En images: 63 idées cadeaux qui font rêver
Illustrations: Zeina Abirached
Si sa cohérence reste, somme toute, fort relative -les quatre films proposés sont réunis ici au nom de leur caractère « dystopique » ou contre-utopique-, rien à jeter dans ce coffret qui mixe l’anticipation satirique et ultraviolente (A Clockwork Orange) et la SF allégorique culte (The Matrix), un rollercoaster infernal aux fantasmes chromés (Mad Max: Fury Road) et un louable survival post-apocalyptique (I Am Legend). Qu’importe le flacon… N.C.
DISTRIBUÉ PAR WARNER. PRIX: ENVIRON 40 EUROS.
C’est LE coffret cinéma de cette fin d’année! Le chef-d’oeuvre absolu qu’est A Touch of Zen (1971) et le déjà superbe Dragon Inn (1967) réunis en Blu-ray pour la gloire méritée de l’immense King Hu. Le maître chinois du film de sabre (wuxia) est doublement au sommet. D’excellents bonus éclairent certains mystères et l’influence des plus manifestes sur plein de cinéastes (Tarantino s’est amplement servi chez Hu!). Urgent et définitif. L.D.
DISTRIBUÉ PAR TWIN PICS. PRIX: ENVIRON 40 EUROS.
Cornaquée par l’ex-scénariste de Lost Damon Lindelof et adaptée d’un roman de Tom Perrotta, The Leftovers s’appuie sur un pitch étonnant: un 14 octobre, 2% de la population mondiale se sont volatilisés, sans raison apparente, obligeant ceux qui restent à se confronter à un étrange deuil de masse. Assez obscure dans ses intentions, la série déroule une ambiance singulière, très consciente de sa force intérieure mais aussi capable de vraies fulgurances. G.V.
DISTRIBUÉ PAR WARNER. PRIX: ENVIRON 60 EUROS.
Du très bon (Goodfellas de Scorsese), du bon (Black Mass avec Johnny Depp) et du moins bon (Gangster Squad avec Sean Penn et Ryan Gosling) pour un coffret reprenant au format Blu-ray trois films de gangsters dont l’ultra violence est le principal point commun. On aime la peinture saisissante du milieu mafieux dans le premier, l’interprétation fascinante de Depp dans le deuxième, et… pas grand-chose dans le troisième, poids mort d’un coffret sinon bien saignant! L.D.
DISTRIBUÉ PAR WARNER. PRIX: ENVIRON 25 EUROS.
Souvent présentée comme le pendant gay et san-franciscain de Girls, Looking s’intéresse au quotidien déboussolé d’un trio de trentenaires arrivés à un tournant décisif de leur existence. Avec son esthétique un poil Instagram, la série zigzague entre les poncifs sur Frisco et sa communauté homosexuelle, réussissant à faire exister une galerie de personnages attachants. En tout, 18 épisodes d’une trentaine de minutes et un hors-saison de clôture au format téléfilm. N.C.
DISTRIBUÉ PAR WARNER. PRIX: ENVIRON 50 EUROS.
L’histoire? Celle du Dr John Thackery, chirurgien en chef d’un célèbre hôpital new-yorkais, le Knickerbocker. On est au début du XXe siècle, et les techniques d’opération évoluent comme elles peuvent. Cocaïnomane patenté, Thackery est aussi un chirurgien de génie, en avance sur son époque. Rapidement, un autre praticien de talent rejoint le service: le docteur Algernon Edwards, dont les capacités seraient célébrées à leur juste valeur s’il n’était noir. A la vie quotidienne d’un hôpital, au destin d’un héros perturbé et aux progrès historiques de la médecine se greffe donc la chronique d’un racisme virulent. Steven Soderbergh (Sexe, mensonges et vidéo, Ocean’s Eleven) dirige tous les épisodes de la série dans une sobriété quasi chirurgicale, laquelle contraste avec le réalisme parfois difficile à soutenir des opérations proprement dites. Mieux vaut avoir le coeur bien accroché… A ce détail près, The Knick se révèle comme une oeuvre sérieuse et maîtrisée. Vingt épisodes d’une cinquantaine de minutes augmentés d’un disque bonus. G.V.
DISTRIBUÉ PAR WARNER. PRIX: ENVIRON 60 EUROS.
En 2011, cette série papale créée pour Canal+ par le showrunner superstar Tom Fontana (Homicide, Oz) a été, hasard des inspirations, propulsée sur antenne au même moment ou presque que The Borgias de la chaîne américaine Showtime, qui retrace une saga identique avec des partis pris scénaristiques un brin différents. Alternant, comme d’autres, sexe et stratégie politique et militaire, la série n’étonne peut-être pas mais reste très fréquentable. G.V.
DISTRIBUÉ PAR UNIVERSAL. PRIX: ENVIRON 40 EUROS.
Le prénom du cinéaste s’affiche en rouge et en grand sur le coffret de ses cinq longs métrages: « Felix ». « Van Groeningen Collection » suit, signalant l’intégrale en DVD du plus passionnant des jeunes réalisateurs flamands de ces dernières années. De Steve + Sky à Belgica en passant par Dagen zonder lief, La Merditude des choses et le bouleversant Alabama Monroe, neuf heures de bon cinéma et de vibrante humanité. L.D.
DISTRIBUÉ PAR LUMIÈRE. PRIX: ENVIRON 30 EUROS.
Le concept? Une énorme cuite, un trou de mémoire de la taille d’un cratère et le reste du film pour tenter de rassembler les pièces du puzzle. Sur ces bases joyeusement régressives, le premier The Hangover fait le boulot, le deuxième copie plus ou moins paresseusement la formule gagnante et le troisième se prend trop au sérieux. A regarder dans l’ordre et en picolant entre potes, donc, histoire d’oublier la nette baisse de régime. N.C.
DISTRIBUÉ PAR WARNER. PRIX: ENVIRON 30 EUROS.
Costa-Gavras méritait bien cette intégrale dont le premier (de deux) volume nous est aujourd’hui présenté avec en couverture une très belle photo du cinéaste en pleine réflexion. Le réalisateur de Z et de L’Aveu a su allier grands sujets aux accents politiques et intrigues prenantes, définissant au tournant des années 60 et 70 un cinéma tout à la fois populaire et engagé. Celui qu’avait révélé un solide polar (Compartiment tueurs en 1965) s’affirmait simultanément homme de spectacle et conscience révoltée face aux totalitarismes en Grèce (Z), Tchécoslovaquie (L’Aveu), Uruguay (Etat de siège) ou France occupée (Section spéciale). Le coffret propose neuf films et s’interrompt en 1983. Il contient le meilleur d’une oeuvre où brillent aussi des comédiens au sommet de leur art, comme Yves Montand (l’acteur fétiche de Costa) mais aussi Romy Schneider (Clair de femme) et Jack Lemmon (Missing). L.D.
