Le rock énervé de marcel

© MATHIEU TEISSIER
Julien Broquet
Julien Broquet Journaliste musique et télé

“T-Shirt unisexe décolleté et sans manche”, dixit le Larousse. “Maillot de corps masculin”, selon ce bon vieux Robert. Même les dictionnaires ne s’entendent pas sur la définition. Avec marcel, c’est toujours le bordel. Lancé par deux potes qui se connaissent depuis les maternelles à Frassem, marcel est né à Arlon, du moins dans ses environs, et est le nouveau petit trublion du rock wallon. Dans marcel, groupe énervé de jeunes trentenaires, il y a un scénographe charpentier, un bio-ingénieur spécialisé dans les énergies renouvelables, un ingé lumière et un ingé son. “C’est cette combinaison qui nous a permis d’être presque tout le temps en auto-production, commente Amaury, musicologue et historien de l’art de formation. D’ailleurs, on a réalisé les trois quarts de nos clips nous-mêmes.”

marcel chérit le Do It Yourself. Le côté à la fois bruitiste, furieux et joyeux de la force. Il revendique l’influence de Metz, Show Me the Body et Blacklisters (BLKLSTRS). “Des groupes géniaux qui rappellent un peu les sonorités de Jesus Lizard et de Penthouse…” Mais aussi des Sex Pistols et des Modern Lovers. De Nino Ferrer et de Jacques Dutronc. Puis de TC Matic, de son européanisme, de son mélange des langues.

Comme son nom l’indique, l’idée globale de son premier album, c’est le charivari. “Le moment où l’on renverse, où les serfs prennent momentanément le contrôle du village. Avec cette idée qu’idéalement, on atteigne un charivari politique. Mais sans tomber dans une espèce d’anarchisme creux.” Chaque chanson présente une certaine idée de renversement. “Que ce soit le renversement de ta propre psyché ou d’un gouvernement. Dans all together-but not too much, on parle d’un mec qui veut contribuer à l’effort révolutionnaire mais se rend compte qu’il va lui-même se faire guillotiner parce qu’il ne s’est pas assez engagé.”

Amaury s’emmerdait tellement pendant le confinement qu’il a développé une obsession pour toutes les formes de révolutions, avec un petit penchant pour la Terreur. “J’ai commencé à écrire des mini- nouvelles en me demandant comment se passerait une révolution aujourd’hui, mais en glissant plein de références à la pop culture. On peut citer l’intellectuel Frédéric Lordon comme Patrick l’étoile de mer. On voulait que tout ce beau monde se retrouve dans un grand carnaval. Un truc coloré et inquiétant. Comme dans une toile d’Ensor.” Tout sauf un hasard si marcel avait affiché L’Entrée du Christ à Bruxelles dans son local de répète…

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