Critique | Musique

Paul McCartney, jamais deux sans trois: notre critique de III

© Mary McCartney
Philippe Cornet
Philippe Cornet Journaliste musique

Après McCartney en 1970, et un II, solo sorti dix ans plus tard, paraît ce 18 décembre le tome III des aventures singles du plus célèbre des Paul. Son meilleur cavalier seul?

Les esprits pragmatiques noteront au moins une différence entre les deux premiers albums solos de Paul McCartney et le nouvel arrivant: Linda McCartney présente « aux harmonies vocales » sur les enregistrements précédents, n’est plus de la partie. Forcément, puisque la femme et alter ego intégral du Beatles, a été emportée par un cancer à l’âge de 56 ans en 1998.

Hormis cette précision logistique, le III est une toute autre affaire que ses deux prédécesseurs (voir notre article). L’essai inaugural rassemble plutôt à une collection de maquettes éventuellement performantes (Maybe I’m Amazed), et le suivant, à une curieuse affaire hétéroclite où McCartney s’essaie aux joujoux synthétiseurs, volontiers cheap.

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En comparaison, ce III semble d’emblée nettement plus dense que les deux virées chez Brico. Peut-être parce qu’en ces temps graves, les onze titres ont été bouclés durant le premier lockdown du printemps 2020 par Mc dans sa maison du Sussex. Quarante ans après le second tome, les possibilités techniques de studio comme les poly-capacités musicales de Paul, se sont forcément élargies, épanouies. Comme le spectre musical d’un album entamé par un folk-blues aux cordes pincées (Long Winter Tailed Bird) suivi d’un hymne tonique imprégné de rêveries rock’n’roll… et de guitares quasi-hawaïennes (Find My Way).

McCartney fait plus d’une fois rouler le sentiment régénérant des années 1950/1960 (Pretty Boys, Lavatory Lil), mais pas seulement. Dans Deep Deep Feeling, il se lance dans plus de huit minutes épiques, noyautées de blues viscéral et de choeurs -comme le reste, assumés seul- dans une structure zigzagante, peu linéaire, sophistiquée. Ce n’est pas le moins intéressant des aspects d’un disque aux couches élaborées qui pousse sans doute son géniteur dans des terrains d’exploration peu banals. Il faut entendre le heavy-gospel de Slidin, guitares quasi-hard et bataillons de nuages vocaux, ou le menu complet de Seize The Day, pour mesurer le travail accompli. Sans doute, le moment le plus étonnant de l’affaire -qui en compte quelques-uns- est la façon dont les cuivres/claviers, évidemment joués par Paul, déboulent dans Deep Down sur un irrésistible rythme appuyé.

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Le Mc dit ne pas avoir eu la finalité de créer un disque en travaillant ces chansons (…), mais beaucoup d’éléments disent ici le contraire. Trop de couches pour ne pas en faire un lit d’album. Et, last but not least, si la voix mccartneyienne n’a plus l’élasticité des sixties/seventies, il trouve dans ce III, un quota d’émotions drainé par les ressources du plaisir et de la créativité. Pas mal pour un Sir de 78 piges. Ou plutôt, 78 printemps.

McCartney III, distribué par Universal ****

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