DISTRIBUÉ PAR TWIN PICS. PRIX: ENVIRON 89 EUROS.
Robert Ludlum n’aura pas eu le bonheur de voir fleurir au grand écran la saga inspirée par son héros, ex-tueur de la CIA devenu amnésique et cherchant son passé tout en défiant ses anciens patrons. Le romancier est mort en 2001, un an avant que ne sorte le premier film de la série: The Bourne Identity. Allaient suivre The Bourne Supremacy en 2004 puis en 2007 The Bourne Ultimatum. A cette trilogie directement adaptée des trois romans consacrés à Bourne par Ludlum allaient s’ajouter deux autres films: The Bourne Legacy (2012) et Jason Bourne (2016). Sans aucun doute une des sagas cinématographiques les plus constantes en qualité, la série nous revient en intégrale bien conçue, au format Blu-ray et augmentée de très nombreux bonus. Outre Ludlum, trois hommes sont à louer pour cette impressionnante réussite du thriller d’espionnage et d’action paranoïaque. Tony Gilroy, scénariste de quatre des cinq films (seul le dernier n’a pas été écrit par lui) et réalisateur de The Bourne Legacy. Paul Greengrass dont le grain réaliste et la percutante énergie de cinéaste accompli s’expriment dans les trois films qu’il a réalisés (The Bourne Supremacy, The Bourne Ultimatum et Jason Bourne). Et bien sûr Matt Damon, incarnation puissante d’un personnage entre machine à tuer et être humain hanté. La saga est la sienne, même si Jeremy Renner fut poussé au premier plan dans The Bourne Legacy… L.D.
DISTRIBUÉ PAR UNIVERSAL. PRIX: NON COMMUNIQUÉ.
Que des grands classiques au menu de ce bel ensemble célébrant le talent et la présence d’un acteur hors norme. Jean Renoir (La Grande Illusion, La Bête humaine), Marcel Carné (Le jour se lève), Julien Duvivier (Pépé le Moko) et Jacques Becker (Touchez pas au grisbi) offrent à Gabin des rôles tous mémorables. Avec un accent sur des personnages que la fatalité poursuit. Dans trois des cinq films, le héros se suicide à la fin… Beaux bonus sur certains DVD. L.D.
DISTRIBUÉ PAR UNIVERSAL. PRIX: ENVIRON 20 EUROS.
La série, estampillée BBC, a tiré sa révérence l’an dernier après quatre saisons mais un ensemble de seulement seize épisodes, tous rassemblés ici. Centrée autour d’un flic aussi talentueux que borderline, Luther puise moins son originalité dans un scénario parfois convenu que dans un ton résolument unique, cocktail alchimique d’iceberg dramatique et de polar bulldozer. Dans un Londres pluvieux, le magnétisme d’Idris Elba fonctionne à plein régime. G.V.
DISTRIBUÉ PAR UNIVERSAL. PRIX: ENVIRON 30 EUROS.
Le fantastique Kubo et l’armure magique de Travis Knight aura marqué l’année cinéma de son empreinte animée. Ce coffret Blu-ray gavé de suppléments sympas vient nous rappeler fort à propos que le studio portlandais Laika s’était déjà précédemment fendu d’une savoureuse triplette de films évoluant dans des univers gothiques à la noirceur assumée et s’employant avec panache à entretenir la flamme de l’animation en stop motion (image par image). Plaisir! N.C.
DISTRIBUÉ PAR UNIVERSAL. PRIX: ENVIRON 25 EUROS.
En trois saisons s’étalant de 2007 à 2012, elle fut sans doute, dans un style sec et tranchant hyper caractéristique, la meilleure ambassadrice de la fameuse vague de fictions télé scandinaves qui commençait alors à sévir. Faisant grand cas des embrouilles politiques qui sous-tendent ses intrigues à ramifications multiples, Forbrydelsen (ou The Killing, nom qu’a d’ailleurs repris son plus anecdotique remake américain) préfigure au fond sur bien des points la série Borgen, que cornaqueront dans la foulée les mêmes producteurs danois. Bien plus qu’un simple ersatz lynchéen -la délirante étrangeté et l’humour ravageur de Twin Peaks en moins- que ses débuts laissaient craindre, The Killing emboîte le pas de Sarah Lund (épatante Sofie Gråbøl, vue récemment dans Fortitude), enquêtrice aux légendaires pull-overs à grosse maille et au degré d’implication quasi pathologique. Le coffret se compose de 40 épisodes d’une cinquantaine de minutes avec, à la clé, un final littéralement renversant. N.C.
DISTRIBUÉ PAR UNIVERSAL. PRIX: ENVIRON 30 EUROS.
Enfant des cinémas grindhouse qui peuplaient la 42e rue façon Cour des Miracles à New York durant les années 60, Frank Henenlotter est le prototype même de l’auteur de films d’exploitation -sales et méchants comme il se doit. C’est dans une Grosse Pomme pourrie jusqu’au trognon que prend logiquement place son premier long métrage, Basket Case, en 1982. Soit le récit trash et malsain, assaisonné d’humour grotesque, de la relation qui unit le jeune Duane à son frère siamois Belial, aberrant amas de chair à l’allure de pieuvre écrasée qui vit dans un panier depuis qu’ils ont été séparés de force par des médecins dont ils sont bien décidés à se venger. Réalisé avec un budget dérisoire, un peu de latex, de l’adhésif et d’épaisses giclées d’hémoglobine tomato-ketchup, Basket Case mélange la comédie gore et l’horreur artisanale avec une truculence brutale. Cultissime, le film connaîtra deux suites, réalisées en 1990 et 1991, où Henenlotter, jouant la surenchère de monstres, ose le grand écart entre l’éloge revanchard de la différence façon Freaks de Tod Browning et le mauvais goût total à la Pink Flamingos de John Waters. On retrouve un appétit similaire pour l’érotisme crado, les visages grimaçants, les corps élastiques et difformes dans son Frankenhooker de 1990, variation cintrée sur le roman de Mary Shelley où l’outrance dégénérée s’impose en unique ligne de conduite -cette scène, anthologique, où des prostituées explosent les unes après les autres. Vendu séparément, chaque film est proposé dans un nouveau master haute définition par l’indispensable éditeur français Carlotta. Grâce lui en soit rendue. N.C.
DISTRIBUÉS PAR TWIN PICS. PRIX: ENVIRON 15 EUROS LE BLU-RAY.
