La nouvelle vague du jazz belge, et 7 autres idées sorties pour le week-end

Laurent Hoebrechts
Laurent Hoebrechts Journaliste musique

Si le jazz a fêté cette année ses 100 ans, il a montré tout au long des ces derniers mois qu’il ne les faisait pas. En laissant de la place à la nouvelle génération, le jazz n’a peut-être pas révolutionné sa grammaire, mais bien enrichi son vocabulaire.

The New Wave of Belgian Jazz

Le 16/12, à l’Ancienne Belgique. www.abconcerts.be

TaxiWars
TaxiWars© DR

Si le jazz a fêté cette année ses 100 ans, il a montré tout au long des ces derniers mois qu’il ne les faisait pas. On l’a écrit régulièrement ici: en laissant de la place à la nouvelle génération, en se montrant capable d’absorber l’air du temps et les nouveaux courants musicaux, le jazz n’a peut-être pas révolutionné sa grammaire, mais bien enrichi son vocabulaire. Avec son cycle consacré au centenaire, l’Ancienne Belgique l’a parfaitement illustré. La salle bruxelloise continue de le faire dans la dernière ligne droite de 2017. Avec la bonne idée de prendre un biais noir-jaune-rouge, la Belgique n’ayant pas été la dernière à apporter sa touche à la grande entreprise de rénovation en cours.

Toute cette semaine, l’AB a ainsi déroulé le tapis rouge à des labels comme Rat Records, W.E.R.F. Records (ce jeudi 14) et Igloo Records (Antoine Pierre et Jean-Paul Estiévenart, ce vendredi 15). Avant d’accueillir Melanie De Biasio pour trois soirs (du 17 au 19, tous complets), il sera même question d’un mini-festival. Son seul intitulé donne le ton: The New Wave of Belgian Jazz! On pourra difficilement résumer cette nouvelle vague à un seul style. C’est même sa particularité: ne pas s’enfermer dans un carcan, mais pratiquer au contraire un éclectisme gourmand. C’est manifeste si l’on parcourt l’affiche du jour. De TaxiWars, le projet jazz que Tom Barman (dEUS) a monté avec le saxophoniste Robin Verheyen (et où l’on retrouve le précité Antoine Pierre à la batterie), aux saveurs éthiopiennes des Bruxellois de Black Flower. Du paquebot groovy seventies BRZZVLL aux envolées libres de De Beren Gieren, auteur d’un impressionnant Dug Out Skycrapers. Ou de The Mechanics, drôle d’oiseau inspiré de la liberté d’Ornette Coleman pour brasser large entre rock noisy, no wave et impros concassées (Eric Thielemans, ayant rameuté à ses côtés des francs-tireurs tels Rudy Trouvé ou Mauro Pawlowski), à AAN/EOP et ses excursions électroniques. Soit un bon résumé d’un certain jazz made in Belgium, plus que jamais libre dans sa tête.

Laurent Hoebrechts

Bruxelles ma belle, 7th anniversary party

Le 16/12 au Musée de la BD. www.bruxellesmabelle.net

Juliette Armanet
Juliette Armanet

Qui aurait pu imaginer? Après sept ans d’existence, Bruxelles ma belle est encore et toujours sur la balle. À l’heure où Internet épuise les concepts vidéo les uns après les autres, celui développé par Manou Millon continue d’enchaîner les épisodes sur le Web. L’explication? Sans doute les recettes les plus simples restent-elles les meilleures. Dans la foulée de la Blogothèque, en France, Manou Millon a ainsi commencé à tourner de courtes sessions musicales, dès 2010. Avec comme décor Bruxelles, sillonnée d’est en ouest, du nord au sud, à travers des lieux souvent inédits.

Après un premier numéro tourné sur le toit d’une maison de Saint-Josse, avec le groupe Été 67, Bruxelles ma belle a rapidement convaincu et trouvé son rythme de croisière. Depuis, plus de 140 capsules ont été diffusées sur le Net. Du trublion électronique Jacques capté à l’Océade, à Vianney planté au sommet de la cathédrale Saints-Michel-et-Gudule, en passant par Alela Diane filmée à l’intérieur de l’église Saint-Jean-Baptiste au Béguinage. Récemment, c’est la révélation française Juliette Armanet qui a rejoint le générique, avec un piano-voix tourné au Musée Van Buuren.

