Le Pop Art, aussi une aventure belge
Galeriste et collectionneur insatiable dont le patrimoine est estimé à plus de 10 000 œuvres, Maurice Verbaet consacre une exposition-vente à une production peu montrée: le Pop Art made in Belgium.
Au début des années 50, alors que personne ne songe à utiliser l’appellation “Pop Art”, Robert Rauschenberg et Jasper Johns croisent leurs pratiques. Le marché, qui a les yeux rivé sur l’expressionisme abstrait, ne comprend rien à ce bidouillage extrayant objets, images et formes du quotidien le plus trivial. Cette façon d’estomper les frontières entre art et culture populaire -elle doit beaucoup à Marcel Duchamp ou Kurt Schwitters- va changer la face des arts plastiques pour toujours en déferlant sur les États-Unis à partir de 1962. La trame? Certes “Benday” pour Roy Lichtenstein… mais au-delà le mouvement se caractérise par une fascination pour l’entourage le plus immédiat et une facture la plus neutre possible en rupture totale avec l’expressionisme abstrait. Pourtant, c’est bien de ce dernier qu’elle tient son intérêt pour la vie quotidienne, du vêtement à la ville, en passant par le corps.
Dans la foulée des States, l’épidémie plastique atteint l’Europe. Bien sûr, la Belgique n’échappe pas au phénomène. Toutefois, à l’écart de l’axe Paris-New York, le Plat Pays marque une distance vis-à-vis du phénomène. Le coup de foudre est de courte durée. Comme l’écrit Carl Jacobs dans le catalogue accompagnant une exposition sur le sujet à l’ING Art Center: “En Belgique, cet art novateur sera le bienvenu, mais aussi et surtout un moment de transition entre un monde en perte de vitesse -le surréalisme, l’abstraction et l’expressionnisme flamand- et l’art conceptuel qui s’imposera à partir des années 1970.” Malgré son caractère éphémère, cette parenthèse désenchantée -il faut entendre par là le consentement cynique vis-à-vis du capitalisme triomphant- ne va pas manquer d’engendrer une production significative. Maurice Verbaet l’a bien compris, lui qui donne aujourd’hui à voir les œuvres d’une vingtaine d’artistes. “Nous avons fait le choix de présenter au public des œuvres fortes qui tiennent absolument la route par rapport à celles produites à l’étranger dans les mêmes années. Des artistes connus, et certes parfois méconnus, mais des œuvres importantes et plaisantes”, fait-il remarquer.
À la Maurice Verbaet Gallery, Knokke. Jusqu’au 01/10. www.verbaet.com
Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici