Les 10 règles du jeu de guitare de Captain Beefheart

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Olivier Van Vaerenbergh
Olivier Van Vaerenbergh Journaliste livres & BD

To-do or not to-do list (3/8): quand des artistes alignent, pour résumer ou pour rire, les choses à faire et à ne pas faire dans leurs pratiques. Une série illustrée par Pochep.

1. Écoute les oiseaux.

2. Ta guitare n’est pas vraiment une guitare. C’est une baguette de sourcier.

3. Exerce-toi devant un buisson.

4. Marche avec le Diable.

5. Si tu te mets à penser, tu sors.

6. Ne pointe jamais ta guitare vers quelqu’un.

7. Prends toujours une « church key » avec toi.

8. N’essuie pas la sueur sur ton instrument.

9. Conserve ta guitare dans un endroit sombre.

10. Mets un capot sur ton moteur.

La légende n’a jamais vraiment été vérifiée mais elle est reprise dans le Rolling Stone’s Alt-Rock-O-Rama de 1996, vaste compilation des articles du magazine du même nom consacrés au rock alternatif. Un soir de concert de 1976, Don Van Vliet, alias Captain Beefheart, a balancé ses « Ten Commandments of Guitar Playing » au musicien et guitariste Moris Tepper, qui rejoignait pour la première fois ce soir-là son Magic Band de légende. Tepper nota religieusement ces dix commandements du guitariste de blues rock sans savoir si le dieu du genre l’éclairait de sa science ou le bizutait… Une question jamais tranchée donc.

Au milieu des sixties, Beefheart a révolutionné le rock alternatif avec une approche très free jazz de son blues rock et une ouverture au psychédélique qui allait durablement marquer tous les artistes indés, de Velvet Underground à Tom Waits en passant par The Clash. Enregistré en 1969, le Trout Mask Replica de Captain Beefheart & his Magic Band, produit avec son vieux pote Frank Zappa, reste une référence encore aujourd’hui.

Ces conseils, qui continuent de circuler, sont en réalité bourrés de double sens: si la plupart d’entre eux sont à prendre au pied de la lettre -ou avec un petit pétard-, certains sont plus subtils. Comme cette « church key », objet intraduisible tel quel. Le terme désigne, derrière son étymologie, une sorte de décapsuleur formé d’une petite plaque de métal plate qui permettait de percer les canettes. Elle servait aussi de bottleneck ou de capodastre aux guitaristes. Avec cet ustensile double emploi, le musicien de blues rock pouvait ainsi pincer grossièrement plusieurs cordes à la fois et picoler en même temps. De même, son « Walk with the devil« , quatrième commandement, est à prendre argotiquement -soit sniffer de la coke- et le point 10, « A hood for your engine« , peut se traduire par « Mets un chapeau ». Ce que le Captain a fait durant toute sa vie de rockeur, avant que Van Vliet ne se consacre définitivement à la sculpture jusqu’à sa mort en 2010.

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