De Carl Craig à Jeff Mills, les ponts entre électro et musique classique

Jeff Mills © BELGA/JONAS ROOSENS

Le musicien américain Carl Craig dévoile petit à petit son projet Versus qui nous rappelle que la frontière entre musique classique et électro est plus poreuse qu’elle n’en a l’air.

Le 5 mai prochain, Carl Craig et le pianiste luxembourgeois Francesco Tristano (qui était récemment au festival Listen!) dévoileront l’album Versus, le fruit d’une collaboration débutée il y a maintenant près de 10 ans lors d’un concert donné à la Cité de la Musique à Paris en 2008. Ce jour-là, le producteur de Detroit avait été rejoint sur scène par l’orchestre Les Siècles dirigé par François-Xavier Roth, le musicien berlinois Moritz von Oswald et donc Francesco Tristano qui avait adapté différents morceaux de Carl Craig. Planet E, le label de ce dernier, s’est alors associé à Infiné, la maison du pianiste luxembourgeois, pour sortir une version retravaillée de cette expérience. Ils viendront d’ailleurs défendre ce projet pendant le festival de Dour.

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Le concept est loin d’être nouveau, mais il semble attirer de plus en plus de monde et Francesco Tristano parait être un des hommes les plus à même de briser les frontières entre les styles. Que ce soit lors de ses passages dans les célèbres Boiler Room, d’habitude réservées au DJs, ou au travers de ses collaborations avec les pontes de la musique électronique que sont Carl Craig ou encore Derrick May, avec qui il a partagé quelques scènes et morceaux.

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Il faut croire que la ville de Detroit a engendré de nombreux artistes désireux de mélanger les genres puisqu’un troisième larron, en la personne de Jeff Mills, rêve aussi de conduire le public techno attiré par son nom vers d’autres styles comme la musique classique. C’est sans doute lui qui a poussé le plus loin la rencontre entre ces deux mondes que tout semble opposer, et ce, à diverses reprises. Après avoir expérimenté aux quatre coins du globe, il est invité par le Musée du Louvre à organiser quatre duos éphémères et pour son premier soir, il avait créé une oeuvre avec le pianiste français Mikhaïl Rudy.

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Dans un registre plus déstructuré que les rythmiques propres à la house et à la techno, le London Sinfonietta, un orchestre de chambre spécialisé dans a musique classique contemporaine, s’est attaqué à des compositions d’Aphex Twin et de Squarepusher, deux membres du label anglais Warp.

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Dans le sens inverse, le producteur de musique William Orbit a sorti deux albums intitulés Pieces in a Modern Style, le premier en 2000 et le second en 2010, de relectures électroniques de compositions de Erik Satie, Vivaldi, Beethoven ou même le Lac des cygnes de Tchaikovsky. En 2009, la chef d’orchestre française Laurence Equilbey, qui s’était rebaptisée Iko pour l’occasion, avait réuni des artistes comme Murcof, Para One ou encore Marc Collin du groupe Nouvelle Vague pour reprendre du Bach ou du Schubert.

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Si tout ceci pourrait donner des cheveux blancs à l’ancienne génération qui refuse qu’on touche aux monstres sacrés de la musique classique, ces initiatives auront au moins permis à certains jeunes de s’aventurer dans un répertoire dont ils n’auraient sûrement jamais découvert la richesse si une de leurs idoles ne se l’était pas approprié.

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