Webséries, un format et bien plus

La Théorie du Y (RTBF)
Nicolas Bogaerts Journaliste

Nées au début des années 2000 avec les premières plateformes vidéo, les webséries ont été portées par un public jeune avide de nouveaux formats. Récupérées par les grands acteurs, elles conservent leur place dans le game.

D’abord vivier de créativité abondant et foutraque sur YouTube, Dailymotion ou Vimeo, les webséries ont assez vite dépassé le stade du système D et du semi-professionnalisme pour gagner en pertinence et susciter la convoitise des chaînes télés désireuses de se positionner sur ce terrain fertile. Alors que le format commençait à s’épanouir à partir des années 2010, la naissance des grande plateformes de streaming et leur guerre larvée (Netflix, Hulu, Disney+, Apple TV puis HBO, Canal+ et Arte.tv) en a quelque peu brouillé les contours. Sélection subjective en cinq points.

>> Lire aussi: 18h30, épatante websérie d’Arte: « On voulait vraiment prendre le contre-pied de l’ultracut qui pullule depuis quelques années »

La Théorie du Y (RTBF)

Fer de lance du département Webcréation de la RTBF, la websérie signée par Caroline Taillet et Martin Landmeters s’est emparée avec une certaine pertinence du thème des sexualités multiples, dans une mise en images qui respecte la diversité et les mélanges. Suivant les questions et explorations d’Anna (Léone François) au-delà des frontières des assignations et des normes sexuelles, les deux saisons (en attendant la troisième) ont été l’occasion de décloisonner les narrations, de s’ancrer dans le réel tout en conservant un format léger (10 minutes par épisode). Forte du succès critique rencontré par La Théorie du Y, la cellule Webcréation a embrayé depuis avec d’autres webséries, dont la frappadingue Boldiouk et Bradock, et des formats agiles et opportuns, telle la série/story Snapchat #PLS.

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Cobra Kai (YouTube)

Qui aurait parié sur le reboot d’un classique teen movie des années 80 gonflé aux arts martiaux? Et pourtant, 34 ans après la sortie de Karaté Kid, Cobra Kai organise les retrouvailles entre les deux antagonistes devenus adultes, le méchant Johnny (William Zabka) et le gentil Daniel (Ralph Macchio). Sauf que le héros n’est plus celui qu’on croit. Errant comme un animal blessé, de petits boulots en saouleries, Johnny reprend sa vie en main en rouvrant son ancien dojo (Cobra Kai) et nargue son ancien rival. Cette websérie produite avec les moyens de la télé se permet des libertés de ton peu communes: elle renverse l’image du gentil héros du film d’origine, revisite avec humour ses ressorts dramatiques et se gave de caméos et d’easter eggs. Après deux saisons diffusées gratuitement sur YouTube, Netflix s’est précipité pour acheter les droits et diffusera la troisième. Même si la série reste disponible sur YouTube.

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La Maison des folles (Télé-Québec)

Si la caractéristique des webséries est de développer, à l’abri des contraintes d’audience, des narrations et des grammaires visuelles originales et audacieuses, La Maison des folles en est une excellente illustration. Née au sein de la télévision publique québecoise en 2019, cette fiction de huit épisodes créée par Mara Joly a remporté la même année le Grand Prix du public pour les séries courtes au Festival Canneséries. Abordant la question de la souffrance psychique liée au déracinement et à l’adolescence, elle suit l’arrivée de la jeune Sahara dans une famille d’accueil de la banlieue montréalaise. Cette maison sans âme, dans laquelle des filles sont placées par l’État sous le regard éteint de « Matante », intrigante tutrice et gardienne, va être le point de départ d’une exploration touchante des sororités.

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Awkward Black Girl (YouTube)

Avec ses capsules drôles et caustiques qui s’amusent à placer son personnage central dans des situations banalement inconfortables, la jeune Issa Rae ne pensait pas décrocher la timbale. Diffusée sur YouTube à partir de 2011 dans une forme nettement DIY, avec montage à la truelle, mixage fébrile et changements d’axes intempestifs, Awkward Black Girl est vite montée en puissance et en audience. Pourvue d’un sens de la signature, Issa Rae a surtout révélé une écriture précise, dynamique, drôle, inédite en télé, qui souligne avec une confondante simplicité les affres du quotidien d’une femme afro-américaine. Les contempteurs de l’intersectionnalité rongent leurs smartphones, mais HBO y flaire une voix du présent et fait de la websérie la matrice de Insecure, bientôt quatre saisons au compteur.

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J’étais là (Arte.tv)

Arte mène depuis dix ans une politique active de production de contenus sur Arte.tv. Centrée sur la pop culture essentiellement, les webséries documentaires ont offert, par leurs choix éditoriaux et leurs tons, de véritables pépites, telles que French Game, qui retrace l’Histoire du rap en France. J’étais là mélange documentaire et témoignages, Histoire culturelle et récits personnels. Des témoins de première main racontent (sans que l’on sache vraiment quel crédit y apporter) de leur point de vue les grands moments pop: le punk de Nirvana juste avant son explosion mainstream, le bed-in de Lennon et Yoko, Gorge profonde ou le tunnel sous la Manche. Entre autofiction et documents historiques, les propos rendent parfaitement les ambiances et les enjeux, nantis d’animations qui s’harmonisent idéalement aux sujets.

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