Après L’Etrangleur de Boston et autres Inconnus dans la ville, Carlotta poursuit la réédition de l’oeuvre de l’excellent Richard Fleischer avec la sortie d’un coffret réunissant trois films du début des années 70. Soit, dans l’ordre chronologique, le thriller Terreur aveugle, le drame L’Etrangleur de la place Rillington et le polar Les flics ne dorment pas la nuit, venus éloquemment illustrer le talent d’un maître trop souvent négligé. Indispensable. J.F.Pl.
DISTRIBUÉ PAR TWIN PICS. PRIX: ENVIRON 60 EUROS.
On ne change pas une équipe qui gagne, et trois ans après leur apparition à l’écran, les illusionnistes robins des bois d’Insaisissables remettaient le couvert l’été dernier pour de nouvelles aventures échevelées. Soit, porté par un casting impressionnant (Jesse Eisenberg, Mark Ruffalo, Daniel Radcliffe…), un divertissement tout ce qu’il y a d’efficace, servi en coffret, et même dans une édition spéciale (photo) proposant des tours de magie vus dans les films. J.F.Pl.
DISTRIBUÉ PAR BELGA. PRIX: ENVIRON 30 EUROS.
Maousse costaud, ce coffret consacré à la tournée mythique et controversée de 1966 pendant laquelle Bob Dylan parcourut les Etats-Unis, l’Europe et l’Australie entre son coming out électrique et son accident de moto. A l’exception de son concert à Manchester, quatrième volet de ses Bootleg Series, quasiment tous ces enregistrements restaient encore inédits. Et ce dans quelque format que ce soit. Trente-six disques pour occuper vos longues soirées d’hiver. J.B.
DISTRIBUÉ PAR COLUMBIA/LEGACY. PRIX: ENVIRON 100 EUROS.
Après la furie des Sex Pistols, John Lydon formera rapidement Public Image Ltd. Aux éructations incendiaires succède alors une musique beaucoup plus lente, plombée, expérimentale. La rage a laissé la place au malaise. Sorti en 1979, Metal Box est le deuxième essai de Pil, publié à l’époque sous la forme de trois maxis, enfermés dans une boîte en métal. Il ressort aujourd’hui, en même temps qu’Album (1986), tous les deux gonflés d’inédits, répartis sur quatre CD. L.H.
DISTRIBUÉ PAR VIRGIN. PRIX: ENVIRON 55 EUROS.
Il faut avoir la bourse bien remplie et aimer casser sa tirelire pour offrir des cadeaux de Noël mais c’est le genre de fête de fin d’année dont l’heureux bénéficiaire se souviendra. Vingt-sept disques (DVD et Blu-ray compris), cinq 45 Tours, des répliques d’affiche et de tickets de concert… Douze heures et demie de musique et plus de quinze heures de vidéo. Roger Waters et ses sbires se sont plongés dans leurs imposantes archives pour mieux explorer les débuts de leur carrière. On fait une cagnotte? J.B.
DISTRIBUÉ PAR PARLOPHONE. PRIX: ENVIRON 500 EUROS.
Ceci n’est pas un disque, c’est un manifeste. Dès la pochette, devenue culte, Endtroducing… se pose en effet comme pierre angulaire de l’art du sampling. Sorti en 1996, le disque est composé quasi uniquement d’échantillons, extraits des vinyles collectionnés par DJ Shadow. Avec ce premier album, l’Américain réalisait une passionnante épopée sonore, entre hip hop planant et electronica capiteuse. Vingt ans après, une nouvelle édition deluxe cumule démos, versions live, prises alternatives, remix… L.H.
DISTRIBUÉ PAR ISLAND. PRIX: ENVIRON 25 EUROS (ÉDITION CD).
Cela fait (plus ou moins) 20 ans que le collectif Jaune Toujours fait bouillir sa marmite musicale. Un fameux stoemp en l’occurrence, la formation bruxelloise n’ayant jamais cessé de mélanger rock musette, pompe des Balkans, saveurs du monde et engagement punk. Le tout emmené par l’accordéon de Piet Maris, premier de cordée d’une aventure qui a déjà produit huit albums, tous rassemblés aujourd’hui dans un box, comprenant aussi la double compil’ 20sth (disponible aussi séparément). L.H.
DISTRIBUÉ PAR CHOUX DE BRUXELLES. PRIX: ENVIRON 65. EUROS.
« Je viens de remasteriser chacun de mes albums pour profiter des nouvelles technologies », annonçait-il quelques semaines avant son grand départ. C’était la dernière lubie de Lou Reed, cet obsessionnel du son, avant qu’il ne s’en aille le 27 octobre 2013, emporté, à 71 ans, par des complications dues à une greffe du foie. L’ancien chanteur du Velvet Underground y aurait passé plus d’un an. Sans surprise, comme son nom l’indique, The RCA and Arista Album Collection rassemble les quatorze premiers albums studio (et solo) du grand méchant Lou sortis sur les labels RCA et Arista entre 1972 et 1986 et y joint deux live: Rock’N’Roll Animal et Take No Prisoners. « C’était si beau que ça m’a fait pleurer. Je suis très affecté émotionnellement par le son », déclarait Reed dans l’une de ses dernières interviews. Tatillon, le mari de Laurie Anderson poursuivait une véritable quête… Une quête du son parfait.
« C’est fantastique. Plus je suis mauvais et mieux ça se vend. Si je n’étais pas sur le disque la prochaine fois, je serais sûrement numéro 1 », ricanait-il (sans pouvoir s’empêcher de préciser que la production était « la plus baveuse possible ») au sujet de Sally Can’t Dance sur lequel il n’avait fait que donner de la voix. C’est qu’on parle d’un mec qui, dans son coin, avait réalisé un mixage personnel du troisième Velvet dans lequel il avait mis son timbre nonchalant en avant (closet mix). Un chouette et intrigant moyen de redécouvrir Transformer, Berlin et autre Coney Island Baby. J.B.
DISTRIBUÉ PAR RCA/LEGACY. PRIX: ENVIRON 130 EUROS.
Par son absence, Bowie aura marqué l’année 2016. Après l’ultime album (Blackstar), la bande originale de la pièce de théâtre (Lazarus), et un nouveau best of (Bowie Legacy), il faut encore évoquer la sortie du coffret Who Can I Be Now?, paru cet automne. Succédant à l’imposant Five Years, couvrant la période 1969-1973, Who Can I Be Now? se concentre sur les années 1974-1976. Soit la séquence qui voit Bowie opérer une première mutation radicale, passant d’un dernier coup d’éclat glam suffocant (Diamond Dogs) à la soul plastique de Young Americans, pour aboutir aux expérimentations glaciales de Station to Station, sous les traits du Thin White Duke. Les trois albums sont ici réédités et remasterisés. Ils sont encore accompagnés du David Live de 1974, du Live Nassau Coliseum ’76, ainsi que de l’inédit The Gouster, considéré comme une sorte d’ébauche de Young Americans. Très attendu, cet « album perdu » s’avère certes un poil décevant. Mais sans que cela ne diminue la richesse d’un coffret centré sur une période d’une richesse musicale tout bonnement étourdissante. L.H.
