Warren Ellis, La Table Ronde
Le Chewing-gum de Nina Simone
223 pages
En 1999, Warren Ellis récupère le chewing-gum mâchouillé lors d’un concert par Nina Simone. Dans un livre de souvenirs et photos personnels, il fait de cette relique de la chanteuse la porte d’entrée dans son petit cabinet de curiosités intimes.
Un livre?! Quand Dan Papps, de la prestigieuse maison d’édition anglaise Faber, propose à Warren Ellis de publier ses mémoires, il est moyennement partant. Sa vie est pourtant des plus trépidantes et riches en rebondissements matière à foison d’anecdotes: après des débuts au sein du groupe instrumental Dirty Three, il accompagne sur scène depuis plus de 30 ans Nick Cave (il est une des légendaires Bad Seeds), et compose les scores, seul ou avec le grand Nick, de nombreux films (comme celui de Blonde d’Andrew Dominik).
Lorsque Cave lui propose de participer à son exposition Stranger than Kindness, à Copenhague, lui vient alors l’idée d’y exposer son “totem”: un chewing-gum ayant été mâchouillé par l’immense “Doctor” Nina Simone lors d’un concert en 1999 au Meltdown Festival, d’ailleurs dirigé cette année-là par Cave. Encore sous le choc de la prestation de Nina, “dans un moment d’extase”, dira Nick Cave, Warren Ellis se précipite sur scène et s’empare du chewing-gum abandonné par l’icône sur son piano de marque Steinway. Il le gardera précieusement auprès de lui pendant 20 ans. C’est en gros le pitch qu’il finira par tenir au staff de Faber, médusé.
Le goût des souvenirs
Dans Le Chewing-gum de Nina Simone, le “violon dingue” de la bande à Nick Cave nous conte, en fil rouge, les aventures agitées de cette sacrée gomme à mâcher qu’il va patiemment mener au statut de relique sacrée. Bourré de photos et pareil à un catalogue d’exposition justement, le livre n’est pas véritablement une biographie. Mais de digressions sur son passé en inventaires des milliers d’objets retrouvés dans les attachés-cases entassés chez lui au fil des années et des tournées, en passant par quelques apparitions troublantes du fantôme de Beethoven, Ellis trouve un ton, une voix touchante, qui réconforte durablement quiconque ouvre ce superbe objet.
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