Bozar Electro, Nuits Sonores, Born Bad et autres sorties incontournables ce week-end

William Basinski © Danilo Pellegrinelli
Michel Verlinden
Michel Verlinden Journaliste

Mais aussi le Détours Festival, ManiFiesta, le Festival Mondial des Théâtres de Marionnettes, I pini di Roma et le retour de la Focus Night.

Nuits sonores

Du 14 au 17/09 à Bruxelles. www.nuits-sonores.be

Du 14 au 17 septembre, le festival des Nuits sonores se déroulera en plusieurs temps. Et en plusieurs lieux. Rapide passage en revue des forces en présence…

Le circuit: Après l’inauguration prévue au Bozar Electronic, les Nuits sonores démarreront par un circuit dans plusieurs lieux dispersés dans la ville: du Brass (à Forest) en passant par le Bonnefooi, le Fuse, la galerie Horta et l’Ancienne Belgique.

Palais 10: Pour leur première édition bruxelloise, on ne peut pas dire que les Nuits sonores ont dégoté des lieux très exotiques. Sur le plateau du Heysel, le festival a tout de même réussi à recevoir les clés, non pas du Palais 12, mais bien du Palais 10. C’est là, dans ce grand hall d’exposition, que sera déroulé, les 15 et 16 septembre, le gros du line-up et les noms les plus prestigieux de l’affiche. Dont notamment Modeselektor, Rone, The Hacker ou encore l’incontournable Laurent Garnier.

European Lab: Débats autour de l’Europe, de la place et du rôle de la culture, carte blanche à Radio Panik, hackathon pour réfléchir à la revitalisation du plateau du Heysel… Les Nuits vont phosphorer, entre le musée du design ADAM, à l’Atomium, et le cinéma Galeries, au centre.

Les Extras!: Comme à Lyon, les Nuits sonores ont prévu quelques bonus, à côté de la programmation « officielle ». Où il sera question, par exemple, d’apéro à LaVallée, à Molenbeek, de disco hammam, d’un grand thé dansant aux Brigittines, ou encore d’une « after », le dimanche, au Belga, place Flagey. (L.H.)

Bozar Electronic Arts Festival

Du 14 au 30/09 à Bozar, Bruxelles. www.bozar.be

En 2002, le compositeur américain d’avant-garde William Basinski publiait le premier volet de ses Disintegration Loops, probablement l’une des séries les plus emblématiques de l’ambient music. L’histoire est connue: en voulant numériser des boucles enregistrées sur de vieilles cassettes audio, Basinski a constaté que le son se détériorait un peu plus à chaque passage. Il décidera alors d’enregistrer le processus de détérioration de la bande jusqu’à son extinction finale. Il achèvera son travail au matin du 11 septembre 2001. Le lendemain, il réécoutera le résultat et réalisera, en regardant les images de l’écroulement du WTC, à quel point il colle aux événements, parabole de l’effondrement d’un monde. À cet égard, The Disintegration Loops reste encore aujourd’hui l’un des échos musicaux les plus troublants aux attentats du 11 septembre.

Quinze ans plus tard, c’est une autre sorte d’hommage que suggèrent les bourdons (drones) de Basinski. Sorti en début d’année, A Shadow In Time s’appuie à nouveau sur des boucles analogiques de Basinski, cette fois « machouillées par le chat de son colocataire ». Une semaine après la présentation de ce nouveau travail, David Bowie disparaissait à New York. Et inspirait à Basinski les 20 minutes en apesanteur de For David Robert Jones.

C’est cette musique hypnotisante que Basinski viendra proposer lors du prochain Bozar Electronic Arts Festival. Il sera assurément l’un des moments forts d’un événement qui ne devrait à nouveau pas en manquer. Du 14 au 30 septembre, le festival bruxellois propose en effet un menu aussi copieux qu’alléchant. Sont ainsi encore attendus, entre deux conférences et installations sonores, des concerts de Ben Frost, du toujours épatant Pantha du Prince, ou encore du célèbre musicien minimaliste Johann Johannson.

