Critique BD : Les Noceurs

Après avoir assisté à un carnaval de fantômes colorés, James Ensor décide de faire de la BD d’auteur sous le nom de Brecht Evens. Telle pourrait être l’histoire de l’époustouflante couverture derrière laquelle se cachent ces incroyables Noceurs.

Par Brecht Evens, Editions Actes Sud BD.

Après avoir assisté à un carnaval de fantômes colorés, James Ensor décide de faire de la BD d’auteur sous le nom de Brecht Evens. Telle pourrait être l’histoire de l’époustouflante couverture derrière laquelle se cachent ces incroyables Noceurs. Publiées presque simultanément par Drawn & Quarterly aux Etats-Unis (sous le titre The Wrong Place), ces 180 pages sont étourdissantes de virtuosité, d’une maîtrise telle qu’elle permet au récit lui-même de s’épurer. Une avalanche de couleurs et d’idées, dans un style à mi-chemin des magazines féminins rétro et des dérives cubistes – voir à ce sujet la merveilleuse scène de coït, où les corps paraissent se dédoubler, à la fois disparaissant et s’incarnant à l’extrême.

Brecht Evens sait exactement quand trancher dans le vif de ses aquarelles bigarrées, instaurer une nuit tombée comme un couperet, transformer un salon vidé de ses invités en chapelle ardente, une chambre où le silence sépare les amants en chambre froide. Un livre enivrant comme ces alcools que consomment à foison ses noceurs. Une boucle qui se boucle sur un coup de fouet Art nouveau. Et d’emblée un chef-d’oeuvre, pour un auteur sorti de l’école gantoise de Saint-Luc avec ce projet de fin d’études sous le bras.

V.D.

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