En images: les happy few d’Annie Leibovitz
Barack Obama, Melania Trump, Stephen Hawking, Miley Cyrus ou la reine d’Angleterre. Annie Leibovitz compile ses portraits flamboyants de la dernière décennie dans un livre aux airs de bottin mondain. Chic planète.
Comme Richard Avedon ou Helmut Newton, elle est aussi connue que les stars qui défilent depuis les années 1970 devant son objectif. Figurer au tableau de chasse d’Annie Leibovitz, 68 ans, New-Yorkaise jusqu’au bout des ongles, c’est non seulement décrocher son certificat de notoriété planétaire mais aussi se payer un surplus d’honorabilité. Un peu comme les bourgeois du xixe quand ils allaient se faire tirer le portrait chez Ingres.
Il faut dire que l’Américaine, à qui l’on doit des dizaines de pubs pour des marques prestigieuses et autant de couvertures classieuses pour les magazines Rolling Stone et Vanity Fair, n’a pas son pareil pour sanctifier ses modèles à travers des décors souvent spectaculaires qui soulignent les traits saillants de leur personnalité. Leonard Cohen, yeux clos, affalé dans un fauteuil comme s’il habitait sa propre musique, Rihanna accoudée dans un bar de La Havane baigné d’un intense halo rouge… Fruit d’un long travail de préparation, chaque image se veut définitive, iconique, même si l’effort pour atteindre cette perfection ne se fait jamais sentir.
Ce qui frappe d’ailleurs dans ces 150 natures vivantes – essentiellement des célébrités, des artistes et des intellectuels -, c’est que la photographe ne cherche jamais à imposer son style, elle l’adapte à la personne – univers de film noir pour Helen Mirren et Kate Winslet, glacis scintillant et narcissique pour le couple West – Kardashian -, sans pour autant se départir d’une certaine élégance aristocratique ni de cette patine sombre qui rapproche son travail de la peinture ancienne.
L’intelligentsia a trouvé sa portraitiste officielle. Une artiste exigeante avec ses « clients » comme elle l’est avec elle-même. Jusqu’à regretter dans la postface « que mes photos n’aient pas plus de tranchant », même si Annie Leibovitz admet dans la foulée ne pas être « ce genre de photographes ». Pas de crudité à la Nan Goldin ni d’outrance esthétique à la David LaChapelle dans ce who’s who sans aspérités mais pas sans âme. « L’intérêt de mon oeuvre réside davantage dans l’accumulation des images. Elles se font écho et deviennent les éléments d’une plus grande histoire. » Une histoire sublimée par son regard de velours.
Annie Leibovitz: portraits 2005-2016, éd. Phaidon, 316 p.
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