Le Janitor: nettoyage au Vatican

Sur fond d’extermination des survivants nazis, Boucq et Sente livrent leur quatrième Janitor, thriller mêlant espionnage et secrets du Vatican. Défouloir assuré.

Le thème de l’Église dans la bande dessinée n’est pas nouveau. Contrairement aux séries classiques très catho (Don Bosco…), la BD « religieuse » d’aujourd’hui gratte bien loin de la dévotion au Vatican. Entre le Décalogue, le Troisième Testament, le Triangle secret ou ici le Janitor, elle reluque abondamment du côté de l’espionnage, des manigances et des mystères du clergé. « L’organisation du Vatican est faite pour être une organisation de renseignement », assure le dessinateur François Boucq. « Ils envoient des gens à travers le monde, des gens qui restent basés des dizaines d’années à l’étranger. Quand ils en réfèrent à leurs autorités, leurs renseignements sont certainement plus efficaces et plus profonds que ceux d’un agent de la CIA ou du KGB… » Le dessinateur, qui nous a habitués à des tornades de violence -notamment avec le western Bouncer– joue ici dans un registre graphiquement plus posé. Le dessin de Boucq a gagné en efficacité et précision ce qu’il a perdu en fougue et truculence, sans doute au service de l’histoire. « Dans Le Janitor, le cadre est conforme à la vie que toi et moi connaissons. Il faut respecter le conventionnel et amener la violence comme une intrusion: au moment où elle arrive, l’action est d’autant plus forte, puisqu’elle ne devrait pas avoir lieu. » Ce n’est effectivement pas tous les jours qu’on croise des hommes en soutane dégainer un Smith & Wesson et rouler en Harley Davidson. Le Janitor, c’est Vince, qui n’a du moine que l’habit et fait le nettoyage dans les dérapages de l’Église, façon James Bond.

Tuer avant qu’ils ne meurent

Là où Le Janitor apporte un regard réellement neuf avec cet épisode, c’est dans cette traque burlesque aux survivants nazis par la vieille génération. « Il y a un problème que se posent les traqueurs de nazis: ils vieillissent, et la lutte pour essayer de retrouver les anciens tortionnaires n’est plus prise en compte par les jeunes. Il faut donc à tout prix qu’ils arrivent à les tuer avant qu’ils ne meurent. Ça donne de la consistance à cette quête tragi-comique qui sert de fil rouge à l’histoire. » Cette idée de traqueurs nazis, elle vient de François Boucq, qui est crédité pour la première fois en tant que scénariste dans ce 4e tome. Pas une question d’ego, simplement de vie du récit. « J’ai tendance à aimer participer au scénario. L’histoire est presque quelque chose d’organique. Au bout d’un certain temps, quand on a commencé à la raconter, elle commence à exister en tant que telle. Elle a son propre rythme, demande certaines scènes d’action. » Si la bande dessinée permet toutes les spéculations, François Boucq a souvent vu juste au travers de ses histoires. Et si celle-ci s’avérait véridique, c’est Joseph Ratzinger qui a du souci à se faire…

Le Janitor, Les morsures du passé (T.4), de François Boucq et Yves Sente, éditions Dargaud, ***

Kevin Dochain

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