Le livre de la semaine: Le Dernier Vol, de John Monk Saunders

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John Monk Saunders, éd. La Table Ronde

Le Dernier Vol

320 pages

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Jean-François Pluijgers
Jean-François Pluijgers Journaliste cinéma

Aujourd’hui oublié, John Monk Saunders compta, au tournant des années 1920 et 1930, parmi les scénaristes les plus en vue de Hollywood, signant les scripts de classiques comme Wings de William Wellman, ou The Dawn Patrol de Howard Hawks, qui devait lui valoir l’Oscar de la meilleure histoire originale, avant de connaître une cruelle déchéance. D’abord publié en feuilleton dans le magazine Liberty en 1930, son roman Single Lady, porté à l’écran par William Dieterle sous le titre The Last Flight, paraît aujourd’hui en français, dans une traduction de Philippe Garnier. Retraçant le parcours de l’auteur dans sa préface, ce dernier rapporte comment Single Lady fut snobé par la critique, qui n’y vit qu’une pâle copie du Soleil se lève de Hemingway. Si les correspondances entre les deux romans sont indéniables, Saunders s’y inspire de son existence et de souvenirs glanés lors d’un voyage à Paris, en Espagne et au Portugal. Il met en scène cinq jeunes vétérans de l’armée de l’air américaine que l’armistice a laissés essorés dans le Paris des années 1920, sans plus de perspectives que leur prochaine cuite, bordée dans laquelle ils vont embarquer Nikki, sémillante compatriote croisée au bar du Claridge. L’alcool coule à flots, les situations absurdes se succèdent dans le crépitement de dialogues virevoltants. Mais si «la vie était pleine d’instants étranges, amers et palpitants», c’est bientôt le désenchantement qui suinte de ces pages, le destin des aviateurs et de leur protégée se confondant avec celui de la génération perdue, en une errance brumeuse ouvrant sur l’abîme…

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