Olivier Van Vaerenbergh

L’E-dition belge bafouille

Olivier Van Vaerenbergh Journaliste livres & BD

La Communauté française a entamé ses grands travaux autour de l’édition numérique. Et coupe dans le même temps les vivres de son acteur principal.

Un pas en avant, deux pas en arrière: la danse que s’offre actuellement la Fédération Wallonie-Bruxelles autour de l’édition numérique ne fait pas que des heureux. Les éditions ONLIT, premier éditeur de textes « nativement numériques » en Belgique francophone, viennent ainsi d’apprendre que leurs subsides, vitaux, n’étaient pas reconduits. Décision étrange alors que la Ministre de la Culture Fadila Laanan se lance dans le même temps dans une nouvelle politique du livre et de l’édition numérique, celle-ci consistant entre autres à… « accompagner les éditeurs dans la révolution numérique ».

Un pas en avant donc. Soit la prise de conscience par les autorités compétentes du besoin de développer, hors réseaux purement commerciaux, la politique du livre et de sa diffusion numérique. En 2010 avait été adopté un plan baptisé « Enjeux et propositions pour le développement numérique de la chaîne du livre en Communauté française ». Les experts de ce plan ont remis en juillet leurs recommandations à la Ministre, laquelle s’est engagée à entamer leur mise en oeuvre. Le plan est ambitieux. Pour assurer l’e-diffusion des jeunes talents francophones, les pouvoirs publics agiront sur plusieurs fronts: numérisation du patrimoine, formation des élèves et des enseignants, organisation de prêts de livres numériques dans les bibliothèques, soutien aux acteurs de la chaîne du livre… Une concertation inter-ministérielle a été mise en place: elle devrait produire ses premiers effets et décisions d’ici 2014.

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Or dans le même temps, les mêmes viennent d’effectuer deux pas en arrière: le service de Promotion des Lettres vient de refuser les deux subsides -24.000 euros au total- qui permettaient à ONLIT éditions de payer ses auteurs et de produire à la fois sa revue littéraire en ligne (depuis 2006) et des livres électroniques (depuis 2012)! Décision a priori incompréhensible vu le catalogue ONLIT: plusieurs dizaines de titres originaux, la présence de trois prix Rossel (Delperange, Ancion, Polet), 17.000 ebooks téléchargés en un an… ONLIT fait aujourd’hui le forcing auprès de la Communauté française pour se sortir de cet imbroglio, synonyme à terme de la fin de ses activités, et multiplie les démarches. L’affaire est en tout cas révélatrice, à la fois des atermoiements des pouvoirs publics sur la question et de la faiblesse économique du secteur, encore incapable de survivre sans subsides. A suivre.

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