Expo: Kénia Raphaël, une ode à la rêverie immersive et investie

Michel Verlinden
Michel Verlinden Journaliste

Scénographe passée du côté de l’art contemporain, cette jeune artiste signe une ode à la rêverie immersive et investie. A découvrir sans traîner.

La scénographie est-elle une voie royale vers l’art contemporain ? Tout porte à le croire et l’actualité la plus récente semble le confirmer. Dans des genres très différents, on a beaucoup parlé des travaux du Néerlandais Dries Verhoeven ou encore des œuvres in situ de la Française Justine Bougerol. Le fil rouge ? Un sens de la mise en scène, hérité d’un cursus scolaire dédié, qui exacerbe le propos.

Cette pertinence, au croisement de l’image et de l’installation, on la retrouve indubitablement chez Kénia Raphaël, scénographe elle aussi, mais aussi set designer et directrice artistique. Dans le décor de Face b, l’ancien Taschen Store situé à deux pas du Sablon, la jeune Belge vient de signer « Oda Onira », une première proposition artistique enthousiasmante. Cette exposition sur deux niveaux est axée autour d’une galerie de six portraits photographiques – Djana, Garance, Johanna, Maria, Valérie et Alphonse – dont l’univers esthétique est prolongé tant en trois dimensions que de manière olfactive (une collaboration avec Anne Pascale Mathy-Devalck, le nez derrière la boutique L’Antichambre) et sonore (une bande-son hypnotique portant la patte du producteur Le Motel).

Pour le visiteur qui débarque, « Oda Onira » se présente comme une immersion sans lourdeur. Kénia Raphaël a fait le choix, comme le laisse présager le titre, de se placer sous le signe d’un réel parallèle, envisagé comme un barrage à la brutalité du monde. La violence dont il est ici question est celle qui s’exerce à l’encontre des minorités – elle parle quant à elle depuis le métissage, territoire dont elle rappelle combien il est travaillé par les questions de légitimité et d’identité. Face à ce rouleau-compresseur, la plasticienne revendique « l’importance de se laisser rêver ». Par le biais de globes lunaires diffusant une émouvante lumière, d’écrans à regarder comme des tableaux mouvants, d’échos tridimensionnels (cette queue de sirène surgissant du sol, une griffe transformée en bijou…) et d’ébauches de paysages naturels, l’intéressée dessine les contours d’une safe place que l’on ne quitte qu’à regret. Cette réalité, autre et puissante, prouve, si besoin en est, que le songe n’est en rien une capitulation.

Oda Onira, Kénia Raphaël, Face b, 18, rue Lebeau. Jusqu’au 21/03, les mercredi, vendredi, samedi et dimanche, de 16h à 20h.    

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