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La rentrée littéraire d’hiver en 30 romans
L’hiver a aussi sa rentrée littéraire. Pour bien commencer 2025, on vous propose un choix de 30 romans à tenir à l’œil pour se faire plaisir.
La Sorcière de lune
La Sorcière de lune
de Marlon James, Albin Michel, traduit de l’anglais (Jamaïque) par Héloïse Esquié, 720 pages.
Cinq ans après Léopard noir, loup rouge, le Jamaïcain Marlon James publie le deuxième volet de sa trilogie de fantasy qui peut se lire indépendamment du premier volet. Ce solide roman de femme autant qu’un voyage initiatique et une histoire de vengeance est bâti autour de Sogolon, l’héroïne fière et rebelle née dans une termitière, qui affronte des forces diaboliques dans des mondes corrompus. Entre Le Seigneur des anneaux, X-Men, Water Music de T.C. Boyle ou La Cité de la victoire de Salman Rushdie. Fascinant. PH.M.
Le Chant du prophète
Le Chant du prophète
de Paul Lynch, Albin Michel, traduit de l’anglais (Irlande) par Marina Boraso, 304 pages.
Ce cinquième roman de l’Irlandais Paul Lynch couronné du prestigieux Booker Prize 2023 a beau être annoncé comme dystopique, son réalisme glaçant a de quoi flanquer une trouille bleue au gaillard le plus averti. À l’heure où les démocraties européennes battent de l’aile, Lynch imagine sa terre natale qui bascule dans le totalitarisme. Disparitions, tortures, arrestations arbitraires et exécutions sont au programme de ce récit engagé et terriblement actuel à lire impérativement. PH.M
Un Arabe
Un Arabe
d’Oscar Coop-Phane, Grasset, 192 pages.
Ils sont une douzaine, les corps et les pensées épaissies par l’alcool. Rassemblés au bistrot par un vol de carte bleue, ils décident de faire justice et de fondre sur l’Autre, la Casquette, l’Arabe, comme ils disent. Coop-Phane dépeint sans ciller le mélange de violence et de honte ordinaire dans la tête du français moyen un jour de ratonnade. Sec comme un coup de trique, bam bam bam, ça tabasse: “Le réel est trop fort, il cogne en métal de pied-de-biche, enfonce les côtes et fait siffler les arcades.” F.DE.
La Loi du moins fort
La Loi du moins fort
de David Ducreux Sincey, Gallimard, 256 pages.
Homme de main et fossoyeur attitré du plus jeune sénateur de la Ve République, le narrateur revient sur son enfance et la rencontre déterminante avec le farouche Romain Poisson. Si le petit voisin machiavélique exerce sur lui une fascination inexorable, c’est parce qu’il pressent déjà que leur pacte faustien lui insufflera le courage d’en finir, définitivement, avec sa mère. Amoral, cruel, bilieux, ce premier roman cinglant sur l’emprise et la maltraitance brille de l’éclat d’un diamant noir. F.DE
Ceux que la nuit choisit
Ceux que la nuit choisit
de Joris Giovannetti, Denoël, 480 pages.
Sous la beauté des paysages corses et l’intégrité des traditions, ils sont une poignée à franchir le rideau des dernières exubérances adolescentes. Étudiants en philo, patron de bar, exploitant agricole, militants nationalistes, dealer, berger, tous bientôt privés de leur innocence, il leur faut trouver un sens à leur vie. Hantée par Nietzsche et les méandres de l’égoïsme numérique, une fresque chorale ample et tragique sur une jeunesse ivre de symboles. Par delà le bien et le mal, la révélation d’un écrivain. Ecce Homo. F.DE.
Le Pays des herbes debout
Le Pays des herbes debout
de Jean Villemin, Le Dilettante, 160 pages.
Recruté pour le compte du Programme, le narrateur est envoyé à Nova Radom, mystérieuse cité perdue dans un océan de roseaux géants. Sous les ordres d’un invisible Directoire, la société des ingénieurs s’y consume en un surplace délétère: comment servir sans desservir. Décor de théâtre surgi des Cités Obscures de Schuiten et Peeters, minimalisme “graphique” où perle une angoisse sourde, Jean Villemin distille un précis de Pataphysique s’enfonçant en des méandres kafkaïens. Matrix reloaded? F.DE
Safari
Safari
de Sabri Louatah, Flammarion, 236 pages.