DISTRIBUÉ PAR PARLOPHONE. PRIX: ENVIRON 130 EUROS (ÉDITION CD).
Mythique cliché qui a fait le tour du monde (francophone du moins), la photo en question prise en janvier 1969 par Jean-Pierre Leloir réunit trois des plus grands héros de la chanson française (Georges Brassens, Léo Ferré et Jacques Brel) en train de taper la discute en fumant autour d’une table encombrée de bouteilles. Ce coffret Deluxe rassemble un documentaire et trois compilations. Chacune dédiée à l’un de ces monstres sacrés. J.B.
DISTRIBUÉ PAR MCA. PRIX: ENVIRON 17 EUROS.
C’est dans une boîte crânienne sculptée en résine (son logo de l’époque en 3D physique) que se cache le premier album de Cypress Hill dans ce coffret collector célébrant ses 25 balais bien tapés. Les pionniers du hip hop west coast y ont aussi fourré un vinyle et un livre compilant photos d’archives et interviews. Un cadeau qui célèbre le rap enfumé et en jette sur la cheminée, à côté du bang et de la chicha. J.B.
DISTRIBUE PAR GET ON DOWN. PRIX: ENVIRON 130 EUROS.
Il y a 25 ans (ça ne nous rajeunit pas) sortait Out of Time. Le septième album de R.E.M. Celui qui allait le catapulter avec Losing My Religion et Shiny Happy People sur le devant de la scène et à la tête des charts. Pour fêter ce quart de siècle, Universal coffre la bande à Michael Stipes sur trois LP’s (ou trois CD’s) et un Blu-ray. Un package qui réunit l’album d’origine, des maquettes, une chanson inédite et les clips qui allaient avec. J.B.
DISTRIBUÉ PAR UNIVERSAL. PRIX: ENVIRON 55 EUROS.
Revenu récemment aux affaires avec la série d’albums baptisée Electronica, le vétéran Jean-Michel Jarre reste un personnage à part. Pionnier de la French Touch pour les uns, artiste coupable d’élans scéniques par trop mégalo pour les autres, il laisse rarement indifférent. Dans tous les cas, on ne pourra lui contester d’avoir marqué la scène française. Notamment via son premier album électronique, le classique Oxygène, sorti en 1977, et vendu depuis à quelque 18 millions d’exemplaires. En le réécoutant 40 ans après les faits, le disque a forcément vieilli, la surprise étant de trouver l’objet finalement moins kitsch que délicieusement suranné. En 1997, Jean-Michel Jarre avait déjà prolongé l’oeuvre avec un deuxième volume. Vingt ans plus tard, il remet une dernière couche, Oxygène 3 ajoutant sept morceaux aux treize précédents. Le compte est bon pour ce qui constitue désormais une trilogie, disponible notamment dans une version deluxe, comprenant les trois albums en format CD et vinyles, ainsi qu’un beau livre. L.H.
DISTRIBUÉ PAR SONY. PRIX: ENVIRON 150 EUROS.
C’est une belle histoire que celle de Pierre Commoy, photographe, et Gilles Blanchard, peintre formé aux Beaux-Arts de Paris. Leur rencontre en 1976 a débouché sur l’oeuvre que l’on sait. Pour fêter cet anniversaire, Troncy et Obrist donnent à feuilleter leur album de famille, année après année. On y croise les stars qui se sont pressées aux portes de leur studio, d’Etienne Daho à Nina Hagen, en passant par Serge Gainsbourg. L’occasion est belle pour verser une larme rose sur le temps qui passe et se rappeler combien ce tandem inspiré a offert au temps présent ses nouvelles icônes. M.V.
DE ÉRIC TRONCY ET HANS ULLRICH OBRIST, ÉDITIONS FLAMMARION, 384 PAGES. PRIX: ENVIRON 50 EUROS.
Cent ans que ça dure, et le volatile n’a pas perdu une plume dans l’aventure: l’« hebdomadaire satirique du mercredi » se porte comme un charme, mêlant toujours humour, crobards, indépendance et enquêtes fouillées comme aucun autre organe de presse. Cet « Esprit Canard » profite de son centenaire pour multiplier rendez-vous et beaux livres: celui-ci fait plus de 600 pages et reproduit plus de 2 000 articles et dessins, en plus de traiter sa passionnante histoire sous la forme d’un roman. O.V.V.
DE PATRICK RAMBAUD, AVEC LAURENT MARTIN ET BERNARD COMMENT, ÉDITIONS DU SEUIL, 608 PAGES. PRIX: ENVIRON 50 EUROS.
Dans un Moyen Âge fantasmé, Morue, le vilain petit canard du village, est transformé par une fée maligne en la plus belle femme du monde. Elle va rendre fous d’abord les hommes du bourg avant d’enflammer le monde. Une intégrale en noir et blanc (et or) de cette belle et puissante fable sur l’apparence était déjà parue il y a deux ans. Depuis belle lurette épuisée, la voici revenue, parée des belles couleurs originales du coloriste et scénariste, augmentée d’une fin alternative inédite. C.B.
DE HUBERT & KERASCOËT, ÉDITIONS DUPUIS, 160 PAGES. PRIX: 28 EUROS.
Réédité seize fois en un demi-siècle, traduit dans 30 langues et toujours aussi indémodable. Cette bible de l’Histoire de l’art, qui s’offre une nouvelle toilette à la veille des fêtes, réussit l’impensable: embrasser d’un regard le patrimoine artistique de l’humanité, des peintures rupestres d’il y a 12 000 ans aux déflagrations esthétiques du XXe siècle. Dans un langage clair et précis, Gombrich accroche un à un les principaux wagons d’une épopée en mouvement perpétuel. Idéal pour s’initier ou simplement se rafraîchir la mémoire. L.R.
DE ERNST HANS GOMBRICH, ÉDITIONS PHAIDON, 688 PAGES. PRIX: ENVIRON 70 EUROS.
