Mister Wonderful

AUTO-FICTION | Quand il ne diagnostique pas les vices des losers de l’Amérique moyenne, Daniel Clowes se penche sur son cas désespéré. Un peu à la façon d’un Harvey Pekar dont il partage le talent pour l’autodénigrement.

MISTER WONDERFUL, DE DANIEL CLOWES, ÉDITIONS CORNÉLIUS. ***

AUTO-FICTION | Quand il ne diagnostique pas les vices des losers de l’Amérique moyenne (cf. Le Rayon de la mort), Daniel Clowes se penche sur son cas désespéré. Un peu à la façon d’un Harvey Pekar dont il partage le talent pour l’autodénigrement. Sauf qu’à la différence de l’auteur d’ American splendor, qui se livre à visage découvert, l’héritier spirituel d’Adrian Tomine se vitriole à travers une galerie d’alter ego. Une distanciation qui lui permet de varier les registres et surtout de coller à ses personnages tous les défauts de la terre, de la misanthropie aiguë au cynisme blafard. A côté, Woody Allen est un gars qui respire le bonheur. Après Wilson, barbu déversant son fiel sur ses contemporains, place à Marshall. La quarantaine, légèrement dégarni, ce célibataire endurci s’apprête à rencontrer Natalie, sur recommandation d’amis communs. Tiraillé entre son manque de confiance en lui et l’envie pressante de mentir pour enjoliver le tableau, le rendez-vous galant tourne rapidement à l’épreuve de vérité. Usant d’un dispositif graphique éclaté qui est sa marque de fabrique (dessin fifties, ruptures de style pour illustrer les états d’âme, superposition de phylactères…), le dessinateur américain place le lecteur au coeur même de la salle des machines de son anti-héros. Mister Wonderful (sic) trouvera-t-il les mots pour séduire Natalie, lui dont le système émotionnel est passablement rouillé? A défaut de révolutionner son univers dépressif, Clowes assaisonne les plats de tous les jours d’une pincée d’humour aigre-doux. De quoi rendre un peu plus digeste la tragi-comédie de l’existence.

L.R.

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