Critique | Livres

Chronique livre: Magnus Mills – Sur le départ

Eric Swennen
Eric Swennen Journaliste livres

ROMAN | La maison Cambourakis sème le trouble dans nos esprits avides d’étiquettes trop faciles à coller en matière de genre.

Chronique livre: Magnus Mills - Sur le départ

Dans la lignée des récents Ordures de Stephen Dixon ou de La contrée immobile de Tom Drury, Sur le départ vient renforcer l’idée que l’éditeur parisien aime jouer avec nos nerfs. Car il ne se passe pas grand-chose dans ce deuxième roman de Magnus Mills (Retenir les bêtes). Un motard sans nom en route pour l’Inde décide de s’arrêter quelques jours dans l’unique camping d’un bled anglais quelconque. Ce qui aurait dû être une pause bucolique et revigorante va vite tourner à la mauvaise idée de l’année. Le gaillard -plutôt du genre incapable de dire non- se retrouve très vite à effectuer de petits travaux ingrats pour son hôte Tommy Parker. C’est qu’on ne refuse rien à l’implacable propriétaire, discret mais imposant, qui semble avoir digéré à la lettre près Le petit traité de manipulation à l’usage des honnêtes gens de R-V Joule. Tout en reportant sans cesse son départ, le prétendu baroudeur tente de s’intégrer péniblement à cette étrange communauté, rythmée par les parties de fléchettes endiablées au pub, les humeurs d’un épicier revêche et les retards d’un laitier mal-aimé. A l’image de l’infect Tommy Parker, Magnus Mills nous balade jusqu’au bout de Sur le départ, tels des esclaves volontaires de cette allégorie aux vibrations dérangeantes sur la répétition, l’ennui et la place de chacun dans la société. Un voyage initiatique sur l’art de faire du surplace en quelque sorte.

  • SUR LE DÉPART DE MAGNUS MILLS, ÉDITIONS CAMBOURAKIS, TRADUIT DE L’ANGLAIS (GRANDE-BRETAGNE) PAR JEAN-FRANCOIS MERLE, 269 PAGES.

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