Critique | Livres

Deux mois après « Le Passager », Cormac McCarthy nous offre son prequel

4,5 / 5
© National

Cormac McCarthy, L'Olivier

Stella Maris

256 pages

4,5 / 5
Philippe Manche Journaliste

On s’en doutait. Prequel du Passager, Stella Maris est la deuxième face d’une même pièce. Après l’avoir refermé, une deuxième lecture du premier volume paru début mars s’impose tant la perception en est altérée. Et éclaire sur les passages oniriques et en italique de ce récit affolant où, en alternance, le lecteur pénétrait dans la psyché de Alicia, peuplée de créatures fantasmagoriques, avant de suivre les pérégrinations de son frère Bobby. On pourra d’ailleurs débattre encore longtemps pour savoir si Bobby est vivant, mort ou simplement dans le coma, ou si Le Passager se déroule dans sa propre tête… StellaMaris, du nom d’un établissement de santé mentale du Wisconsin, se déroule en 1972, huit ans plus tôt que Le Passager, et confirme qu’avec ces deux volumes, l’écrivain explore cet amour fou et impossible entre un frère et sa sœur. Premier roman de Cormac McCarthy en 50 ans à offrir le personnage principal à une femme, ce douzième opus est construit autour de neuf entretiens entre Alicia, diagnostiquée schizophrène paranoïde, et le docteur Cohen, son psychiatre. Il est composé uniquement de dialogues sur fond de conversations introspectives, intimes ou qui dévient sans crier gare sur les mathématiques et la physique avec un sens du rythme inégalable. McCarthy revient sur Hiroshima à travers le père d’Alicia et Bobby, qui travaillait sur le projet Manhattan. Et lâche presque en loucedé un définitif, déchirant et testamentaire cri du cœur: “Je ne fais pas de politique. Et je suis pacifiste jusqu’à la moelle. Seule une nation peut faire la guerre -au sens moderne- et je n’aime pas les nations.” À méditer!

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