Critique | Livres

La BD de la semaine: Le Guide du mauvais père (tome 2)

© Guy Delisle
Olivier Van Vaerenbergh
Olivier Van Vaerenbergh Journaliste livres & BD

HUMOUR | On peut aimer ses gamins, et quand même être une quiche. Guy Delisle poursuit son catalogue des choses drôles à ne pas faire avec ses enfants.

La BD de la semaine: Le Guide du mauvais père (tome 2)

Sa première chronique de mauvais père, le Québécois et voyageur Guy Delisle ne l’a pas inventée sur son blog, mais bien dans ses très sérieuses Chroniques Birmanes, parues en 2007. « C’était un « insert » très court dans le récit: je me faisais un café avec le lait qui restait dans le biberon. Le gag et le principe me sont restés, j’avais envie de travailler là-dessus. J’ai fait une courte histoire sur mon blog, beaucoup de pères m’ont écrit. Lewis (Trondheim, responsable éditorial de la collection Shampooing chez Delcourt, ndlr) aimait bien. Et voilà. »

Ce « voilà », petit livre noir et blanc de 190 pages trop vite lues et aux dessins souvent copiés/collés, était dans le trio de tête des meilleures ventes du (gros) stand Delcourt au dernier festival d’Angoulême. Un vrai succès de foule et d’estime pour ce 2e volume du Guide du Mauvais Père, comme pour à peu près tout ce que touche Guy Delisle. Depuis Shenzhen, paru à L’Association en 2000, le Québécois installé en France est l’un des grands spécialistes connu et reconnu de la BD du réel et de l’autofiction -ses dernières Chroniques de Jérusalem furent élues meilleur album en 2012, dans ce même festival d’Angoulême. Or cette fois, s’il garde, en plus jeté, son dessin épuré et faussement simple, il n’évoque plus les grands maux géopolitiques de notre monde, mais, avec humour, les petits tracas et lâchetés du quotidien des parents. Mauvais conseils, fausses bonnes idées et explications foireuses se succèdent ici, de la petite souris qui a oublié son sou à ce dessin d’enfant démonté par le professionnel qu’il est… Du vécu, qu’il rend férocement drôle.

« On l’a fait pour de vrai »

« Chaque fois que je fais un truc mal ou de travers, je le note, explique ce mauvais père de deux enfants. Et tant qu’il y a de la matière, je continue. Ma fille est trop jeune pour les lire, elle a 7 ans, mais mon fils en a 10. On s’est assis, on l’a lu ensemble. A cet âge-là, ça lit à toute vitesse. J’ai essayé de lui expliquer que c’était de la fiction, que c’était nous sans être nous… Mais lui, ce qu’il aime, ce sont les scènes où il est devant un punching-ball et qu’il tape comme un bourrin sur une photo de sa soeur. C’est son passage préféré. En plus, ça, on l’avait fait pour de vrai… »

Son Guide peut-il être lu par tous, et même par Jean-François Copé et des Français ces derniers temps très rétrogrades? « L’idée n’est pas de choquer, s’amuse Guy Delisle. Je veux juste qu’on rigole, et que le ton instaure une complicité avec le lecteur: en tant que parent, on a tous connu ce genre de moments maladroits ou gênants. Il faut surtout qu’on sente qu’il y a de l’affection. Même si j’ai parfois un peu honte quand je les dessine. »

  • Le Guide du Mauvais Père (tome 2), de Guy Delisle, éditions Delcourt, 190 pages.

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