La Vie d’une vache

© National
Anne-Lise Remacle Journaliste

Fait-on toujours le lien entre les bovins dans les pâturages et les barquettes chez le boucher ou les bavettes dans le bistrot du coin? Qu’est-ce qui, financièrement, relie un état à un autre? Peut-on vraiment espérer tirer profit de cette chaîne? Voilà les questions qui animent l’auteur et journaliste chilien Juan Pablo Meneses au début des années 2000, lorsque la vie l’amène à s’ancrer en Argentine, patrie où l’ asado (barbecue) fait office de religion (voire de garant de virilité). Déjà fasciné littérairement par le motif de la viande, il décide d’acheter une génisse et de la suivre jusqu’à la fin de sa vie, forcément tragique. Depuis les champs où Juan Jorajuria rechigne à abattre tôt la bête parce qu’il s’en est amouraché, jusqu’à Liebig (épicentre du trafic bovin argentin avant de se muer en ville fantôme), Juan Pablo Meneses explore les ressorts évidents mais aussi les angles morts (y compris en termes écologiques) d’une maxime qui met l’humain sans cesse face à ses contradictions: “ Tuer des animaux c’est mal mais les manger c’est délicieux”. Vu la tendresse et une part rafraîchissante d’essai-erreur que l’auteur distille dans sa démarche de journalisme narratif, on a grand hâte de découvrir vers quelles aventures en rhizome l’entraînent les deux prochains tomes de sa trilogie cash (prévus en octobre 2022 puis janvier 2023). Qu’est-ce qui pourrait tourner mal (ou tourner bien, pour peu qu’on aime que le capitalisme se prenne les pieds dans son propre tapis) en achetant un jeune footballeur et une divinité?

De Juan Pablo Meneses, éditions Marchialy, traduit de l’espagnol (Chili) par Guillaume Contré, 310 pages.

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