Malik, de Archie Cash à Cupidon

Malik, ici au Festival européen de la bande dessinée Strasbulles, 2009 © Ji-Elle/Wikimedia Commons
FocusVif.be Rédaction en ligne

Le dessinateur William Tai, dit Malik, est décédé ce 11 décembre dans l’incendie de sa maison, à Huppaye. Il restera l’un des auteurs belges les plus atypiques et sans doute sous-estimés de sa génération, malgré sa palette allant de l’hyper-réalisme de Archie Cash au dessin humoristique de Cupidon. Malik avait 73 ans.

La nouvelle a été officialisée ce vendredi matin par le bourgmestre de Huppaye, près de Jodoigne: le corps sans vie de William Tai, dit Malik, a été retrouvé dans sa maison, où un incendie s’était déclaré pendant la nuit – une enquête est en cours pour en connaître les circonstances précises. Il est à craindre qu’une grande partie de ses planches originales, des milliers, aient également disparu dans les flammes.

Malik, de Archie Cash à Cupidon

Disparaît ainsi le dessinateur de la série humoristique Cupidon, qu’il a menée sur scénario de Raoul Cauvin de 1990 à 2013, mais aussi, et surtout, pour beaucoup d’amateurs, l’auteur d’Archie Cash, série hyper-réaliste créée dès 1973 dans les pages de Spirou avec Jean-Marc Brouyère, et dont Dupuis éditera 15 albums.

Né en 1948 à Paris, Malik déjouait tous les archétypes. Petit-fils d’un diplomate chinois, ministre de Tchang Kaï-Chek, fils d’une eurasienne née au Mexique, William Taï passe quelques années en Indochine avant d’arriver en Belgique et finir son enfance à Bruxelles. Des racines multiples qui expliquent en partie le particularisme de son dessin et de son univers graphique. D’abord peintre animalier – et grand amateur d’animaux exotiques – il fait ses premiers pas professionnels avec des illustrations pour le journal Tintin avant d’arriver dans les pages de Spirou dès 1970 pour quelques Belles histoires de l’Oncle Paul. Il y affirme rapidement une palette rare, capable de passer de l’humoristique à l’hyper-réalisme, voire de fusionner les deux dans des séries sans lendemain tels Big Joe ou Chiwana.

Malik, de Archie Cash à Cupidon

Mais c’est avec Archie Cash, qu’il crée en 1971 avec le scénariste Jean-Marc Brouyère, que Malik rentre vraiment dans la petite histoire de la BD et la grande de Spirou: dans un hyper-réalisme d’abord très musculeux proche des premiers albums de Hermann, il développe dans les pas de ce baroudeur justicier sans attaches – dont il a emprunté les traits à Charles Bronson – un univers exotique et plein de testostérone qui va s’avérer de plus en plus violent, excessif et « borderline », et marqué toute une génération de lecteurs de Spirou, qui voient se côtoyer dans le même journal Archie Cash et Boule & Bill – un Malik, une époque folle et un mélange des genres que le spécialiste Philippe Capart a largement décortiqué dès 2012 dans le 2e numéro de sa revue (toujours disponible) La Crypte Tonique, titrée Flower Power et ultra violence.

Changement de cap pourtant dans les années 80, lorsque que Dupuis et de nouveaux décideurs mettent fin à Archie Cash et lui demandent de revenir à une veine plus légère et beaucoup plus humoristique; ce sera Cupidon, série à gags scénarisée par Raoul Cauvin, qui connaitra 21 albums chez Dupuis, jusque en 2013. Malik, délaissé, avait ensuite tenté de poursuivre l’aventure en solo, notamment en créant sa propre structure d’auto-édition, baptisée… les éditions du Fourbe Chinois. Malik était lui-même revenu à Archie Cash avec une dernière aventure autoproduite il y a 2 ans: Qui a tué Jack London.

Malik, de Archie Cash à Cupidon

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