Avec Safari, Sabri Louatah nous entraîne là où on ne l’attendait pas. En Amérique, d’abord, lui qui s’était distingué comme conteur d’une France à peine dystopique et éminemment politique. En plein thriller paranoïaque ensuite, alors qu’il avait remis au goût du jour avec Les Sauvages la forme du feuilleton. Safari évoque un romancier obsédé par la disparition mystérieuse de son père qui rédige des “safaris”, biographies fictives ou “tombeaux textuels” imaginant une vie possible à de chers disparus. A.E.
Le Lac de la création
Le Lac de la création
de Rachel Kushner, Stock, traduit de l’anglais (États-Unis) par Emmanuelle et Philippe Aronson, 480 pages.
Rachel Kushner revient avec Le Lac de la création, roman d’espionnage en milieu rural, où son héroïne infiltre un cercle de néo-ruraux saboteurs de méga-bassines. L’autrice profite de cette mission au cœur d’une France ultra-contemporaine qu’elle observe avec un œil cruel d’entomologiste pour imaginer un défilé de personnages qui se caractérisent par leur veulerie, du fils à papa à l’écrivain patrimonial incel, où seul submerge Bruno, néo-gourou “anarcho-primitiviste” fasciné par Néandertal. A.E.
La Faille
La Faille
de Blandine Rinkel, Stock, 240 pages. Sortie le 15/01.
Alors que le monde entier lui semble être à la recherche d’un refuge qu’il pense trouver dans la famille, Blandine Rinkel explore ce lieu dont “la capacité de nuisance est à la hauteur de son pouvoir de consolation”. Tout à la fois réflexion personnelle sur ces liens qui nous empêchent (au moins) aussi souvent qu’ils nous libèrent, carnet éclairé de lectures, et même lettre d’amour, La Faille réfléchit la famille en riche compagnie, convoquant notamment Maggie Nelson, Yorgos Lanthimos, Edouard Louis ou Franz Kafka. A.E.
Les Terres indomptées
Les Terres indomptées
de Lauren Groff, L’Olivier, 272 pages.
Après Matrix, consacré à la figure de Marie de France, poétesse et abbesse du XIIe siècle, Lauren Groff, qui s’est faite remarquée avec l’hyper-contemporain Les Furies, poursuit son exploration du roman historique avec Les Terres Indomptées, roman d’aventure qui nous plonge cette fois-ci au XVIIe siècle, dans l’Amérique d’avant les États-Unis. On y suit la trajectoire d’une jeune fille enfuie dans la forêt, qui reprend sa destinée en main en devenant l’héroïne de sa propre histoire, loin de la servitude. A.E.
J’emporterai le feu
J’emporterai le feu
de Leïla Slimani, Gallimard, 432 pages. Sortie le 23/01.
Leïla Slimani clôt sa trilogie Le Pays des autres avec J’emporterai le feu. On y retrouve les membres de la famille Belhaj, Amine et Mathilde, Aïcha et Mehdi, et désormais Mia et Inès, la troisième génération née dans les années 80. Elle y déploie ses talents de conteuse, croquant en quelques scènes clés le quotidien de cette famille dont l’écho résonne dans le cœur de bien d’autres, questionnant encore et toujours la profondeur des racines, le poids des traditions et le souffle de la liberté. A.E.
L’Ombre portée
L’Ombre portée
de Hugues Pagan, Rivages/Noir, 452 pages. Sortie le 15/01.
Vieux boucanier du polar hexagonal, Hugues Pagan est l’un des plus grands stylistes made in France avec Hervé Le Corre. Dans ces retrouvailles avec l’inspecteur principal Claude Scheinder (voir Le Carré des indigents), cet ancien de la guerre d’Algérie qui a lâché les amphétamines pour le gin sec traîne son spleen et sa mélancolie dans ce (grand) roman noir où les cadavres s’accumulent dans la Ville où notables et élus locaux sont à tu et à toi sur fond de franc-maçonnerie et de cérémonies occultes. PH.M.
L’Avenir
L’Avenir
de Stéphane Audeguy, Seuil, 272 pages.
