La Colonie de Vacances: le supergroupe quadriphonique sort enfin un premier album

La noisy Colonie de vacances au grand complet. © Jérome Blin
Julien Broquet
Julien Broquet Journaliste musique et télé

Après avoir réinventé le concert de rock, La Colonie de vacances animée par les reliquats d’Electric Electric, Pneu, Marvin et Papier Tigre, sort enfin son premier album. Rencontre.

À droite, le guitariste Arthur de La Grandière de Papier Tigre. À gauche, le batteur Vincent Redel, ex-Electric Electric. Les deux hommes sont en résidence avec le reste de la troupe. La connexion internet foire un peu, à tel point qu’on ne sait pas vraiment qui s’exprime. Un peu comme lors des concerts de leur Colonie de vacances finalement. Le collectif français et supergroupe bruitiste orchestre depuis une dizaine d’années en quadriphonie la rencontre d’Electric Electric, Marvin, Papier Tigre et Pneu. « On se croisait régulièrement en concert et une amitié est née, résument-ils d’une voix. On a monté une tournée ensemble. Le format encore classique. On jouait simplement les uns après les autres. Mais on a eu l’idée de partager des interactions. De s’inviter sur nos morceaux respectifs. Un beau jour, on s’est retrouvé à un festival en plein air à Tours. Les quatre scènes étaient disposées aux quatre coins de la cour du château. Une espèce de juke box géant. » « Ce qui a un peu précipité les faits, ajoute Vincent, c’est que l’après-midi, pendant les balances, on s’est mis, pour la blague, à jouer des trucs des autres. »

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Pendant les concerts de La Colonie de vacances, notamment vue à Dour et passée par l’Atelier 210, les quatre groupes jouent en même temps aux quatre coins de la salle, de la prairie ou de la tente. Le public est au milieu. Submergé par le magma sonore, il se promène sans toujours trop savoir où donner de la tête. Les spectateurs se font face (plutôt Covid friendly), se sourient, se parlent même parfois. La Colonie de vacances redéfinit les règles du live. « On n’en a pas pris conscience dès le début, avoue Arthur. Plutôt chemin faisant, avec les retours du public. Là, on a compris que ça changeait vraiment l’expérience. Le fait de pouvoir se déplacer, que les gens bougent, que les regards se croisent. Il y avait une dimension sociale qu’on ne trouvait peut-être plus dans les concerts traditionnels, disons unidirectionnels, avec le groupe d’un côté et les spectateurs de l’autre. On a vraiment capté au fur et à mesure. Pour nous, c’était à la base l’aspect ludique: s’amuser, prendre la musique que chaque groupe avait écrite comme une matière de base et inventer de nouvelles choses. »

Qu’est-ce qui rassemble Pneu, Marvin, Papier Tigre et Electric Electric? « Une bonne partie des musiciens investis dans La Colo sont autodidactes, explique Vincent. Il y a un socle commun hérité du punk et de sa manière de faire. Au-delà des esthétiques de chaque groupe, on partage un esprit Do It Yourself. Par exemple, Pierrot, le batteur de Papier Tigre, a fait jouer Electric Electric dont je faisais partie à l’époque. On se connaissait comme ça, de scène, de circuit. Ça fait aussi partie de l’histoire et des affinités. »

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Si au début, organiser un concert de La Colo relevait du challenge technique, ce n’est plus vraiment le cas aujourd’hui. « On a beaucoup bossé avec nos ingénieurs du son et ça s’est vraiment simplifié, remarque Arthur. Ce n’est plus vraiment un défi. On ne va pas dire que c’est simple, mais c’est rodé. Pour résumer, on a quatre scènes. Tout passe dans la même table de mixage et c’est renvoyé ensuite. Au casque, on a chacun le retour des autres. On peut demander ce qu’on veut. Malgré la distance, une fois que c’est réglé correctement, c’est assez confortable. Ce qui sort, ce qui est diffusé, c’est ce qui correspond à chaque scène. C’est à l’intérieur du carré que le son se mélange. »

« Garder une trace »

En septembre 2017, La Colonie de vacances avait sorti Les 26 Sauces de Maître Saucier. Une collaboration avec le sorcier de Deerhoof Greg Saunier. « On avait aussi pensé à Brian Eno« , sourit Vincent. « Et une compositrice comme Anna Meredith pourrait nous faire un truc super« , ponctue Arthur. « À l’époque on tournait avec le même set depuis quelques années. On trouvait intéressant que quelqu’un écrive pour le dispositif. D’inviter un compositeur qu’on apprécie à créer une pièce pour onze personne. Mais même si Greg avait pensé à l’esthétique de nos groupes, ça reflétait vraiment sa personnalité à lui. On l’a donc très peu interprété quand il n’était pas là. C’était trop loin de notre univers. »

Après n’avoir existé pendant pas mal d’années que par la scène, La Colonie de vacances sort enfin le 28 janvier son premier album: Echt. « J’imagine qu’on était l’un des rares groupes au monde qui tournait depuis dix ans et qui n’avait pas encore de disque, commente Vincent. Donc à un moment, tu as cette espèce de déclic. Il y a des morceaux que tu entends sur un disque. Ne serait-ce que pour garder une trace, aussi minimaliste soit-elle. C’est important pour la démarche. Même si les concerts restent évidemment notre gagne-pain. »

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Ce que cet album a en commun avec le live? Un son massif. Une quantité assez importante d’instruments. Il reflète un peu la musique que les gens entendraient s’ils étaient tout juste au milieu des quatre scènes pendant un de leurs concerts. « Au final, je le vois comme un autre objet, remarque Arthur. En écoutant le disque, tu ne peux pas réellement dire que tu as vécu l’expérience. Et quand tu as vécu l’expérience en live, tu as encore des choses à découvrir sur le disque. J’ai l’impression que c’est un album assez hétérogène qui représente les différentes facettes du projet. Une facette assez dense et sonique. Mais aussi des choses plus atmosphériques et mélodiques. »

On aurait aimé savoir ce que chaque groupe amène à la Colo mais la question s’est vidée de son sens avec le temps. Deux membres sont partis, trois sont arrivés. « Les groupes de base se sont effacés et on considère davantage le projet comme un collectif. Electric Electric n’existe plus. Marvin non plus. Papier Tigre est en stand-by… Ces groupes ne sont plus la priorité. Du coup, on s’est mélangé. On se répartit différemment sur les scènes pour la nouvelle création. On a tout remanié. Ça rend le truc assez frais. »

Echt, distribué par Vicious Circle. ***(*)

En concert le 25/02 à l’Aéronef (Lille).

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