Elle sera encore à l’affiche de la fête d’anniversaire que Bruxelles ma belle donnera ce samedi 16 décembre, au Musée de la Bande Dessinée. Angèle sera également de la partie d’une soirée limitée à quelque 350 personnes. Pour ceux qui n’ont pas de tickets, mais qui voudraient quand même être de la la fête, elle se prolongera du côté des Halles Saint-Géry…

L.H.

Joue contre joue

Jusqu’au 17/12 aux Halles de Schaerbeek à Bruxelles. www.halles.be

La nouvelle vague du jazz belge, et 7 autres idées sorties pour le week-end

La réputation de l’Esac, l’École supérieure des arts du cirque de Bruxelles qui vient de s’installer dans des bâtiments rénovés et agrandis du campus du Ceria, à Anderlecht, n’est plus à faire. Les chasseurs de têtes des plus grands cirques du monde ont les yeux rivés sur les artistes qui en sortent après trois ans de formation. Mais les étudiants n’attendent pas la fin de l’école pour briller sur la piste, et collaborent pendant leur cursus avec des troupes prestigieuses. Cet automne, c’est avec le Cheptel Aleïkoum (Le Repas, Les Princesses), collectif français issu d’une autre école de référence, le CNAC de Châlons-en-Champagne, que les troisièmes années se sont alliés. Le spectacle né de leur union provisoire, Joue contre joue, décline les relations qui se tissent dans un groupe de circassiens: « Engagement, insolence, provocation, confiance, plaisir, douleur, affection, tendresse, érotisme. » Tout cela bien sûr -c’est de saison- dans un esprit de fête.

E.S.

Orient underground

Adamlar, le 15/12 au Sazz’n’Jazz, Bruxelles. www.sazznjazz.be

Maii and Zeid, le 16/12 dans le cadre de Let’s Art Lebanon à l’espace Senghor, Bruxelles. www.senghor.be/lets-art-lebanon

Maii and Zeid
Maii and Zeid

Eski dostum tankla gelmis / Mon vieux pote est arrivé en tank est le titre d’un superbe premier album (2014). Torché à la beuh? C’est ce qu’on se demandait avec un ami, fumeur de joints, fan du groupe de rock alternatif turc Adamlar (traduisez, en ironie, Les Hommes). Ils sont cinq: guitares (basse, acoustique, électrique), piano, clarinette, davul (immense tambour à deux faces) et une voix qui enfile des histoires tragi-comiques, parfois hallucinées, en « jolies » ballades rock-existentielles. Adamlar passe à Berlin et à Bruxelles au Sazz’N Jazz (près du Bota), un bar culturel, indépendant et « fauché » où jouent de bons groupes de la scène alternative made in Turquie. Autre rendez-vous « Orient underground » avec le duo Maii and Zeid. Maii Waleed est une chanteuse égyptienne, Zeid Hamdan, un musicien-producteur de la scène alternative libanaise. Ici dans une collaboration électro-pop, trip-hop, avec des influences anglo-saxonnes et culture arabe. Ainsi, si on ne va pas chercher, dénicher certaines perles « out of mainstream » de la culture occidentale, elles ne viendront pas à nous. Profitez du tuyau.

N.A.

Thomas Mazzarella et Mon Colonel & Spit

Jusqu’au 7/01 au BPS22, 22 Boulevard Solvay, à 6000 Charleroi. www.bps22.be

La nouvelle vague du jazz belge, et 7 autres idées sorties pour le week-end
© THOMAS MAZZARELLA, SANS TITRE, 2010, COLLECTION BLERVACQ-SLESZYNSKA, MIAMI, FLORIDE (USA)

