Idées cadeaux: livres et BD

Côté librairie, on vous emmène à la découverte d’intégrales de bandes dessinées et de recueils de photographies. Bien plus qu’à laisser traîner sur la table du salon.

Deux intégrales de rêve: Le chat du rabbin, par Joann Sfar, éditions Dargaud. Prix: environ 39 euros.

Le combat ordinaire, par Manu Larcenet, éditions Dargaud. Prix: environ 35 euros.

Avec Le combat ordinaire, Manu Larcenet décortique le questionnement d’un homme qui quitte l’insouciance d’une longue adolescence pour affronter les responsabilités de l’âge adulte. La disparition de son père, l’envie d’enfant de sa compagne et l’utilité de son boulot de reporter photo… ne sont qu’une infime partie des difficultés auxquelles il devra se mesurer. Bruts de décoffrage, sans fausse pudeur, les quatre tomes du combat ordinaire ont su toucher un large public par la tendresse et l’humour. On se retrouve tous dans les errances de Marco, cet humain en doute perpétuel à qui l’on n’a jamais appris les bons moments pour laisser tomber la cuirasse.

Plus cérébral dans son approche, Joann Sfar a donné la parole (même s’il la perd en cours de route) au chat d’un rabbin pour nous plonger dans l’Algérie des années 1930. Entre la fable philosophique et une réflexion sur la religion, on retrouve dans cette intégrale de 250 pages, une savoureuse comédie humaine truffée de personnages inoubliables. Des figures dignes des meilleurs comptes orientaux, même si pour le coup, ils ont des préoccupations très terre-à-terre et des réflexions sur le monde qui, parfois, ne détonneraient pas dans les meilleures fictions des Monty Python. (V.G.)

Trepass: une histoire de l’art urbain illicite, de Carlo McCormick, Marc et Sara Schiller, Ethel Seno, éditions Taschen, 320 pages. Prix: environ 30 euros.

Sauf dans sa version la plus sauvage et la plus épileptique, à savoir le tag, le street art a gagné une respectabilité qui se mesure en dizaines voire centaines de milliers de dollars dans les galeries les plus huppées de New York ou de Londres. Si cette « gentrification » n’est pas du goût des puristes qui redoutent légitimement que le pouvoir subversif du graffiti s’en trouve anesthésié, elle a au moins le mérite de dynamiter l’étiquette d’art mineur que lui collaient volontiers certaines âmes rances.

Ce livre somme, nouveau coup de maître des éditions Taschen, balayera les doutes des derniers sceptiques. Pas seulement par la richesse du catalogue présenté dans ce musée de papier (les oeuvres éphémères de 150 artistes à cheval sur quatre générations et autant de décennies), mais aussi et surtout par l’approche décloisonnée ayant présidé à l’entreprise. Les auteurs ne se contentent en effet pas d’aligner les photos de fresques et de pochoirs des meilleurs graffeurs de la planète, ils offrent un panorama XXL de l’art urbain illicite dans son ensemble. Les interventions paysagistes de JR, les détournements de pubs de Ji Lee, les performances barrées d’Alex Grey dans le métro new-yorkais ou les collages en prise directe sur la mémoire d’Ernest Pignon-Ernest se côtoient ainsi au fil des pages comme les branches d’un même arbre planté dans le bitume. Usant de toutes les ficelles esthétiques, ces hors-la-loi torpillent nos petites et grandes compromissions sans oublier de nous en mettre plein la vue. C’est ce qui s’appelle tout simplement de l’art. (L.R.)

Le sursis Intégrale, par Gibrat, éditons Dupuis. Prix: environ 24 euros.

Juin 1943. Caché dans le grenier de la maison de l’instituteur, Julien observe la vie quotidienne de son village natal où on le croit mort. Porté disparu à la suite du bombardement du train qui devait le conduire en Allemagne, il attend la fin de la guerre depuis son poste d’observation. Amour, haine, héroïsme et compromission… Devant ses yeux, la France occupée joue une pièce dans laquelle il se sait en sursis. L’oeuvre d’un des grands de la BD contemporaine. (V.G.)

Joy Division, photographie de Kevin Cummins, éditions Rizzoli, 208 pages. Prix: environ 30 euros.

On entre dans ce livre consacré à Joy Division comme dans l’antre d’un fan, entouré de ce qui a survécu au mythe. Pages oranges et blanches s’y renvoient la lumière autour des témoignages de Jay McInerney ou Bernard Sumner avant d’introduire les images devenues icônes de Kevin Cummins: des photos rares et magiques du clan de Ian Curtis, témoins de leur Manchester morne et brouillardeux d’origine, de ses ponts enneigés, des concerts qui cognent et des lumières braquées sur l’intensité et la sueur. (Y.P.)

New York: portrait d’une ville, de Reuel Golden, éditions Taschen, 572 pages. Prix: environ 50 euros.

Décidément, ils sont forts, chez Taschen, pour proposer des livres-monstres à des prix de pacotille. Passons vite sur le choix de la couverture, pas très inspiré, pour entrer dans un portrait grisant de l’histoire de New York: une véritable somme composée des visions de photographes, de cinéastes, d’anonymes ou d’auteurs (Dos Passos, Salinger ou DeLillo sont de la party) le long de 600 pages qui nous rappellent, par exemple, que le Flatiron Building fut un temps le sommet de la Grosse Pomme… (Y.P.)

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