Critique

Tenet, à voir et revoir pour en démêler les mystères

© Melinda Sue Gordon
Jean-François Pluijgers
Jean-François Pluijgers Journaliste cinéma

Avec Tenet, aujourd’hui disponible en Blu-ray et VOD, Christopher Nolan s’amuse à inverser le temps pour livrer un film d’action à grand spectacle n’étant pas sans évoquer… James Bond.

« J’ai voulu faire au film de science-fiction ce que j’avais fait au film de casse avec Inception », explique Christopher Nolan au sujet de Tenet dans Looking at the World in a New Way, le passionnant (et extensif) making of qui en relève l’édition Blu-ray. Soit, en l’occurrence, en proposer une version amplifiée, au déploiement considérable de moyens répondant l’ambition du propos, le cinéaste britannique convoquant pour le coup le concept physique d’entropie.

« Nous vivons dans un monde clair-obscur, et il n’y a pas d’amis au crépuscule. » C’est dans cet environnement qu’évolue The Protagonist (John David Washington), un agent secret appelé rien moins qu’à tenter de sauver un monde en proie à de sérieux vents contraires, à l’image de ce temps qu’il est loisible d’inverser. Et de s’employer, le mot Tenet lui tenant lieu de sésame, à désamorcer la Troisième Guerre mondiale. Une entreprise dans laquelle il va recevoir l’appui d’un partenaire énigmatique, Neil (Robert Pattinson), le duo s’aventurant bientôt dans les eaux troubles de l’espionnage international, sur les traces d’Andrei Sator (Kenneth Branagh), un oligarque russe aux sombres desseins, et de sa femme Kat (Elizabeth Debicki).

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De son prologue à l’opéra de Kiev à son déploiement aux quatre coins du globe -de Mumbai à Oslo, de la côte amalfitaine aux confins de la Sibérie-, Tenet évoque irrésistiblement une version rutilante et maousse de James Bond, filiation du reste assumée par Nolan. Pour donner le change, le réalisateur d’Interstellar a veillé à greffer à son intrigue d’espionnage un concept temporel complexe. Si ce dernier tient par endroits de l’écran de fumée (que ne dissipent pas totalement diverses plages explicatives), il n’en vaut pas moins au film divers morceaux de bravoure -ainsi, par exemple, d’un braquage/course-poursuite où les temporalités contraires se superposent, pour un résultat éminemment spectaculaire. Rien ne semble trop beau pour Nolan, en effet -le genre à recourir à un véritable 747 plutôt qu’à des effets spéciaux pour une scène d’aéroport appelée à rester dans les annales.

Mais Tenet, bien qu’en imposant incontestablement, tant par sa richesse ostentatoire que par son tempo de rollercoaster déroulant et rembobinant le temps à loisir, ne convainc pas totalement. Un peu trop désincarné, sans doute -même si John David Washington réussit à tirer son épingle du jeu en espion méga-cool-, là où ses enjeux s’avèrent brumeux à l’excès. Reste un blockbuster à grand spectacle parfaitement exécuté, le genre de film qui, même s’il a de toute évidence été conçu pour le grand écran, supporte allègrement de multiples visions, histoire, qui sait, d’en démêler les mystères.

Tenet

De Christopher Nolan. Avec John David Washington, Robert Pattinson, Elizabeth Debicki. 2h30. Dist: Warner. ***(*)

Tenet, à voir et revoir pour en démêler les mystères

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