Critique | Livres

Critique livres : Jeux de miroirs, de Jia Tolentino

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© National

Jia Tolentino, La Croisée

Jeux de miroirs

368 pages

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Anne-Lise Remacle Journaliste

La voix de Jia Tolentino (journaliste au New Yorker) est de celles qui sont positivement saillantes aujourd’hui aux États-Unis, notamment depuis sa couverture avec Ronan Farrow du procès de tutelle abusive de Britney Spears. Trentenaire, elle aborde son premier recueil de neuf textes, sous-titré Réflexions sur nos illusions et infusé de pop culture, avec un angle générationnel ultra pertinent. Entre point de vue incarné et perspectives sociétales plus amples (de l’industrie du mariage à l’optimisation personnelle piégeuse), elle maintient tout du long la distance ad hoc. Le regard de cette fille d’immigrés philippino-canadiens, élevée à Houston au sein d’une Église digne d’une superproduction (où elle confectionne des bracelets de salut et où, sans surprise, la superstar des comédies musicales, c’est Jésus), enfant du Web (avec un premier blog ouvert à 10 ans, aux prémices de l’avènement de l’Internet social) et de la téléréalité (elle intègre presque malgré elle l’émission Girls v. Boys: Puerto Rico à 16 ans), ne manque jamais de mordant et d’autodérision. On la suit aussi sans réserve quand elle décrypte, en féministe lucide et lectrice assidue depuis l’enfance, le destin dégringolant des Pures héroïnes. D’Anastasia Krupnik aux sœurs Lisbon ( Virgin Suicides de Jeffrey Eugenides) ou à Emma Bovary, de l’enjouement à une spirale dramatique, voilà un système de représentations inéluctable qui a dû freiner bien des prises d’envol de jeunes femmes au passage… Heureusement pas le sien!

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