Chaudement recommandée en ces pages, l’exposition Riding Modern Art de Raphaël Zarka noue un lien audacieux entre le skate et la sculpture moderne. Pas encore été sur place? Pas bien. Il ne faudrait pas traîner vu que, dès le 8 janvier, les modules et les photographies appropriationnistes du plasticien français mettront les voiles. Besoin d’un petit stimulant? Depuis la mi-novembre, la programmation en question est augmentée d’une « Extra View » bicéphale. But de la manoeuvre? « Enrichir le regard porté sur l’art. » L’intention est d’autant plus louable qu’elle fait place d’un côté aux toiles de Thomas Mazzarella et de l’autre à une installation-work in progress signée par le duo Mon Colonel & Spit dont l’actualité 2017 aura été bien chargée. Avec Que Será, Mazzarella poursuit un travail initié il y a plusieurs années. Après un début dans le graffiti, l’artiste s’est intéressé à la peinture à l’acrylique qu’il a déployée sur des supports récupérés dans la rue (bois, aggloméré, carton…). Désormais, c’est la peinture à l’huile qui constitue son ordinaire ainsi que le sujet de la présente exposition. Elle lui sert à décliner des scènes du quotidien aux contours doux-amers. Le style est naïf et les couleurs éclatantes de certains de ses aplats ne sont pas sans évoquer David Hockney. Le tout pour une peinture biberonnée aux jeux vidéo, aux séries américaines et à la montée en puissance d’Internet dans nos vies. Comme à l’habitude, la paire Mon Colonel & Spit s’est employée, quant à elle, à soigner le modus operandi de son intervention. Pour ce faire, Eric Bassler et Thomas Stiernon se sont aménagé une cabane en carton au coeur du musée. Depuis cet éphémère habitat dans lequel ils ont passé plusieurs nuits, ils signent à quatre mains dessins, écrits et céramiques inspirés, comme toujours chez eux, de leur quotidien le plus direct. Le tout pour un mélange de formes et de mots tout à fait détonant.

M.V.

Are You Series?

Du 14 au 19/12 à Bozar, Bruxelles. www.bozar.be

The Same Sky
The Same Sky

Les femmes sont au coeur de la programmation de la cinquième édition du festival Are You Series? qui a lieu à Bozar jusqu’au 19 décembre. Tout commence avec, en ouverture, la première de la mini-série allemande The Same Sky, polar romantico-politique de Paula Milne. Le festival se distingue par quelques événements, comme l’avant-première de la série Paris etc. de Zabou Breitman, la projection de la série millésimée 1994 de Lars Von Trier The Kingdom, la première de la nouvelle saison de The Bridge (en présence des acteurs Sofia Helin et Thure Lindhardt) et le coup de projo sur la série jeunesse Lucas etc., de la RTBF. Au rayon découvertes, les séries inédites The Simple Heist et Lâcher prise déclinent les conditions féminines au moment de la retraite ou en plein burn-out, Salamander 2 touche à la problématique des réfugiés politiques en Belgique, tandis que Guerrilla éclaire la lutte Black Power dans le Londres des seventies. Are You Series?, c’est aussi l’occasion de voir ou revoir deux des plus formidables séries de l’année, The Deuce de David Simon et, surtout, The Handmaid’s Tale, de Bruce Miller, projetée en clôture du festival. Si les projections sont gratuites, les rencontres professionnelles sont payantes, mais nombreuses, du pitching de projet aux workshops, débats et tables rondes, notamment celle, cruciale, sur l’état des lieux des séries et leurs perspectives en Belgique et en Europe (18/12, lire notre interview de Tim Raats). Enfin, aura lieu le premier Web Fest bruxellois, festival dédié aux séries web, dans le cadre duquel Iris Brey animera une table ronde autour de la thématique des séries digitales au féminin avec Sophie Berque (RTBF Webcréation), Sophie Sallin (la websérie documentaire sexo suisse Teen Spirits), Caroline Taillet (La Théorie du Y, RTBF) et Alice Vial (Loulou, Arte).

N.B.

Brik: les villes discrètes

Jusqu’au 17/12 au cinéma Nova, Bruxelles. www.nova-cinema.org

La nouvelle vague du jazz belge, et 7 autres idées sorties pour le week-end

En octobre dernier, l’exposition Brik (lire notre article) se penchait au Brass sur les villes discrètes, ces villes peu visitées et racontées. Ce week-end, elle s’associe au cinéma Nova pour un festival de cinéma documentaire sur la même thématique des villes discrètes. Charleroi, Liège, Baltimore, Detroit et Milton Keynes sont notamment au programme, tandis que l’exposition sur la ville allemande de Wuppertal sera visible dans le bar du cinéma.

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