Parti dans la jungle amazonienne, Yann Gross expose ses errances visuelles au fil du gigantesque fleuve. Photos, bien sûr, mais aussi bribes de dialogues et légendes décalées: le Suisse interroge les clichés romantiques attachés à la forêt tropicale et au bon sauvage, ainsi que les enjeux de développement d’une région épique, entre pétrole, caoutchouc et cocaïne. Pseudo-chamans, directeur de compagnie pétrolière, vrais Tarzans, porte-parole de tribus, fils de missionnaires américains ou encore miss Amazonie: un véritable art du portrait et de la mise en scène. Voyage voyage. Y.P.
DE YANN GROSS, ÉDITIONS ACTES SUD, 224 PAGES. PRIX: ENVIRON 29 EUROS.
Si l’âge d’or de Hollywood a fait l’objet d’une littérature abondante, il n’existait aucun ouvrage de référence relatant de manière détaillée la carrière des actrices de l’avènement du parlant, à la fin des années 30, au déclin du système des studios, au milieu des années 50. C’est aujourd’hui chose faite avec ce dictionnaire érudit amoureusement composé par Antoine Sire et réunissant des portraits fournis organisés dans une perspective d’ensemble, suivant un spectre allant de Norma Shearer à Kim Novak. Indispensable. J.F.Pl.
D’ANTOINE SIRE, ÉDITIONS INSTITUT LUMIÈRE/ACTES SUD, 1266 PAGES. PRIX: ENVIRON 60 EUROS.
La légende veut que c’est parce qu’il avait un besoin désespéré d’argent que Kenneth Anger (1927-) s’est lancé dans l’écriture de Hollywood Babylone. Idéalement positionné pour recueillir les confessions de l’industrie du rêve, le cinéaste y tissait la légende honteuse, trash et rampante du tout Hollywood. Jean Harlow, Marlene Dietrich et Chaplin ne sont que quelques-uns des protagonistes de ces histoires de débauches, de cruautés, de chantages, d’addictions, ou de manipulations. Réédité ici en version illustrée (une centaine de clichés issus de la collection personnelle de l’auteur), un livre culte et longtemps interdit de la contre-culture qui fera des étincelles, pas forcément féériques, sous le sapin. Y.P.
DE KENNETH ANGER, ÉDITIONS TRISTRAM, 282 PAGES. PRIX: ENVIRON 35 EUROS.
Dédié à la mémoire de son très aimé père Bob Calle, cancérologue et collectionneur d’art récemment disparu, Ainsi de suite est le nouveau catalogue rétrospectif des bonnes oeuvres de Sophie Calle, de 2003 à nos jours. Amours, ruptures, histoire familiale, deuils… Celle qui est photographe, écrivain et réalisatrice a su faire des chapitres de sa vie intime le moteur d’oeuvres atypiques, performances ludiques, poétiques ou provocantes -un profil résolument singulier dans le paysage de l’art conceptuel. Livre-somme qui ravira les tables de salon ou celles de chevet, Ainsi de suite présente un parcours thématique de près de 30 séries. Treize ans d’idées incongrues et de projets toujours plus profonds qu’il n’y paraît, et un constat: depuis 2003, Sophie Calle n’aura pas chômé. L’imaginative Française aura ainsi photographié, dans un musée de Boston, le vide laissé par des toiles cambriolées, avant de demander au personnel des lieux de lui décrire de mémoire les tableaux manquants (Last Seen), invité des personnes devenues aveugles à lui raconter leur ultime vision et tenté de mettre en scène ces souvenirs (La Dernière Image), emmené devant la mer des habitants d’Istanbul qui ne l’ont jamais vue et filmé leur première fois (Voir la mer), demandé à 107 femmes d’interpréter sous un angle professionnel un mail de rupture amoureuse qui lui avait été envoyé et auquel elle n’avait pas su répondre (Prenez soin de vous), ou encore installé une cabine téléphonique sur un pont de Paris -cabine dont elle était la seule à connaître le numéro, qu’elle composait de manière aléatoire en attendant que quelqu’un veuille bien lui répondre (La Cabine téléphonique)… Irrésistible. Y.P.
DE SOPHIE CALLE, ÉDITIONS XAVIER BARRAL, 508 PAGES. PRIX: ENVIRON 65 EUROS.
Il ne manque pas d’ouvrages sur le graffiti, c’est une évidence. Hélas, le marché est saturé de compendiums opportunistes. Rares sont les volumes qui apportent un regard nouveau sur le sujet. C’est le cas de Graffiti. Expressions manifestes dont l’originalité est d’avoir été rédigé par un insider, à savoir Lokiss, pionnier français de cette culture. Avec beaucoup d’aplomb, celui qui est en train de plancher sur une somme de l’histoire du mouvement livre ici un état des lieux vitaminé du street art. Pour ce faire, il décortique le travail de quinze writers à la renommée plus ou moins étendue: Proembrion, Keith K., Hopewell, Philippe Baudelocque, ainsi que l’excellent Boris Tellegen aka Delta. Chacun des graffeurs retenus a réalisé un projet spécifique pour le livre. Le point fort? Le fait que l’ouvrage s’attarde sur la pratique même, dont on perçoit mieux que jamais les contours d’artisanat, en dévoilant l’élaboration détaillée des différentes écritures urbaines par le biais d’un décryptage photo. M.V.
DE LOKISS, ÉDITIONS HAZAN, 192 PAGES. PRIX: ENVIRON 27 EUROS.
La chance sourit aux innocents: tous ceux qui seraient passés à côté d’une des meilleures (trop courtes) séries ado-adultes de ces dernières années ont désormais l’occasion de se l’offrir d’un coup, via cette intégrale regroupant les cinq albums du Marquis des âmes en peine. Cinq albums aussi superbes que bien écrits, plongeant le lecteur et son héros dans un XVIIe siècle ésotérique, mystérieux et obscurantiste. Bonhomme et Vehlmann remettaient ainsi au goût du jour le récit d’aventure, à la fois populaire et de qualité. O.V.V.
DE MATTHIEU BONHOMME ET FABIEN VEHLMANN, ÉDITIONS DARGAUD, 280 PAGES. PRIX: ENVIRON 40 EUROS.
Raconter en bande dessinée les relations (extrêmement) complexes entre le Moyen-Orient et les Etats-Unis depuis le XVIIIe siècle, tel était le pari un peu fou que s’étaient lancé en 2011 Jean-Pierre Filiu, spécialiste de l’Islam contemporain, et David B., dessinateur aussi expressif que singulier. L’essai vient de se conclure avec un superbe troisième tome consacré aux 30 dernières années, mais Futuropolis ressort également le tout regroupé dans un coffret. Aussi instructif que beau, c’est dire. O.V.V.
DE JEAN-PIERRE FILIU ET DAVID B., ÉDITIONS FUTUROPOLIS, 320 PAGES. PRIX: ENVIRON 60 EUROS.