“Et si ce qu’on appelait l’art, c’est-à-dire l’ensemble des choses qui rendent le monde habitable, en venait à disparaître, qu’adviendrait-il de nous?” À partir de l’effacement de La Joconde, puis de tout l’art figuratif, Audeguy dépeint rien moins que l’avènement de l’Apocalypse! Mélancolique, gorgé de visions saisissantes, un roman d’anticipation puissant, porté par une réflexion à la fois âcre et sensuelle sur la curation muséographique, notre rapport à l’art et aux images. Vertigineux. F.DE.
Sophia
Sophia
d’Éléonore de Duve, Corti, 88 pages. Sortie le 06/02.
Après Donato (Prix Espiègle de la première œuvre), la Bruxelloise Éléonore De Duve dessine le portrait tournoyant de Sophia -aux idées qui dansent- à travers une collection de 47 vignettes à rebours, s’amenuisant dans un jeu formel plein de sens jusqu’à la ligne finale. Que nous reste-t-il de la joie d’une existence après “un dernier sourire”, quand une tragédie plus ample s’en mêle? Ici, revenir à la singularité de l’individu, c’est participer à une forme de résistance digne et précieuse. A.R.
Une femme sur le fil
Une femme sur le fil
d’Olivia Rosenthal, Verticales, 160 pages.
En 1 000 fragments qui tantôt égarent tantôt illuminent, Olivia Rosenthal convie le lectorat à un cheminement de pensée vertigineux qui s’écrit en orbite de faits énoncés: Zoé est une fillette qui cherche à échapper -par la tangente, l’astuce et aussi, littérature aidant, par la narration non linéaire- aux gestes déplacés et menaçants de son oncle. Entre le récit et l’essai, Une femme sur le fil fait de nous des funambules sur le terrain mouvant du coq-à-l’âne car “rien de plus stérile qu’une droite”. A.R.
Un jeu sans fin
Un jeu sans fin
de Richard Powers, Actes Sud, traduit de l’anglais (États-Unis) par Serge Chauvin, 416 pages. Sortie le 05/02.
Chaque roman de Richard Powers est une gemme à couches sédimentées: crise climatique, intelligence artificielle en question, vie sous-marine ou intenses parties de go trouvent leur place ici, soutenus par un optimisme métaphysique. Son plateau de jeu est Makatea, atoll de Polynésie française jadis colonisé autour duquel graviteront Rafi et Todd (amis et rivaux intellectuels, l’un littéraire, l’autre branché tech), Evie Beaulieu (biologiste marine en fin de vie) et Ina Aroita (artiste et insulaire). A.R.
Un perdant magnifique
Un perdant magnifique
de Florence Seyvos, L’Olivier, 144 pages.
Jacques -beau-père d’Anna (la narratrice) et d’Irène- est un homme d’affaires “[qui ne vit] que dans la démesure” et semble détoner partout. La mère, elle, est inquiète par les découverts et les échéances. Dans les années 80, d’Abidjan au Havre, ce personnage contrasté, toujours au point de rupture, entraîne toute sa famille dans un tourbillon d’imprévisibilité. Avec nuances et équité, Florence Seyvos donne à lire une adolescence désaxée par cette présence masculine qui tantôt régissait tantôt dérèglait tout. A.R.
Carcoma
Carcoma
de Layla Martinez, Seuil, traduit de l’espagnol par Isabelle Cugnon, 160 pages.
Dans le sillon de Mariana Enriquez, un vent d’inquiétude et une atmosphère de conte noir semblent souffler pour un mieux sur les lettres hispanophones, en particulier chez les autrices. Parmi les nouvelles venues remarquées, Layla Martinez revisite dans Carcoma le trope de la maison hantée, viscérale et dangereuse. En alternant les voix d’une petite-fille et de sa grand-mère, elle laisse l’espace se charger de fantômes de la guerre civile, preuve que le genre horrifique est aussi bel et bien politique. A.R.
Patronyme
Patronyme
de Vanessa Springora, Grasset, 368 pages.
“À l’intérieur de mon propre nom résidait l’histoire de mon père et de mon grand-père, mais aussi la trajectoire du siècle dernier et de la géographie accidentée d’un continent entier.” S’interrogeant sur ce que son patronyme lui lègue de passé et de mémoire, Springora remonte le fil des destinées mouvementées de son père mythomane, et de son grand-père dont l’ombre plane “à la lisière du bien et du mal”. Une réflexion aussi sur ce que le patriarcat fait aux hommes, “voués à la guerre”, et ce que le déni fait aux familles. A.E.
