Festival Millenium 2023: notre sélection de docus

Free money (C) John Nairobi
Julien Broquet
Julien Broquet Journaliste musique et télé

Du 26 mars au 6 avril, Millenium, le festival bruxellois du film documentaire, fête ses quinze ans. Repérage…

L’événement coïncide avec les 75 ans de la Déclaration universelle des droits de l’homme. Cette année, Millenium célèbre son quinzième anniversaire. Une édition qui entend ouvrir les yeux du public sur les réalités invisibles. Des documentaires mettant en lumière des gens extraordinaires. Des gens qui n’ont oublié ni leur âme ni leurs rêves d’enfants. Des gens plein d’espoir, de courage et d’énergie. Des gens qui veulent chacun à leur manière changer le monde foireux dans lequel on vit. Bozar, Flagey, Galeries, Aventure, Vendôme… Pendant pratiquement quinze jours, à travers ses compétitions internationale (dont l’artiste et activiste chinois Ai Weiwei préside le jury), belge et vision jeune, Millenium donnera à voir une octogénaire qui apprend à lire et à écrire (Burning Flower), un activiste et musicien ougandais qui lutte contre le régime (Bobi Wine: The People’s President), une famille d’origine asiatique vivant dans les campagnes américaines sous la présidence de Trump (Bad Axe) ou encore le combat d’un homme contre les géants du chocolat (The Chocolate War). Petite sélection parmi la soixantaine de films dans la programmation…

Ithaka

Documentaire de Ben Lawrence.

Le 31/03 à 19h, au Vendôme.

«La torture est un outil pour avertir les autres. Elle est plus efficace quand elle est infligée en public.» Ces propos de Nils Melzer, le rapporteur spécial des Nations Unies sur la torture, résument assez bien le sort réservé à Julian Assange. Informaticien et cybermilitant australien, Assange a créé Wikileaks en 2006. Pour révéler au public des informations importantes tout en protégeant les journalistes et les lanceurs d’alerte, Wikileaks a ouvert une Dropbox anonyme qui permettait de charger des documents tout en dissimulant son identité. En février 2010, Wikileaks recevait plus de 700 000 documents exposant des crimes de guerre en Irak. En juillet, il commençait à les publier avec ses partenaires: le Guardian, le New York Times, Der Spiegel… Ce sont ces publications pour lesquelles Assange est poursuivi. Mais le documentaire de Ben Lawrence, tourné sur deux ans à travers le Royaume-Uni, l’Europe et les États-Unis, ne raconte pas tant Julian que le combat de ceux qui veulent le faire libérer. Son épouse Stella Moris, une avocate internationale de premier plan qui a défendu son cas avant de l’épouser et de devenir la mère de ses enfants. Et son père, John Shipton, un retraité australien de 76 ans, qui plaide sa cause au Conseil de l’Europe et chez les Américains. Ce faisant, il questionne la liberté (et la qualité) de la presse à travers le monde et égratigne des autorités qui sont parvenues à intimider tous ceux qui auraient l’idée saugrenue de dévoiler leurs secrets.

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Lázaro and the Shark

Documentaire de William Sabourin O’Reilly.

Le 05/04 à 20h30, aux Galeries.

C’est l’histoire de Lázaro. Lázaro a eu trois enfants pour le prix d’un et il apprend à être un père. Sa femme a été invitée par le gouvernement à aller travailler à l’étranger. Elle a accepté. Pour le bien de la famille. Comprenez un relatif intérêt financier. C’est l’histoire de Lázaro donc. De Lázaro et de sa ville, Santiago de Cuba, où se déroulent chaque année durant le carnaval (le plus pauvre du monde prétendent certains) des compétitions de conga. Lázaro est le boss de la conga de Los Hoyos et il entend bien remporter le prix de la chorégraphie la plus spectaculaire avec les habitants de son quartier. Dans un grand élan de débrouille, on ne peut plus Do It Yourself, il parcourt les supermarchés en rationnement et rassemble comme il peut les matériaux nécessaires à ses costumes et sa déco. Le réalisateur afro-cubain originaire de La Havane William Sabourin O’Reilly suit aussi Raul Lopez, un vieux de la vieille qui gagne chaque année la compétition. Là où Lazaro est porté par le souffle de la jeunesse et le rêve d’un avenir meilleur pour ses enfants, Raul (The Shark) a appris à vivre et à se fondre dans la politique du régime. Il y a aussi Rubiester, le poète, qui vend illégalement des légumes et écrit des chansons qui égratignent les autorités. Ou encore Nico, qui est parti vivre à Miami en quête de liberté. À travers leurs destins, c’est la vie d’un pays qui se dessine. Un pays répressif où on ne laisse pas les gens chanter ce qu’ils veulent. En tout cas pas critiquer ouvertement le pouvoir en place. Une autre vision de Cuba…

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Free Money

Documentaire de Sam Soko et Lauren DeFilippo.

Le 30/03 à 19h, au Vendôme.

On connaît l’adage. «Donne un poisson à un homme et nourris-le pour une journée. Apprends à un homme à pêcher et nourris-le pour la vie.» Mais, nous dit-on, encore faudrait-il qu’il ait l’argent pour se payer son matériel de pêche… Puis aussi qu’il ait envie de manger du poisson durant toute son existence. Partant du constat que beaucoup de choses qui ont été faites dans l’aide humanitaire ne fonctionnent pas, l’ONG GiveDirectly s’est implantée dans le paysage social en distribuant de l’argent aux villages pauvres.

Pour le coup, GiveDirectly propose de donner 22 dollars par mois (directement virés sur leur téléphone) à tous les habitants de plus de 18 printemps de Kogutu, un tout petit village kényan. Et ce pendant douze ans. Une tentative de revenu universel donc. Mais aussi un grand chamboulement pour ces gens qui n’y ont jamais été habitués. Parce qu’on parle de région où il n’y a pas de Bancontact, où il n’y a pas d’accès à l’argent. La nouvelle suscite d’ailleurs le débat et les questions dans tout le village. Comme certains d’entre eux se le demandent: est-ce que ce fric amènera le progrès ou le chaos? Le prêtre propose déjà qu’on en file une partie à l’Église… Et les disparités avec les «quartiers» environnants se font rapidement sentir. Sans compter que le projet reste un test. Une expérience dont certains demeurent exclus à des fins d’analyse. Sam Soko et Lauren DeFilippo observent si l’argent fait le bonheur, ou si du moins il y contribue. Les bouleversements pour le meilleur et pour le pire. Le projet se terminera à Kogutu en 2031…

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