Critique | Musique

American Dream, le retour triomphal de LCD Soundsystem

James Murphy (LCD Soundsystem) © DR
Laurent Hoebrechts
Laurent Hoebrechts Journaliste musique

ROCK | Après avoir mis son groupe au placard, James Murphy relance LCD Soundsystem avec un quatrième album sombre et tendu pour un retour triomphal.

Comme le dit le poète urbain français Antoine Valentinelli: « J’ai déjà menti, oui, mais le jour où j’ai dit que j’étais honnête, j’étais honnête. » Il y a sept ans, à la sortie de This Is Happening, James Murphy avançait que le troisième album de LCD Soundsystem était aussi son dernier. Un an plus tard, il confirmait en remplissant le Madison Square Garden pour un ultime concert. En pleine gloire, le groupe new-yorkais se sabordait, préférant « brûler de toutes ses flammes plutôt que de se consumer lentement ». Rarement avait-on assisté à une sortie de scène plus flamboyante.

Seulement voilà: il y a un peu plus d’un an, LCD Soundsystem refaisait déjà surface. D’abord sous la forme d’un single (Christmas Will Break Your Heart), puis d’une tournée des festivals (le Pukkelpop en Belgique), avant de sortir aujourd’hui un nouvel album. Certains ont du mal à l’avaler. LCD Soundsystem aurait trahi ses fans, renié sa parole, mis sa disparition en scène. Tout ça pour l’argent C’est peut-être moins machiavélique que ça. Un jour, James Murphy s’est retrouvé à discuter avec David Bowie, évoquant les morceaux qu’il avait commencé à écrire de son côté. Et son incapacité, donc son embarras, à les imaginer sans LCD Soundsystem. « Si c’est inconfortable, c’est justement pour cela qu’il faut le faire », avait répondu Bowie…

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Voici donc American Dream, titre casse-gueule, pochette quelconque, et un premier single qui ne disait rien qui vaille (Call The Police). Tout ça pour dire à quel point le scepticisme restait de mise, Bowie ou pas Bowie… Et pourtant, dès la première écoute, le 4e album de LCD Soundsystem accroche l’oreille et mobilise. Non pas que les New-Yorkais ont révolutionné leur esthétique: il s’agit toujours ici de tourner autour des mêmes obsessions dance-punk-new wave -Suicide, Talking Heads, The Cure, The B-52’s, etc. Mais jamais LCD Soundsystem n’a sonné si plombé, tendu. Il se fait même poignant, hanté par des questions comme la mort, la perte, la disparition (de l’amour, de l’amitié, de la jeunesse, ou de ses idoles). Certes, l’époque n’est franchement pas à lancer des farandoles –« Well, there’s a full-blown rebellion but you’re easy to confuse by triggered kids and fakers and some questionable views », chante Murphy sur Call The Police. Mais au-delà de l’agitation politique, c’est plus encore les états d’âme personnels qui sont ici creusés: une relation foirée (Oh Baby), une amitié laminée (How Do You Sleep) ou un hommage au maître Bowie, « between a friend and a father » (Black Screen). Avec American Dream, LCD Soundsystem prouve encore que, même en n’appartenant plus au zeitgeist -comme il a pu le faire dans les années 2000-, sa voix continue de dire des choses pertinentes, capables de sublimer le marasme actuel. Et de capturer des sentiments universels.

Quand on l’avait rencontré en 2010, Murphy justifiait alors la fin de LCD Soundsystem en expliquant qu’« il n’y avait pas beaucoup de groupes qui avaient réussi à pondre quatre bons albums ». C’est justement pour cela que le défi était intéressant à tenter. Il est brillamment relevé.

LCD Soundsystem, American Dream, distribué par DFA/Sony. ****

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