Voilà un bien bel objet édité par Dupuis pour les fêtes: un leporello de 23 mètres de long, recto/verso et enchâssé dans un coffret, nous racontant une histoire de l’art, celle de Philippe Dupuy. Initialement prévue pour le site Professeur Cyclope et donc pour une lecture verticale ininterrompue (ceci expliquant cela), Une histoire de l’art rassemble les réflexions et interrogations teintées d’humour pince-sans-rire autour des artiste et de leurs oeuvres à travers les âges. C.B.
DE PHILIPPE DUPUY, ÉDITIONS DUPUIS, 192 PAGES, TIRAGE LIMITÉ À 2 500 EXEMPLAIRES AVEC UN TIRÉ À PART SIGNÉ. PRIX: 46 EUROS.
Célèbre pour ses clichés en couleurs esquissant un portrait contrasté de l’Amérique des seventies, entre paysages grandioses et hôtels miteux du Texas, Stephen Shore a largement contribué à forger cette esthétique anti-glamour dont le cinéma s’est ensuite largement inspiré, notamment du côté des frères Coen. On en oublierait presque qu’avant de sillonner les grands espaces, cet autodidacte s’était immergé jusqu’au cou dans un autre biotope, urbain et arty celui-là: la fameuse Factory de Warhol à New York. De 1965 à 1968, soit les années les plus trépidantes, celles en particulier de l’éclosion du Velvet Underground, Shore a fréquenté assidûment la petite communauté, devenant en quelque sorte le photographe officiel de ce laboratoire artistique. « Il a photographié la Factory et ses occupants dans toutes sortes de décors, sur des tournages de films, dans des portraits individuels, en groupe, en train de travailler à des films, chahutant, dans des concerts, dansant dans des fêtes », écrit l’essayiste et critique d’art Lynne Tillman en intro. De fait, la centaine de photos noir et blanc rassemblées ici dévoilent les coulisses de cette ruche en ébullition. Warhol y tient logiquement le premier rôle. On le voit penché sur ses sérigraphies, arpentant le plateau de ses films, ou dans l’ombre de ses protégés, sans jamais vraiment quitter son air mystérieux ni ses lunettes noires. Un astre autour duquel gravite une jeunesse hédoniste: l’actrice et muse Edie Sedgwick, le cinéaste Paul Morrissey, et toute la clique du Velvet, Nico et Lou Reed en tête. Ce qui frappe dans ces images fascinantes, c’est la théâtralité teintée de mélancolie, même quand elles semblent prises sur le vif. Comme si chacun cherchait à faire de sa vie une oeuvre d’art… L.R.
DE STEPHEN SHORE, ÉDITIONS PHAIDON, 192 PAGES. PRIX: ENVIRON 50 EUROS.
Photographe mythique des années Palace et Bains Douches, Jean-Claude Lagrèze, né en 1958 et disparu en 1994, est passé à la postérité pour ses portraits mythiques en noir et blanc. Le Paname des années 80 qui claque et qui luit, c’était lui, à n’en pas douter. Dans son viseur? Robert Smith, David Bowie, Klaus Nomi, Indochine, mais également toutes ces célébrités d’un soir qui ont fait de Paris une fête et du glam un art. Lagrèze était fasciné par les paillettes et le strass. Paris Capitale underground retrace son odyssée visuelle au travers des personnalités qu’il a immortalisées. Certains clichés sont inscrits dans notre inconscient collectif. Joe Strummer devant la bière tiède d’un rade parisien. Guggi des Virgin Prunes en mode batcave complètement hagard au sortir du Rex. Au vu de ces images, il apparaît que le talent de Lagrèze était bien réel, il ne s’agissait pas seulement du « gars qui restait plus tard que les autres pour prendre le cliché qui reste », comme on l’a parfois susurré, mais bien d’un oeil qui a su saisir le zeitgeist comme personne. M.V.
DE JEAN-CLAUDE LAGRÈZE, ÉDITIONS DE LA MARTINIÈRE, 240 PAGES. PRIX: ENVIRON 42 EUROS.
Ces deux-là étaient faits pour se rencontrer, dialoguer et collaborer, tant l’univers de l’un colle à la couleur -noire- et aux atmosphères -désenchantées- de l’autre. La première fois, ce fut Griffu, en 1978, un récit court sur un scénario original, mais il fallut presque 30 ans, et la mort de Manchette, en 95, pour que Jacques Tardi s’y remette vraiment, et de quelle manière: Jean-Patrick Manchette avait entre autres écrit trois chefs-d’oeuvre du « néo-noir » français –Le Petit Bleu de la côte ouest, La Position du tireur couché et Ô dingos, Ô châteaux, que Jacques Tardi a transformés, lui, en trois classiques de la bande dessinée. D’autres dessinateurs se sont aussi frottés à l’univers du romancier de la Série Noire (Loustal, Cabanes, Serge Clerc), mais aucun n’a mieux incarné que Tardi l’esprit, la verve et le style de Manchette. Futuropolis a la bonne idée de rééditer le tout aujourd’hui, réuni pour la première fois dans une forcément très belle et très sombre intégrale. On y découvre aussi des planches restées inédites de Fatale ou Nada, autres classiques de Manchette que Tardi avait commencé à adapter avec lui. Bref, un must. O.V.V.
QUATRE RÉCITS DE JEAN-PATRICK MANCHETTE ET JACQUES TARDI, ÉDITIONS FUTUROPOLIS, 360 PAGES. PRIX: 39 EUROS.
Après Sherlock Holmes, les éditions Omnibus offrent une nouvelle jeunesse à un autre héros populaire, français celui-là: Arsène Lupin. Sont rassemblés dans ce coffret toilé les trois premiers recueils de nouvelles parus entre 1905 et 1913 dans le magazine Je sais tout -où le gentleman-cambrioleur a d’ailleurs vu le jour-, ainsi que le roman L’Aiguille creuse, qui voit la créature de Maurice Leblanc tenter de faire main-basse sur « la fortune des rois de France », rien que ça, tout en faisant fondre quelques coeurs au passage… L.R.
DE MAURICE LEBLANC, ÉDITIONS OMNIBUS, 744 PAGES. PRIX: ENVIRON 40 EUROS.
L’année 2016 en BD fut celle de Lucky Luke (pour ses 70 ans); 2017 sera celle de Gaston (pour ses 60 ans): né dans Spirou en 1957, le premier héros-sans-emploi reste un monument du 9e art, et le personnage peut-être le plus proche de son génie d’auteur, Franquin. C’est la Bibliothèque Publique d’Information du Centre Pompidou, à Paris, qui ouvre les agapes dès ce 7 décembre, avec une grande exposition qui promet « un regard complet sur une oeuvre majeure ». Dupuis en édite déjà le très beau catalogue, incontournable pour les Franquinophiles avertis. O.V.V.