Le volume du Temps, Tome 3
Le volume du Temps, Tome 3
de Solvej Balle, Grasset, traduit du danois par Terje Sinding, 288 pages.
On avait quitté Tara Selter, notre héroïne prisonnière du 18 novembre, sur une rencontre inattendue avec un codétenu de ce plis du temps nommé Henry Dale. Ils vont comparer leurs expériences, essayer de comprendre, et même emménager ensemble. Se pourraient-ils qu’il y aient d’autres personnes coincées dans cette même journée? On a beaucoup comparé Le Volume Du Temps à Un jour sans fin; Solvej Balle s’en éloigne un peu plus en enrichissant encore les aventures de Tara Selter, relançant sans cesse l’intérêt et la profondeur de cette saga majeure. M.R.
Le Livre des comptes
Le Livre des comptes
de Martin Mongin, Tusitala, 690 pages. Sortie le 15/01.
Revoici enfin Martin Mongin, avec un texte ÉNORME dans tous les sens du terme: il y est question d’un énigmatique ouvrage, d’un marginal versaillais, d’un raout politique… Après un prologue étourdissant démarre un roman utopique et singulier. S’y mêle Les Mille et Une Nuits, une satire politique à la Aurélien Bellanger, et des aventures façon Jules Verne. Avec Le Livre des comptes, le Breton chambarde (encore) les certitudes du romanesque, et prouve qu’il est bien, depuis l’incroyable Francis Rissin, le chien dans le jeu de quilles de la littérature francophone. M.R.
La Visite
La Visite
de Virginie Barreteau, Inculte, 228 pages. Sortie en février.
C’est Francis, un étonnant personnage, qui a motivé l’écriture de cette Visite. Fut un temps, ce dernier eut pour habitude de séjourner dans la fameuse Maison de Nanterre, qu’il considérait comme “le lieu idéal”. Virginie Barreteau va visiter cet ancien refuge pour marginaux en tous genres en sa compagnie. Les souvenirs encore vifs de Francis, et de l’époque qu’ils reconstituent, ne manqueront pas d’aussi raviver bien des choses en elle. Un récit touchant de bout en bout. M.R.
Bristol
Bristol
de Jean Echenoz, Les éditions de Minuit, 208 pages.
Robert Bristol, la quarantaine, est un cinéaste au succès tout relatif. Alors qu’il s’apprête à adapter le livre d’une célèbre romancière, il est embarqué malgré lui dans une série d’événements rocambolesques qui vont l’obliger à se faire discret, et accessoirement ruiner sa carrière. Le reste du casting de cette comédie noire pétillante est à l’avenant: un suicidé sans identité, une ancienne actrice nymphomane, une écrivaine qui fait penser à la Castafiore, un flic sans flair, un chef de milice africain… Orfèvre des mots, Echenoz compose un roman d’aventure loufoque qui démasque le comique tapi sous la tragédie. Un régal. L.R.
Francisco
Francisco
d’Alison Mills Newman, Zoé, traduit de l’anglais (États-Unis) par Serge Chauvin, 160 pages.
Roman largement autobiographique publié en 1974 et oublié depuis, Francisco raconte le quotidien d’une jeune Afro-Américaine dans l’Amérique des seventies. Libre et indépendante, Alison évoque son expérience de star précoce du petit écran et porte un regard doux-amer sur une scène indé californienne qui rêve de changer le monde. Dans un langage cru qui pulse comme une veine saillante, elle tacle le racisme ambiant, dénonce le sexisme, et n’hésite pas à égratigner les icônes de son propre camp, comme Jane Fonda ou Angela Davis. Un autoportrait pulp plein de fureur et de saines colères qui est autant une grenade littéraire qu’un manifeste politique. Get up, stand up! L.R.
Le Temps d’après
Le Temps d’après
de Jean Hegland, Gallmeister, traduit de l’anglais (États-Unis) par Josette Chicheportiche, 352 pages. Sortie le 15 janvier.
