ROCK | Écrit lors de voyages au Kosovo, en Afghanistan et à Washington DC, The Hope Six Demolition Project a été enregistré en public derrière une vitre sans tain…
Elle aurait pu comme l’ont fait tant d’autres une fois le succès trouvé, jusqu’à la caricature d’ailleurs parfois, user des mêmes ficelles toute sa carrière durant. C’est à nouveau avec un projet foncièrement singulier que nous revient à 46 ans la fascinante et passionnante Polly Jean Harvey. Après White Chalk, disque beau et doux composé au piano, et Let England Shake, concept album consacré sans s’énerver aux guerres et à ceux qui les mènent, la Marie-Madeleine de Hal Hartley (The Book of Life) s’est enfermée en janvier 2015 et pendant un mois avec son équipe pour The Hope Six Demolition Project dans un studio aménagé à la Somerset House, impressionnant bâtiment néoclassique et centre culturel londonien installé sur la rive nord de la Tamise. Quinze livres la visite de 45 minutes… PJ et les siens s’y exposaient derrière une vitre sans tain. Et, dans une volonté de transparence absolue, levaient ainsi le voile sur le mystère enveloppant le processus d’enregistrement. Laissant à voir et entendre les flux qui y circulent et les énergies qui s’en dégagent. Présentée comme une sculpture sonore multi-dimensionnelle, Recording in progress est donc aujourd’hui un disque. Son titre, The Hope Six Demolition Project, fait référence à un programme de rénovation urbaine aux Etats-Unis (Hope VI) ayant pour objectif de raser une grande quantité de logements sociaux afin d’y reconstruire une offre d’habitat plus diversifiée mais obligeant finalement les plus pauvres à déménager. Menant à une politique que certains ont qualifiée de nettoyage social.
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Harvey a écrit les chansons de ce neuvième opus en même temps que les textes de son livre de poésie, The Hollow of the Hand, paru l’an dernier. Soit lors de ses voyages au Kosovo, en Afghanistan et à Washington DC avec le photographe et réalisateur irlandais Seamus Murphy. Polly Jean lui avait demandé de prendre des clichés et de tourner des films pour toutes les chansons de son dernier album Let England Shake (2011). Elle a finalement trouvé avec son nouvel ami l’occasion de humer l’air, de fouler le sol et de rencontrer la population de pays qui la fascinaient. De se confronter à la réalité comme on ne peut le faire terré chez soi. Réunir des informations émanant de sources secondaires lui semblant, disait-elle alors, trop éloigné de ce qu’elle essayait de raconter.
Brutalité du monde
Ceux qui espéraient un retour à la PJ sèche et rêche d’antan peuvent ranger leurs espoirs au placard. Solides orchestrations, instruments acoustiques, clarinettes, saxophones… Aux premières écoutes (un fichier audio ne nous est parvenu que quelques heures avant de boucler ces lignes), The Hope Six Demolition Project s’inscrit musicalement dans la lignée de son prédécesseur, comme lui enregistré avec l’aide de Flood et de John Parish.
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Si elle ne se focalise plus sur un seul sujet (en l’occurrence la guerre), l’Anglaise, conteuse de terrain, y dépeint la brutalité et les atrocités du monde. « I took a plane to foreign land and said I’d write down what I’d find« , chante-t-elle sur The Orange Monkey comme pour clarifier sa démarche. Jadis elle partageait des duos avec Thom Yorke (This Mess We’re In), aujourd’hui, queen Harvey invite le reggaeman et poète dub Linton Kwesi Johnson à venir donner de la voix (The Ministry of Defence). Un disque qui convainc plus par son concept et son fond qu’il ne subjugue par sa forme.
DISTRIBUÉ PAR UNIVERSAL.
LE 02/07 À ROCK WERCHTER.
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