Mathieu Van Assche partage ses détournements de photos anciennes dans une expo et un livre

Yeux Laser © Mathieu Van Assche
Michel Verlinden
Michel Verlinden Journaliste
Dame nature
Dame nature © Mathieu Van Assche

Début 2010, Mathieu Van Assche, graphiste de son état, traîne sur le pavé du Jeu de Balle. Son œil s’arrête sur une série de photos de famille noir et blanc des années 50, qu’il ramène “sans arrière-pensées” à la maison. Connu pour ses gravures et ses photographies, l’intéressé se met à dessiner de façon machinale par-dessus les portraits jaunis, “un peu comme on le fait sur un bloc-notes quand on est au téléphone”. Il oublie cette production avant de la retrouver par hasard. Il rempile pour une nouvelle fournée d’images présentées au public à la faveur d’une petite expo entre amis en 2018. Van Assche voit les yeux s’illuminer, il perçoit l’intérêt pour le médium et la manière dont il le transforme. “Je me suis dit qu’il y avait peut-être quelque chose à faire”, confie l’intéressé. Ni une, ni deux, le quadragénaire, qui travaille alors du côté de la rue des Renards, refait une razzia au marché aux puces. Armé de Posca, ces marqueurs de peinture à base d’eau et de pigments inaltérables prisés des graffeurs, il réintroduit du mystère dans les albums de famille. “Petit à petit, les séries se sont mises en place ainsi qu’une éthique de travail, celle de toujours intervenir manuellement sur la photographie originale sans jamais passer par un ordinateur”, détaille-t-il. Deux veines travaillent son corpus. D’un côté, les images dites “potaches” dans lesquelles “je joue avec le vomi, le cannibalisme”; de l’autre, des détournements, “prendre une scène de vie commune et l’amener totalement ailleurs”. Ce sont ces dernières qui ont retenu l’attention de la maison d’édition CFC, qui leur consacre à la fois un ouvrage, Mascarade, et une exposition. La sélection opérée fascine, qui révèle une imagerie foisonnante inspirée par le panthéisme, le mysticisme et la tradition du masque. Devant cet étrange “bestiaire” recyclé, on pense à “l’inquiétante étrangeté” de Freud ainsi qu’aux images du photographe Charles Fréger, le caractère anthropologique en moins, la drôlerie cathartique en plus.

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Le Crâne
Le Crâne © Mathieu Van Assche

Mascarade, de Mathieu Van Assche, CFC éditions, 112 pages.

Exposition à la Maison CFC, place des Martyrs, à Bruxelles, jusqu’au 03/11. www.maisoncfc.be

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