Calla Henkel, éditions Les Arènes/Equinox
Toxic Berlin
434 pages
“Chaque nuit que tu rates à Berlin est une nuit que tu rates à Berlin.” Cet adage, les deux jeunes Américaines Zoe et Hailey, venues dans la capitale allemande pour y devenir artistes, vont se le répéter tel un mantra, surtout après avoir eu l’occasion de sous-louer le superbe appartement d’une autrice de polars à succès, sur la Bülowstrasse. Une vie de rêve et essentiellement nocturne, entre drogues récréatives, soirées alternatives et files d’attente devant le Berghain, qu’elles finiront par mettre en scène sur les réseaux sociaux sans y croire elles-mêmes. C’est que leur réalité est bien plus anxiogène et poisseuse qu’il n’y paraît: Zoe, la narratrice, traîne le souvenir de sa meilleure amie assassinée et une psyché fragile tandis que Hailey se révèle “borderline”. Puis, il y a cette impression permanente d’être sous surveillance dans cet appartement lui aussi plus lugubre que prévu…
Mais soyons fidèle à l’écriture de Calla Henkel, elle-même artiste américaine installée à Berlin, qui va attendre (très) longtemps dans Toxic Berlin, son premier roman, avant de faire basculer son récit adulescent et initiatique vers le thriller plus classique. On n’en dira donc pas plus -si ce n’est peut-être que la profession de leur propriétaire berlinoise n’est pas anecdotique- pour ne pas brûler la politesse de cet ouvrage en réalité assez inclassable tant il brosse large dans les genres. Il accroche toutefois par sa narration à la première personne, ses personnages à la psychologie complexe, et surtout son écriture parfois singulière, révélatrice d’une autrice à suivre et portée sur le vénéneux, berlinois ou pas.
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