Infernax mélange des classiques fondateurs du jeu vidéo et du cinéma dans une formule moderne et inédite. Et surtout magique.
Qu’importe la discipline. Jongler avec les influences pour accoucher d’une création artistique cohérente, originale et prenante relève du numéro d’équilibriste. Berzerk Studio maîtrise cet art. Après avoir croisé avec talent shoot them up et jeu de rythme sur Just Shapes & Beats il y a trois ans, le studio canadien invoque avec Infernax l’esprit 8 bits de trois classiques fondateurs de la grammaire gaming. Le trio de développeurs originaire de la ville de Québec ne se limite pas à piocher ses idées, de Ninja Gaiden aux deuxièmes épisodes de Castlevania et Zelda. Fan de heavy metal danois, il injecte aussi une bonne dose de gore, s’inspirant d’ Evil Dead et de Brain Dead.
En 1987, Shigeru Miyamoto, le père de Mario, brisait contre toute attente les codes ludiques de son tout premier Zelda en optant pour un RPG vu de profil sur The Adventure of Link (sa suite). Infernax rend hommage à ce parti pris -alors impopulaire- en glissant, entre ses phases d’action, des étapes s’explorant de la même façon. Du commerçant louche d’une boutique aux prêtres d’une église, le chevalier Alcedor multiplie les rencontres pour accepter des missions secondaires, améliorer son équipement et dérouler le récit du jeu médiéval et horrifique.
Sous la lune, exactement
Explorant un duché frappé d’une malédiction sanglante, Infernax aligne des scènes drapées de lambeaux de chair pixelisés. Des yeux de sang y planent de façon erratique aux côtés de squelettes lanceurs de haches. Ecorchés vifs et putrides, les boss de fins de niveaux gigantesques complètent ce bestiaire et se combattent à l’aide d’une arme blanche évoquant le fouet de Castlevania. Le second volet du jeu culte de Konami inspire également les cycles jour-nuit du jeu. Dans un cimetière sous la lune, les fantômes rapides et autres ombres noires bondissantes corsent aussi les débats. Ces joutes se vivent au moyen de sept pouvoirs magiques (à acquérir progressivement), au fil d’une prise en main calibrée au pixel près. Effet feel good assuré à la manette.
Lové dans une architecture mobile et assassine assortie à ses créatures, Infernax récite ses classiques sans peine. Ninja Gaiden hante ses phases de plateforme exigeantes. Manquer de patience et de concentration y est donc dangereux. La rareté des checkpoints du jeu oblige souvent à refaire plusieurs tableaux en cas de game over. Old school mais pas adepte de die & retry, Infernax a enfin le bon goût d’opter pour une progression en metroidvania.
Comme dans le très futé Olija ou le sanglant Carion, plusieurs chemins s’offrent au joueur. Face à un boss ou un passage trop dur, explorer des sidequests augmente les pouvoirs du héros. Tuer ou non un villageois qui nous implore de l’achever avant qu’il ne se transforme en abomination grotesque? Chasser des vagabonds sorciers louches pour satisfaire un étrange mage vendeur de sorts? En route, Infernax demande de poser des choix impactant son récit et son gameplay. Une touche de modernité confirmant qu’en matière de trafic d’influences, Berzerk Studio se hisse parmi les meilleurs dealers du moment.
Infernax
Metroidvania. Édité par The Arcade Crew et développé par Berzerk Studio, âge: 16+, disponible sur PC, PlayStation 4, Xbox One, Nintendo Switch, PlayStation 5 et Xbox Series. ****
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