Ionesco: le nom de la discorde

Eva Ionesco © BELGAIMAGE
Emma Pfister Stagiaire

Simon Liberati, auteur de Eva -biographie d’Eva Ionesco- est assigné en justice par la mère de cette dernière, Irina Ionesco. Elle s’oppose à la publication de certains passages qu’elle juge trop intimes. Le procès s’est ouvert lundi et pourrait bien mettre en péril la sortie très attendue de l’oeuvre littéraire déjà imprimée à 15.000 exemplaires.

Irina Ionesco. Son nom ne vous évoque peut être rien et pourtant cette photographe née en 1930 a alimenté la presse internationale. Dans les années 70, Irina Ionesco, photographe roumaine installée à Paris, connaît le succès grâce à des clichés pour le moins controversés. Pendant huit ans, elle photographie sa fille Eva, nue ou en bas résille alors seulement âgée de 4 à 12 ans. Une vision peut-être onirique de la réalité pour celle qui écrit sur son site: « Je ne conçois l’érotisme qu’à travers une dimension métaphysique. J’aime l’excès, l’onirisme, l’insolite. Aussi, je fais mienne cette phrase de Baudelaire: « Dans l’art, il n’y a que le bizarre qui soit beau ». »

C’est en 2011 qu’Eva Ionesco dénonce son enfance volée dans le film auto­biographique My little princess. Nommé dans 6 festivals de cinéma, sa première réalisation dénonce l’horreur du parcours d’une jeune fille, devenue égérie grâce à des clichés à la limite de la pornographie infantile. En décembre 2012, alors âgée de 47 ans, Eva Ionesco porte finalement plainte pour atteinte au droit à l’image et à sa vie privée. La photographe est condamnée par le tribunal de grande instance de Paris à verser 10.000 euros de dommages et intérêts à sa fille.

Et la famille n’a pas fini de faire parler d’elle. C’est à présent à Simon Liberati, auteur et compagnon d’Eva Ionesco de raconter la vie d’Eva dans une biographie éponyme. 15.000 exemplaires sont déjà imprimés et la date de publication est prévue pour le 19 août. Mais loin d’être au goût d’Irina Ionesco, elle assigne son gendre en justice pour atteinte à la vie privée. La photographe demande la suppression de certains passages ainsi que des dommages et intérêts. Un coup d’éclat qui pourrait bien mettre en péril la sortie du livre, selon les dires d’Emmanuel Pierrat, avocat de la photographe, dans les colonnes de l’Obs: « Les passages dont nous demandons la suppression sont tellement importants que je vois difficilement comment le livre pourrait être publié si le tribunal nous donnait raison. » Maître Anne Veil, l’avocate de Simon Liberati, parle quant à elle de « mort du livre » et rappelle l’ironie de la situation, puisque Irina Ionesco ne s’est pas inquiété de l’atteinte à la vie privée et a l’intimité de sa fille, qui posait lascivement, alors qu’elle était à peine pubère et qui lui ont rapporté un large salaire. Sans compter les tournages pornographiques et le prêt de sa propre fille à des photographes érotiques. Maître Anne Veil, entend également réfuter les accusations portées à l’encontre de Simon Liberati. Selon elle, les informations contenues dans l’ouvrage Eva ont déjà été divulguées par Irina Ionesco elle-même dans son autobiographie L’oeil de la poupée (Editions des Femmes).

Verdict le vendredi 7 août.

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