Critique | Livres

Ces femmes-là, d’Ivy Pochoda

4 / 5

Ivy Pochoda, éditions Globe

Ces femmes-là

400 pages

4 / 5
Philippe Manche Journaliste

Après Route 62 et L’Autre Côté des docks, Ces femmes-là est le troisième roman traduit en français d’Ivy Pochoda, autrice née à Philadelphie en 1977. Comme Russell Banks, Hubert Selby, Jr. ou Harry Crews, cette ancienne joueuse professionnelle de squash donne la parole aux sans-grade, aux marginaux, aux invisibles d’une société américaine plus excluante que jamais. Clairement féministe –Ces femmes-là est d’abord un formidable et déchirant portrait de femmes-, Ivy Pochoda épouse la forme du thriller pour dénoncer le mépris affiché à ces adultes dont la parole n’importe guère.

L’autrice concède s’être inspirée d’un documentaire consacré au Grim Sleeper, un tueur en série afro-américain à la fin des années 90 qui a repris du “service” quatorze ans plus tard. De fait, à West Adams, un quartier tout pourri de South Los Angeles, Feelia, Dorian, Julianna, Essie, Marella et Anneke (l’autrice a vécu aux Pays-Bas et parle couramment le néerlandais) vivotent en restant hantées par le meurtre de treize prostituées quinze ans plus tôt. En 18 mois, quatre femmes ont été assassinées dans des circonstances atroces. Derrière cette construction classique, Ivy Pochoda prend la tangente en donnant la parole à ces femmes-là, justement. Avec une enquête -le roman est trépidant- comme prétexte pour adopter le point de vue des victimes. L’écriture écorchée, brillante, fulgurante, vive, sauvage, âpre, racée et violente de l’Américaine donne toute sa puissance à cet hymne à la résilience qui rappelle aussi le percutant Arpenter la nuit de Leila Mottley. Foncez!

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