À noter que le BEAF sera inauguré lors d’une soirée commune avec le lancement de la première édition des Nuits sonores. Preuve s’il en fallait que l’automne bruxellois sera électronique (on pense encore à la seconde édition du Brussels Electronic Marathon le week-end du 13-14-15 octobre), ou ne sera pas… (L.H.)

10 ans de Born Bad Records

Le 15/09 à l’Atelier 210 avec Forever Pavot, Marietta et Le Villejuif Underground. www.atelier210.be

Le 16/09 au Magasin 4 avec Frustration, Magnetix, J.C. Satàn, Usé, Cannibale. www.magasin4.be

De Frustration à Forever Pavot, de J.C. Satàn à La Femme en passant par les Magnetix, Cheveu et les rééditions de Francis Bebey, le label Born Bad a changé en une dizaine d’années l’image du rock français. Il fêtera cet anniversaire ce week-end en deux étapes bruxelloises, à l’Atelier 210 et au Magasin 4, avec une affiche pop d’un côté, rock de l’autre. .

>> Notre interview de Jean-Baptiste Guillot.

Détours Festival

Du 14 au 17/09 à Bruxelles. www.detoursfestival.be

Le hip-hop, partout, tout le temps. Après l’exposition Yo! au Bozar, sur l’histoire du mouvement à Bruxelles, le hip-hop continuera d’agiter l’agenda musical de ces prochaines semaines. Et pas seulement dans les salles de concert. Du 14 au 17 septembre, c’est Détours, le « festival en arts urbains » qui viendra mettre son grain de sel. Collant à l’éclectisme des différentes disciplines du hip-hop, il sera question de « créations en danse urbaine, musique, performances et street art ». Au rayon des concerts, par exemple, la Maison des cultures de Saint-Gilles proposera, entre autres, un open mic, suivi d’une affiche en trois temps (le duo Him & I, le groupe Fou Detective, ainsi que les zozos du 77). Lors du dimanche sans voiture, la galerie Ravenstein, lieu historique du hip-hop bruxellois s’il en est, accueillera de son côté la battle de danse internationale Abstrkt, avant d’enchaîner avec l’afterparty de l’expo Yo!. (L.H.)

ManiFiesta

Les 16 et 17/09, à Bredene. www.manifiesta.be

Il y a des airs de Fête de l’Huma dans ManiFiesta. Normal: organisé ce week-end à la Côte, à Bredene (juste à côté d’Ostende), le festival est l’émanation de Solidair (l’organe de presse du PTB) et de Médecine pour le Peuple. Cette « fête de la solidarité » ne fera donc pas l’économie de débats-conférences (au casting de gauche plutôt relevé, avec entre autres Jacques Tardi, Fatou Diome, Tom Lanoye), mais sans oublier de proposer une affiche musicale disons bigarrée (Idir, le rappeur Médine, mais aussi Hooverphonic…). (L.H.)

Marionnettes internationales

Du 16 au 24/9 à Charleville-Mézières. www.festival-marionnette.com

Du 16 au 24 septembre des marionnettes des quatre coins du monde se réunissent à… Charleville-Mézières, au Festival Mondial des Théâtres de Marionnettes (19e édition!). L’occasion de découvrir le renouveau contemporain de cet art très ancien, avec la chorégraphie OSCYL, un duo entre sept danseurs et sept « présences dansantes » inspirées des sculptures de Hans Arp. La programmation fait le grand écart. On découvrira: du guignol dans Les Maîtres du monde; de la marionnette à taille humaine pour Chambre noire; une « hallucination sauvage autour du lit de mort » de Valerie Solanas, féministe américaine radicale; du théâtre de papier en immenses figurines pour Un secret de rue, ou le destin croisé de deux fillettes iraniennes; L’Institut Benjamenta de Robert Walser et sa dizaine marionnettes. Côté Belges: Agnès Limbos/Cie Gare Centrale (invitée d’honneur du festival), la Cie Karyatides, le Théâtre des 4 Mains, le Tof Théâtre (en OFF festival). (N.A.)

