tantôt découpées à l’extrême. Le tout donne une bonne idée de ce qu’est la vie de Laurent Garnier et de ce que furent les grandes envolées technos, mais a plus de mal à devenir un « vrai » album de BD, fût-il roman graphique et expérimental. Il s’avère au contraire difficile voire impossible à lire d’une traite, sauf à risquer l’épilepsie.
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