Dans la forêt a marqué les esprits. C’est dire si la suite de cette fable éco-féministe déchirante était attendue. On est quinze ans après l’effondrement de la civilisation et la décision des sœurs Nell et Eva d’aller vivre en autonomie complète dans les bois. Quasi le même âge que leur fils Burl, qui ne se satisfait plus de la danse, de la musique et des récits au coin du feu qui rythment le quotidien du trio. Malgré les dangers, le jeune homme est bien décidé à aller à la rencontre de des humains. Un nouveau personnage central donc, mais la même célébration lyrique de Mère Nature et les mêmes thèmes -la survie, l’initiation, la transmission… On ne résiste pas à l’appel de la forêt. L.R.
Tout le monde garde son calme
Tout le monde garde son calme
de Dimitri Kantcheloff, Finitude, 192 pages.
Amateurs de films de gangsters à la Georges Lautner et de dialogues satiriques à la Bertrand Blier, ce roman est pour vous. Au centre de ce pastiche sans complexe, et version CGT de Bonnie et Clyde, Victor Bromier, petit bourgeois licencié par un patron cynique, et Corine, militante très à gauche aussi sexy que tête-brûlée. Les extrêmes s’attirent, dit-on. Convaincu par la réthorique anti-capitaliste (et aussi par le charme) de la jeune révolutionnaire, Bromier se convertit à la lutte des classes, et même des casses, le duo se lançant dans une série de braquages pour la Cause, au son des hits (Talking Heads, tout ça) de l’époque. Une comédie noire rocambolesque, jazzy, nerveuse. On a adoré. L.R.
Tous passaient sans effroi
Tous passaient sans effroi
de Jean Rolin, P.O.L., 220 pages.
Sans préambule, le narrateur (Rolin lui-même?) nous détaille sa première demi-tentative de franchir à pied les Pyrénées depuis Saint-Girons. Encore un accro du trail? Pas vraiment. C’est surtout la mémoire qu’il escalade, empruntant les différentes routes foulées, parfois au péril de leur vie, par les “évadés de France”, comme on appelait ces Juifs, aviateurs ou résistants -parmi lesquels le philosophe Walter Benjamin- qui ont fui par le massif montagneux la France occupée. La plume ciselée de l’auteur fait des miracles pour redonner vie et chair à ces héros ordinaires. Ce pourrait être anecdotique, c’est au contraire passionnant et terriblement romanesque. L.R.
La Vallée
La Vallée
d’Arnaud Sagnard, Seuil, 224 pages.
Un codeur surdoué quitte sa petite vallée du Morvan et ses parents agriculteurs pour conquérir la grande, cette Silicon Valley pour laquelle il se croit prêt à tout. Mais lorsqu’une étrange start-up lui propose de participer à la création du Programme, capable de donner vie aux héros numériques et ainsi remettre en question les derniers équilibres du monde, la question se reposera: vallée ou Valley? Arnaud Sagnard aurait pu tirer un roman d’anticipation de sa bonne idée high tech; il en fait au contraire le terreau d’un récit plus terrien, ode à la nature et au vrai. O.V.V.
Halcyon
Halcyon
d’Elliot Ackerman, Gallmeister, 304 pages.
Imaginons qu’il y a 25 ans, Al Gore n’ait pas perdu d’un cheveu l’élection américaine face à George Bush; quatre ans plus tard, au début de son second mandat, un historien et un héros de guerre découvrent que son administration ont découvert le moyen de… conjurer la mort. On connaissait le Elliot Ackerman ancien marine plein de médailles et co-auteur de 2034 et 2054, des techno-thrillers d’anticipation sur fond de guerre nucléaire entre la Chine et les USA; on le découvre en solo dans une intrigue moins WTF qu’il n’y paraît, saisissante d’efficacité et de réalisme derrière la dystopie. O.V.V.
Atome 33
Atome 33
de Grégoire Osoha, Marchialy, 224 pages.
Sous-titré Histoire d’une lutte collective contre une pollution industrielle, le nouveau reportage tout en “slow journalism” des éditions Marchialy revient sur le scandale sanitaire qui touche depuis des lustres une petite ville du Québec, dans laquelle co-existent une fonderie de cuivre d’un géant mondial, et une population qui présente des taux d’arsenic, hautement cancérigènes, (très) au-dessus de la moyenne… Un “pitch” et une triste réalité qui font immédiatement penser à Mark Ruffalo dans Dark Waters: on y constate les mêmes dérives un peu folles du système. O.V.V.
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