Le Prix Première vient d’être remis à Mario Alonso pour son « roman paysage » Watergang, publié aux éditions Le Tripode. Il fait suite à Dimitri Bouchon-Borie qui l’avait reçu pour Le Démon de la colline aux loups.
À Middelbourg, dans les polders, Paul est un adolescent mystérieux et taciturne. Au nombre de ses lubies, on compte ses yeux grand ouverts toute la nuit et le fait de prétendre qu’un jour, il tuera quelqu’un. Persuadé qu’il deviendra écrivain célèbre à 13 ans sous le nom de Jan De Vaart, il a une conscience aiguë du quotidien sans vagues qui se joue autour de lui. Entre sa mère lasse qu’il est seul à trouver super, sa soeur aînée Kim (qu’il surnomme Birgit), enceinte d’un Jeroen qui n’assume pas sa paternité, et son père Jens qui a pris la tangente en Angleterre, il se réfugie dans les marais, comme pour mieux échapper au cadre. En chapitres courts et polyphoniques (aussi bien l’entourage de Paul que ses nombreuses voix fantasmatiques ou celles, plus lyriques, du paysage), Mario Alonso orchestre rythmiquement l’aventure à bas pouls du Watergang. En phrases faussement candides trouées de fulgurances poétiques ou mélancoliques, il permet à Paul d’endosser autant de masques que nécessaires pour affronter le lent passage vers l’âge adulte. C’est qu’il n’est pas aisé tous les jours d’avoir 12 ans au sein d’une famille aux rêves en tessons, dans un village enlisé dans le brouillard anonyme (« Les films se tournent ailleurs, pas à Middelbourg. On ne fait pas de cinéma, par ici« ).
De Mario Alonso, éditions Le Tripode, 224 pages. ***(*)
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