Critique | Expos

Le photographe Stephan Vanfleteren expose à Gand son rapport à la mer

Transcripts of a Sea, #001536 © Stephan Vanfleteren.
Michel Verlinden
Michel Verlinden Journaliste

Le Musée des beaux-arts de Gand présente des œuvres inédites du photographe Stephan Vanfleteren.

Stephan Vanfleteren: Transcripts of a Sea

Du 20 septembre au 4 janvier au Musée des beaux-arts de Gand.

La cote de Focus: 3,5/5

Un ciel de plomb. Une masse liquide sans contour. La ligne d’horizon se brouille. Des vagues se dissolvent les unes dans les autres, tel un flux au sein duquel la lumière épouse l’ombre. L’image hésite entre figuration et abstraction. L’œuvre, inédite et numérotée (#001536), illustre le rapport que Stephan Vanfleteren (1969) entretient avec la mer, perçue moins comme un motif pittoresque que comme une énigme cosmique. En la contemplant, on fait défiler l’histoire longue des représentations marines, de Gustave Courbet à Léon Spilliaert, en passant par Thierry De Cordier, dont les toiles pesantes trouvent ici un écho saisissant.

On le sait, Vanfleteren, l’un des photographes belges les plus reconnus sur la scène internationale, est réputé, entre autres, pour ses portraits surexpressifs ainsi que ses séries sur les marges de la société. Jusqu’ici, l’homme n’avait jamais montré ce travail entamé il y a cinq ans. Cette confrontation directe avec les embruns ne s’effectue pas depuis un rivage rassurant mais embarqué sur l’eau elle-même, au risque d’estomper les repères et de transformer chaque prise de vue en expérience physique. On veut croire qu’il s’agit là de sa série la plus intime, de la suite de photographies qui dit le plus de lui. Transcripts of a Sea met en lumière un arrière-pays mental. Le visiteur ne se contente pas de traverser ces mers changeantes –déchaînées, brumeuses, faussement paisibles–, il arpente aussi des pièces picturales et graphiques qui, du XVIIe siècle à nos jours, n’ont cessé de reconfigurer l’horizon.

De Toorop à Ensor, de Hugo à Nolde, de Dumas à Van de Velde, la mer est sans cesse à revoir, qu’elle s’invente miroir, gouffre ou abstraction. Au milieu de ce chœur polyphonique, Vanfleteren chante d’une voix singulière: celle d’un photographe plongeant au cœur du tourment. En espérant pour lui qu’après la tempête advienne le calme.

M.V.

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