COMMENTÉ PAR FRANQUIN, CATALOGUE DE L’EXPO À LA BPI, ÉDITIONS DUPUIS, 208 PAGES. PRIX: 30 EUROS.
La photo de famille, une torture pour les uns, un grand kif pour les autres. Mais à l’arrivée, souvent un tableau un peu figé, un peu sinistre. Une fatalité? Non. Le duo Howarth-McLaren compile dans cet album de familles barré les clichés de photographes qui renouvellent, parfois radicalement, le genre. Ce qui donne le portait façon groupe de rock (Pat Pope), façon Gus Van Sant (Martine Fougeron) ou façon Kore-eda (Fan Shi San). De quoi donner des idées pour le prochain repas avec la tribu… L.R.
DE SOPHIE HOWARTH ET STEPHEN MCLAREN, ÉDITIONS THAMES & HUDSON, 240 PAGES. PRIX: ENVIRON 50 EUROS.
Si l’on pensait tout savoir, ou peu s’en faut, de Walt Disney, l’imposant volume que lui consacrent les éditions Taschen vient éclairer d’un jour fascinant son parcours hors norme. Couvrant la période allant des débuts à Kansas City, en 1920, à la sortie, 47 ans plus tard, du Livre de la jungle, le dernier film supervisé par le maître, l’ouvrage retrace une aventure artistique sans équivalent, traduisant tout autant l’évolution du style maison que l’impact de l’oeuvre. Le tout, à grand renfort de textes de référence soutenus par une iconographie somptueuse composée de quelque 1 500 documents issus des collections de la Walt Disney Company -story-boards, esquisses, montages de cellulos etc. Soit un « behind the scenes » faisant du lecteur le témoin privilégié du processus de création de chacun des films, classiques ou moins connus, et jusqu’aux projets avortés. Et un ouvrage passionnant de bout en bout ajoutant à l’intérêt l’émerveillement. Incontournable. J.F.Pl.
OUVRAGE COLLECTIF, SOUS LA DIRECTION DE DANIEL KOTHENSCHULTE, ÉDITIONS TASCHEN, 602 PAGES. PRIX: ENVIRON 150 EUROS.
Un ami fan de BD indé voire underground et adulte, et de rock’n’roll bien bruyant? Ne cherchez plus: ce dernier connaît sans doute Mezzo, l’auteur de la trilogie du Roi des mouches ou de Love in Vain, mais aussi, depuis longtemps, un illustrateur très demandé tant par la presse que le monde musical, de France et d’ailleurs. Ce Fuzz Book de toute beauté propose ainsi un panorama quasi complet et souvent muet de son travail hors BD, entre rock’n’roll, érotisme et fantastique, toujours servi par un superbe trait noir qui fait de lui le cousin frenchie de Charles Burns et Chester Brown. O.V.V.
DE MEZZO, ÉDITIONS GLÉNAT, 264 PAGES. PRIX: 39 EUROS.
On n’en a jamais fini avec la Motown. Fondé à Detroit au début des années 60 par Berry Gordy, un ancien ouvrier de Ford, le label deviendra une véritable usine à hits. Balayant les barrières raciales, elle servit notamment de base de lancement pour les carrières de Diana Ross, Marvin Gaye, Stevie Wonder, ou encore Michael Jackson. Dissoute aujourd’hui dans l’empire Universal, Motown fait l’objet d’un beau livre signé Adam White, rassemblant quelque 800 documents et autres photos, dont de nombreuses inédites. L.H.
D’ADAM WHITE, ÉDITIONS TEXTUEL, 400 PAGES. PRIX: 59 EUROS.
Le bizarre, quand il est beau comme chez Charles Burns, donne toujours envie d’y revenir, et de ressentir plus que de comprendre. Il en va de ce Vortex, ovni éditorial qui complète sa trilogie Toxic, La Ruche et Calavera, consacrée à Doug, le double négatif, fantasmagorique et sous acide de Tintin: ce beau et trop bref livre regroupe des couvertures fictives de comics, des illustrations, des cases ou des agrandissements « qui étendent la cartographie du monde irréel dans lequel évolue les personnages de la trilogie ». Le tout est porté par des dessins fabuleux et un alphabet inventé par l’auteur. Weird et beau, comme toujours. O.V.V.
DE CHARLES BURNS, ÉDITIONS CORNÉLIUS, 80 PAGES. PRIX: ENVIRON 25 EUROS.
« La création littéraire s’apparente chez London à un flux continu, régulier. Il écrit son millier de mots quotidien où qu’il se trouve, à terre comme en mer. » La préface montre combien l’auteur ultra populaire de L’Appel de la forêt, disparu il y a juste 100 ans, a su créer sa propre mythologie: chercheur d’or, reporter risque-tout, navigateur, prophète humaniste, gentleman-farmer. L’édition de ses oeuvres complètes en Pléiade rappelle surtout que Jack London se sera frotté à tous les genres: roman, récit, reportage, autobiographie. Bien sûr, les deux volumes rassemblent ses tubes (Croc-blanc, Faire un feu, Martin Eden), mais aussi près de 50 nouvelles, plus méconnues. Étrange Noël pour monsieur Jack… Y.P.
ÉDITIONS GALLIMARD, COLLECTION PLÉIADE, 1476 PAGES ET 1603 PAGES. PRIX: ENVIRON 110 EUROS (62,50 EUROS PAR TOME).
Après le splendide Wilder Mann (son projet autour des mascarades hivernales), le photographe français Charles Fréger a quitté l’Europe pour le Japon. De 2013 à 2015, il a sillonné l’archipel à la recherche des figures masquées rituelles, les « Yokai », censées incarner le passage des saisons, les phénomènes naturels et le rapport ancestral des Japonais au temps et à l’espace. Yokainoshima (« l’île des Yokai ») est l’espace fantasmé qui les rassemble dans l’imaginaire du photographe: hérons, cerfs, ogres, démons, spectres évoluant dans les rizières, la neige, les champs ou face à la mer. On ne se lasse pas de regarder ces figures étranges, poétiques, inquiétantes, entre instantané et éternité. Magique. Y.P.
DE CHARLES FRÉGER, ÉDITIONS ACTES SUD, 256 PAGES. PRIX: ENVIRON 34 EUROS.
Dans la grande famille des Petit Livre, on connaissait et appréciait déjà le rock, les Beatles, la bande dessinée et même la Ve République. Voilà le superbe petit nouveau, consacré cette fois aux musiques populaires afro-américaines, du funk au rap en passant par le disco, la house ou le blues -mais pas tellement par le jazz, qui méritera un jour son Petit Livre rien qu’à lui. Comme à chaque fois, la mécanique est bien huilée -une double page par année, avec un album essentiel et un patchwork de petites et grandes infos- et s’avère passionnante: c’est tout un mouvement d’émancipation qui se dessine au fil des ans et des albums. Passionnant donc, mais surtout très beau: Hervé Bourhis s’accompagne cette fois de Brüno pour mettre le tout en dessins. Ce dernier se réserve la plupart des pochettes redessinées et même quelques pages de BD autour de Sam Cooke, Michael Jackson ou l’origine des block parties. Et son dessin pop et synthétique fait tout bonnement merveille et mouche, à l’image de cette couverture sous fourreau qui fera le bonheur des mélomanes et de leurs tables basses. O.V.V.
DE HERVÉ BOURHIS ET BRÜNO, ÉDITIONS DARGAUD, 176 PAGES. PRIX: ENVIRON 23 EUROS.
La résolution de nos téléviseurs augmente et la PS4 Pro met les petits plats dans les grands pour assurer le spectacle. Capable d’afficher de la Ultra HD, la bécane double littéralement sa puissance de calcul brute tout en boostant sa carte graphique et sa mémoire vive. Résultat: des jeux plus fluides et des textures plus fines, notamment sur PS VR. Une console appelée à devenir un futur standard. M.-H.T
PRIX: ENVIRON 400 EUROS.
Comme Another World ou plus récemment Inside, The Last Guardian tourne le dos à toute barre de vie et timer. L’oeuvre sensible du père d’ICO et de Shadow of the Colossus effeuille une amitié entre un garçon et une créature apeurée. Coiffée d’une figurine premium de cette dernière, l’édition collector de ce jeu événement s’entoure également d’un livre d’artworks de 72 pages. M.-H.T.
ÉDITÉ PAR SONY CE ET DÉVELOPPÉ PAR TEAM ICO. PRIX: ENVIRON 130 EUROS.
Avec une acuité rare, Deus Ex: Mankind Divided scrute nos contemporains à travers le prisme du transhumanisme. La xénophobie et le monde de la finance gangrènent cette contre-utopie vénéneuse. Furieusement intelligents, les niveaux du jeu offrent une palette d’approches allant du furtif au frontal. Cette édition collector s’accompagne d’un livre de 48 pages et d’une figurine d’Adam Jensen. Consumériste? M.-H.T.
ÉDITÉ PAR SQUARE ENIX ET DÉVELOPPÉ PAR NIXXES. PRIX: ENVIRON 130 EUROS.
Événement gaming de cette rentrée, le PlayStation VR bouclait le défilé des casques de réalité virtuelle sortis cette année. L’HTC Vive et l’Oculus Rift sont certes plus performants mais le prix, le confort d’utilisation et la ludothèque de l’accessoire dédié à la PS4 sortent du lot. SuperHyperCube, Rez Infinite et Until Dawn: Rush of Blood comptent parmi ses titres indispensables. De quoi se plonger dans un puzzle game, un shooter classique et un train fantôme horrifique. M.-H.T.
PRIX: ENVIRON 400 EUROS.
Sonic Mania: Édition Collector ne trônera pas sous les sapins car il n’est disponible qu’en précommande. La promesse de ce jeu prévu au printemps 2017 décochera toutefois plus d’un sourire. Réalisé par des fans que Sega a fini par embaucher, ce titre 2D s’accompagne d’une statuette du hérisson bleu dans son édition spéciale. Une cartouche Megadrive abritant un anneau doré boucle ce projet sur la voie du sold out. M.-H.T.
ÉDITÉ PAR SEGA ET DÉVELOPPÉ PAR HEADCANNON – PAGODAWEST GAMES. PRIX: ENVIRON 90 EUROS.
Candy Crush et toutes les pompes à fric qui l’ont suivi sur smartphone n’ont rien inventé en termes d’addiction gaming. En 1989, Tetris mettait déjà une génération de gamers en intraveineuse sur Game Boy. Avant de toucher la portable de Nintendo, le puzzle game d’Alexey Pajitnov a pourtant signé un singulier périple. Le titre inventé dans un labo moscovite a ainsi commencé à se répandre dans sa ville d’origine pour poursuivre sa route en Hongrie, en Angleterre puis aux États-Unis. Alexey Pajitnov – From Tetris with Love suit ce parcours et celui de son créateur, injustement privé de royalties multimillionnaires. Tirée à 500 exemplaires numérotés, cette édition (parmi trois) de la biographie officielle du loser magnifique du jeu vidéo passionne. Une carte dédicacée, un livret d’anecdotes Triviaminos – Les Secrets de Tetris et un fourreau plastique accompagnent l’offre. Un guide idéal pour découvrir les dessous d’un titre qui se hisse -encore- régulièrement parmi les meilleurs jeux au monde. M.-H.T.
ÉDITÉ PAR PIX N LOVE. PRIX: ENVIRON 45 EUROS.
La NES Mini est une console à voyager dans le temps irrésistible. Affichant des pixels affûtés en HDMI, la bécane brille, comme sa manette quasi originale. Ses 30 titres brassent des classiques de Nintendo (deux Zelda et trois Mario) tout en explorant des gameplays cultes et variés. Mega Man, Final Fantasy et autre Castelvania demanderont toutefois de lâcher 150 euros sur Amazon car la belle est sold out. Quand on aime… M.-H.T.
PRIX: ENVIRON 60 EUROS.
Monument de pop culture 90’s, Doom signe un come-back spectaculaire. Son rythme subluminique et ses corps à corps époustouflants contre des démons renvoient directement à la légende séminale. Mieux, le jeu pousse le gamer à prendre des risques inconsidérés en cas de santé basse. Coiffée d’un Revenant éclairé par le mouvement des pales d’un ventilo de sol, son édition collector est montée sur ressorts. M.-H.T.
ÉDITÉ PAR BETHESDA ET DÉVELOPPÉ PAR ID SOFTWARE. PRIX: ENVIRON 85 EUROS.
Formidable aventure botanique et hallucinogène, Samorost 3 élargit les visions folles d’Amanita Design. Ce point & click ne renouvelle guère son gameplay mais déballe une plastique bricolée et charmante. Très soignée, l’édition limitée du jeu s’accompagne d’un boîtier artisanal et d’une BD reliée à la main. Artbook, bande originale CD et fichier audio haute résolution complètent cette imparable boîte cosmique made in République tchèque. M.-H.T.
DÉVELOPPÉ PAR AMANITA DESIGN. PRIX: ENVIRON 50 EUROS.
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