I pini di Roma

Roel Jacobs, Le Salon d’Art, 81 rue de l’Hôtel des Monnaies, à 1060 Bruxelles. Jusqu’au 21/10. www.lesalondart.be

Elle subsiste encore cette lumière de l’été qui va tant nous manquer. Roel Jacobs l’a enfermée dans la série de pins romains qu’il donne à voir au Salon d’Art. Dès que l’on pousse la porte de ce lieu double, on est frappé par l’onction balsamique qu’offrent arbres et ciels. I pini di Roma… On pense forcément à Ottorino Respighi. À l’instar du compositeur italien, Roel Jacobs restitue l’atmosphère de la Ville éternelle à travers ce qu’il voit comme des « monuments montés en graine ». Il le fait au fil de prises de vue à la rigueur conceptuelle: images frontales, absence -à une exception près- de tout être humain, homogénéité des tirages et identification scientifique –Pinus Pinea, Juglans Nigra, Ostrya Carpinifolia… Ce n’est pourtant plus « l’arbre » en général que l’on contemple mais « un arbre », un individu précis pris à un moment de ce désir d’élévation dont on sait qu’il constitue l’essence même du genre. À tel point que pour maintenir ce cap, contre vents et marées, un arbre n’hésite pas à faire des tentatives désespérées. (M.V.)

Focus Night: Citizen Kane

Le jeudi 14 septembre à 19h à la Cinematek, Bruxelles. www.cinematek.be

Nouvelle saison pour les Focus Night, le rendez-vous mensuel des lecteurs de Focus à la Cinematek. Après la ville, au coeur des « Urban Stories » qui composaient le programme 2016/2017, les premiers films sont cette fois à l’honneur d’une sélection intitulée « Banc d’essai ». L’occasion d’apprécier les débuts de Naomi Kawase (Suzaku) ou de Sam Raimi (Evil Dead); de Jacques Rozier comme de Lars von Trier (The Element of Crime), parmi d’autres.

À tout seigneur, tout honneur, c’est à Orson Welles qu’il revient d’ouvrir ce cycle de projections mensuelles avec l’incontournable Citizen Kane (1941), premier film mythique dont on a pu dire qu’il constituait « le sésame du cinéma moderne ». Homme de théâtre (il avait notamment fondé le Mercury Theatre) et de radio, Welles devait, il est vrai, révolutionner le 7e art à la faveur de son passage derrière la caméra. La RKO lui ayant laissé les coudées franches, le réalisateur (par ailleurs co-auteur du scénario avec Herman Mankiewicz, mais encore producteur et acteur) signait un film-enquête vertigineux, Citizen Kanevoyant un journaliste retracer, à l’aide de témoignages de proches, la vie de Charles Foster Kane, magnat de la presse mégalomane décédé dans son palais de Xanadu sur un énigmatique « Rosebud ». Le mogul solitaire avait été inspiré par William Randolph Hearst qui tenta d’interdire la sortie du film. En pure perte cependant, et Citizen Kane, à défaut du succès escompté, devait faire sensation par son audace tant narrative -Welles y brisait la chronologie du récit- que formelle. À 26 ans à peine, le réalisateur signait là un chef-d’oeuvre absolu, un film gigogne magnifié par la photographie de Gregg Toland et la partition de Bernard Herrmann, non sans imposer sa troupe d’acteurs, au premier rang desquels Joseph Cotten, Agnes Moorehead et Everett Sloane. « Le cinéma ne devait jamais s’en remettre », écrira Jean Tulard dans son dictionnaire, et 75 ans plus tard, Citizen Kane produit toujours le même effet, continuant d’ailleurs de figurer bien haut dans les classements des meilleurs films de l’Histoire.

La séance sera introduite par un critique de Focus et se prolongera autour d’un drink.

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